Ces agences qui aident les gens à disparaître sans laisser de traces<!-- --> | Atlantico.fr
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©KAZUHIRO NOGI / AFP

Nouvelle vie

Partout dans le monde, des personnes décident de disparaître sans laisser de traces. Ils quittent leur maison, leur travail et leur famille pour commencer une seconde vie. Au Japon, il existe des entreprises qui peuvent aider ceux qui cherchent à tout quitter.

Dominique  Lavorel

Dominique Lavorel

Dominique Lavorel est vice-président de MANU association, l'Aide aux Familles Victimes d'une Disparition. 

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Atlantico.fr : Au Japon, chaque année de nombreuses personnes décident d’abandonner leur familles, entourage et travail pour disparaître. Comment des entreprises ont-elles pris la tendance pour aider celles-ci à prendre une nouvelle vie ? 

Dominique Lavorel : Au Japon, chaque année de nombreuses personnes décident d’abandonner leur familles, entourage et travail pour disparaître. Comment des entreprises ont-elles pris la tendance pour aider celles-ci à prendre une nouvelle vie ? 

Il y a un phénomène culturel japonais à ce propos. L’endettement, la faillite et l’échec sont des tabous sociaux qui conduisent certaines personnes à vouloir disparaître de cette façon. La disparition est liée à des problèmes sociaux et non pas à un mal-être comme en France. Si des officines s’engouffrent dans cette brèche, cela n’est pas étonnant. 

Ces entreprises leur créent une nouvelle identité de toute pièce. Se refaire une identité n’est pas une chose aussi compliquée que cela, même dans une société aussi tracée, connectée que celle du Japon. L’expérience de la recherche de Tiphaine Véron montre les limites du fédéralisme. Le pays est un état qui fonctionne comme les États-Unis, ce qui se passe dans l’État d’Osaka est différente que ce qu’il se passe à Tokyo ou Hokkaido. Ces frontières ne sont pas poreuses. 

Sur les derniers chiffres donnés par le gouvernement japonais, les disparitions dites volontaires sont de l’ordre de 100 000 pour une population de 125 millions d’habitants. Forcément, cela ouvre la porte à des entreprises. 

Existe-t-il de telles entreprises en France ?

En France, aucune organisation n’est structurée de la même manière. Pourtant, il existe des individus qui aident certaines personnes à partir en cavale ou des réseaux d’intelligence économique pouvant donner une nouvelle identité à une personne.  Malgré tout, après dix années d’expériences dans le sujet, je n’ai constaté aucun cas de disparus qui a été aidé. 

Les disparitions volontaires sont-elles importantes en France ? 

D’après les dernières statistiques du ministère de l’Intérieur publiées le 31 décembre 2018, il y a eu 50 000 disparitions dans lesquels il y en a 10 000 non-élucidés dont 800 à 1000 individus mineurs. Dans ces enlèvemens parentaux, il y en a énormément avec le Japon car le parent qui n’est pas japonais n’a aucun droit sur l’enfant dans le pays. 

Les disparitions sont en augmentation constante tous les ans. Les statistiques de 2015 faisaient état de 40 000 disparus. La loi Valls a modifié la recherche en soulageant le travail de la police. Avant on employait beaucoup de fonctionnaires pour des résultats nuls et qui faisaient le travail des associations. Les fonctionnaires diffusaient des avis de recherche si d’aventure l’un des recherché était arrêté, il faisait le lien avec l’avis de recherche. La personne avait le droit de donner des nouvelles ou pas à sa famille. 

Qu’est ce qui motive à tout abandonner pour commencer une nouvelle vie ? 

Il y a une partie non négligeable de personnes fragiles psychologiquement voire davantage. Je suis convaincue qu’une partie est partie mettre fin à ses jours dans une partie que l’on n’a pas trouvé. Pour les retrouver correctement il faudrait que l’empreinte dentaire se substitue à l’empreinte ADN. L’ADN n’a d’intérêt que si la personne est établie dans le fichier alors que nous nous sommes aperçu que que l’empreinte dentaire tous les dentistes l’avaient. 

Les personnes qui repartent pour refaire leurs vies existent mais elles ne sont pas nombreuses. En France, ce n’est pas à la portée du premier venu, c’est complexe car nous sommes dans une société où « tout se sait, tout se voit ». Certaines fuites finissent dans la rue les amenant à des situations de SDF. En dix ans de recherche, j’en ai vu seulement un qui a refait sa vie. 

En France, contrairement au Japon, les situations de sur-endettements sont prises en charge par l’État et cela empêche de nourrir le terreau de la fuite pour cette cause. 

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