"Douillet, un maçon pas franc"<!-- --> | Atlantico.fr
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A-t-il voulu faire comme son mentor Xavier Bertrand ?
A-t-il voulu faire comme son mentor Xavier Bertrand ?
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Gentil David Douillet

Bien connu pour son parrainage de l’Opération Pièces Jaunes, le champion de judo est aussi membre de la Grande Loge nationale française (GLNF). Auteur de "Ce si gentil David Douillet", Arnaud Ramsay, rédacteur en chef à France Soir, chargé des sports, apporte son éclairage.

Arnaud Ramsay

Arnaud Ramsay

Arnaud Ramsay est ancien rédacteur en chef à France Soir, chargé des sports. Passé également par France Football, Le Journal du Dimanche et M6, il est journaliste indépendant. Auteur des biographies de Bixente Lizarazu, Nicolas Anelka ou David Douillet, il vient de publier celle de Mourad Boudjellal " Ma mauvaise réputation" aux éditions La Martinière ainsi que « Ligue 1 : 80 ans de football professionnel » (Solar), avec Paul Dietschy.

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Champion de judo (double médaillé d’or olympique, quatre fois posé sur le sommet des Mondiaux), David Douillet, 42 ans, est encore ceinture jaune en politique. Le député UMP des Yvelines, élu en 2009 et trop vite auto promu Ministre des Sports, considère Xavier Bertrand comme son mentor dans sa nouvelle vie. Est-ce pour faire plaisir au ministre du Travail qu’il a poussé le mimétisme jusqu’à devenir lui aussi franc-maçon ? Si Xavier Bertrand est membre du Grand Orient, une obédience plutôt de gauche, celui qui a longtemps été le parrain de l’Opération Pièces Jaunes penche à droite : il a intégré la Grande Loge nationale française (GLNF), réputée traditionaliste et conservatrice.

Se constituer un réseau

Sans préjuger de la sincérité de démarche de Douillet, son initiation en 1995 lui a servi à entrer en contact avec les personnalités influentes de secteurs qu’il visait. Il s’est ainsi constitué un réseau en dehors de son univers sportif, manière comme une autre de préparer sa reconversion. Intéressé par l’expérience de la franc-maçonnerie, il admet avoir vite déchanté. «La première année s’est déroulée sans problème, décrypte-t-il. Je ne dépassais pas du rang, c’était génial. Puis, lors de la seconde, les choses ont commencé à mal se passer. Le phénomène notoriété me revenait, là encore, comme un boomerang. J’étais sollicité parce que célèbre. Le vénérable de la loge était submergé de demandes, d’invitations et de sollicitations à cause de moi. » Et de jurer avoir tout stoppé en 1997. Mais Douillet n’en continue pas moins d’instruire des amis sur la démarche maçonnique et d’introduire leur candidature.

Le judo est probablement le sport dominant dans la maçonnerie, même si le tir à la carabine, le karaté et le rugby s’y défendent très bien aussi. Président de la Fédération française de judo, l’ancien champion du monde Jean-Luc Rougé ne fait pas vraiment mystère de son appartenance à la franc-maçonnerie. Ce sympathisant de gauche est à l’initiative, via la FFJ, de la création en octobre 2009 du Cercle des ceintures noires. L’ambition ? Promouvoir le judo, renforcer la notoriété de la Fédération et créer une entraide. En France, la famille du judo compte cent cinquante mille ceintures noires. Le Cercle vise surtout à construire un réseau d’influence, sollicitant des ceintures noires actives ou non au rayonnement le plus large possible, qu’elles soient députés, sénateurs, maires, chefs d’entreprise, chirurgiens, journalistes ou musiciens.

Optimiser sa reconversion

Ce club, dont la devise est « Entraide et prospérité mutuelle », vise à développer la notoriété de la FFJ, à accompagner les projets sociaux de la Fédération et à faciliter l’insertion des athlètes de haut niveau, ainsi qu’à créer un fonds de dotation destiné à favoriser la formation des jeunes judokas et à optimiser leur reconversion. Le 6 mai 2010, quelques semaines avant une conférence sur la cybercriminalité, organisée sous l’égide de Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, Jean-Luc Rougé et son club ont été reçus dans un salon de l’Assemblée nationale. La cérémonie devait se dérouler sous le haut patronage de Bernard Accoyer. Mais le président de l’hémicycle, souffrant, n’a pu être présent. Jacques Grosperrin, député du Doubs, Patrick Ollier, ancien président de l'Assemblée nationale et qui n'était pas encore Ministre chargé des Relations avec le Parlement, ainsi que Douillet étaient là, eux, pour entourer Jean-Luc Rougé. Lorsque l’on fait remarquer à ce dernier que son club s’apparente à une sorte de franc-maçonnerie, la réplique est trouvée : « On est contents d’être ensemble, de partager des choses, comme ce repas à Matignon, entourés de deux conseillers du Premier ministre François Fillon. Deux polytechniciens, mais aussi deux ceintures noires. » Douillet n'était pas convié. Mais son entrisme et son ambition se révèlent sans limite.

"Ce si gentil David Douillet", Éditions du Moment, 28 avril 2011

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