Ces 6 mystères des océans que les scientifiques n’arrivent pas encore à percer<!-- --> | Atlantico.fr
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Un biologiste marin se prépare à relâcher un requin bambou élevé en captivité. Thaïlande, 25 novembre 2021
Un biologiste marin se prépare à relâcher un requin bambou élevé en captivité. Thaïlande, 25 novembre 2021
©LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP

Monde inconnu

Nos océans sont encore relativement mal connus et regorgent de nombreux mystères que les scientifiques n'arrivent pas à élucider

François Sarano

François Sarano

François Sarano est docteur en océanographie, plongeur professionnel, chef d'expédition pendant treize ans à bord de la Calypso, directeur de recherche du programme Deep Ocean Odyssey et cofondateur de l'association Longitude 181. Il est l'auteur de nombreux livres sur les cachalots et les océans.

Son dernier livre, "Au nom des requins" (Actes Sud), évoque la disparition de certains espèces de requins encore mal connues.

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Atlantico : Que sait-on actuellement des fonds marins ? Pourquoi n’avons cartographié qu’environ 20% du sol marin ? 

François Sarano : Nous ne connaissons presque rien de l’océan. L’océan est volumineux, plus de 360 millions de kilomètres carrés pour 3800 m de profondeur moyenne. Nous n’avons pas les outils pour l’explorer. D’autant que les fosses les plus profondes s’enfoncent jusqu’à 11000m de profondeur. On connait encore moins bien la dynamique des courants marins et l’incroyable hétérogénéité des masses d’eau qui constituent l’océan. 

Quelle connaissance avons-nous de la faune et de la flore des profondeurs ? 

Nous n’avons pas non plus les moyens de connaître la faune océanique : trop d’espèces, trop inaccessibles. La complexité du monde planctonique à elle seule est inimaginable. Les organismes planctoniques les plus nombreux sont invisibles sans microscope, il y a des nanoplanctons (entre 0,2 -et 20 microns) et plus petit encore : des virio planctons (entre 0,02 et 0,2 micron). Ces organismes jouent un rôle prépondérant dans la vie de notre planète, beaucoup plus que les grands animaux (requins, baleines, etc.) qui accaparent notre attention. 

Par ailleurs, on a décrit environ 250000 espèces marines. Mais décrire n’est pas connaître. Connaître, c’est comprendre les comportements et liens qui unissent les espèces entre elles. Nous n’avons qu’une connaissance élémentaire des espèces que nous avons le plus étudiées. Et puis il y a des millions d’espèces que l’on n’a jamais observées. Chaque expédition est l’occasion d’en découvrir de nouvelles, même dans la zone qui nous est le plus accessible en surface. Sans doute, nous ne connaîtrons jamais la diversité qui se cache dans les abysses. 

On parle de plusieurs zones selon la profondeur, plus la zone est profonde plus nos informations sont rares ? 

Il y a d’abord la zone de surface, la zone éclairée, aussi appelée zone photique. Ce sont les 200 premiers mètres où se concentrent les végétaux et la plus grande diversité de la faune que nous connaissons. C’est probablement la zone la plus riche, mais nous n’en sommes pas certains. Entre 200 et 1000m c’est la zone crépusculaire, jusqu’au noir absolu et l’absence de lumière. On y trouve une abondance colossale d’organismes marins. Pour explorer au-delà de 1000 m de profondeur, c’est beaucoup plus compliqué, car la pression est telle (100 fois la pression atmosphérique) qu’il faut une technologie avec des joints à l’huile, beaucoup plus couteuse. Cinq sous-marins et quelques robots peuvent descendre à ces profondeurs. Mais il y a une grande différence entre descendre et explorer ! Et une fois dans la zone abyssale, nous ne savons rien. 

Est-ce qu’on peut aller au-delà du sol marin ? 

C’est encore plus difficile que d’explorer Mars. Ce qu’on sait, c’est que dans le sol marin, comme dans le sol terrestre, il y a de la vie. Dans les années 1960, le projet Mohole souhaite percer le plancher océanique. Il a été abandonné faute de moyen. Ils rêvaient d’aller jusqu’à la discontinuité dite de Mohorovičić mais ça n’a pas abouti. 

La zone bathypélagique compte nombre d’animaux bioluminescents, comment expliquer qu’il y a autant d’animaux bioluminescents ?

Il y a des animaux bioluminescents dans tout l’océan, à toutes les profondeurs. En surface on trouve les pyrosomes ou les noctiluques par exemple. Ce n’est pas une spécificité des grands fonds. Les espèces sont soit luminescentes par elles-mêmes, soit grâce à de bactéries spécifiques. Certains animaux attirent leurs proies, d’autres rejettent des nuages de bactéries lumineuses pour détourner l’attention de leurs prédateurs et fuir, d’autres séduisent un partenaire sexuel. 

On parle beaucoup du plastique dans l’océan mais les scientifiques expliquent ne pas forcément savoir où il se cache, comment est-ce possible ? 

Le plastique, c’est à la fois le macroplastique – les sacs par exemple – mais aussi des microplastiques, à l’échelle du plancton, qui sont ingérés par les microorganismes. Donc ces plastiques occupent toute la colonne d’eau. On trouve du plastique même dans la fosse des Kermadec, alors même qu’elle est très éloignée et très profonde. Le plastique se retrouve dans tous les organismes. Donc on ne sait pas où est le plastique, mais on sait aussi, en même temps, où il est : Partout. Nous empoisonnons l’océan, avant même de le connaitre !

Le dernier livre de François Sarano, "Au nom des requins" (Actes Sud), évoque la disparition de certains espèces de requins encore mal connues.

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