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Ce que pourrait changer les révélations sur le massacre de prisonniers politiques iraniens en 1988
©Reuters

Fantômes du passé

Un document audio rapporte des détails sur un massacre de prisonniers politiques qui s'est déroulé en 1988 en Iran. Ces révélations font couler beaucoup d'entre au sein de la République islamique.

Roohollah Shahsavar

Roohollah Shahsavar

Journaliste et bloggeur iranien. Il est fondateur de la plateforme Bloggardan.com, et cofondateur du site leslettrespersanes.fr. Il anime sur Rue89 le blog Regards persans.

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Atlantico : Un enregistrement audio de l'ayatollah Hossein-Ali Montazeri, ancien dauphin de Khomeini, a été rendu public ce mardi 9 août. Il y évoque le massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en 1988. Que nous apprend cet enregistrement sur ces événements et sur le régime de Khomeini ?

Roohollah Shahsavar : Malgré l’atrocité de la répression qui est incontestable, les chiffres publiés par les Mujahedines sont largement exagérés (30 000). D’ailleurs, les chiffres donnés par l’Ayatollah Montazeri évoquent l’exécution de 3 800 prisonniers. De même, le nombre d’assassinats réalisés par les Mujahedines a été amplifié par les autorités iraniennes qui évoquent fréquemment plus de 17 000 assassinats de civils.

L’enregistrement en soi n’apporte pas d’éléments supplémentaires puisque l’Ayatollah Montazeri avait évoqué les ressorts politiques de cette affaire dans ses mémoires publiées en l’an 2000. Cette affaire montre surtout que Montazeri accusait l’entourage de l’Ayatollah Khomeini de manipuler des informations afin d’avoir l’approbation de celui-ci pour exécuter des “traîtres”. En effet, les Mujahedines, basés en Irak, ont reçu le soutien entier de Saddam Hussein pour mener des opérations militaires contre l’Iran durant la guerre (1980-1988). D’après Montazeri, l’entourage de Khomeini a demandé à ce dernier son approbation afin d’éliminer des membres actifs des Mujahedines, mais leur objectif était surtout de se débarrasser de leurs adversaires politiques emprisonnés. 

Quelle est la réalité des prisons iraniennes à l'heure actuelle ?

D’après le chef de l’institution pénitentiaire, il y avait en 2013, 210 000 prisonniers en Iran. La plupart des peines réalisés sont liées à des affaires de stupéfiants (44%). On compte dans le reste des crimes, des délits ainsi qu’une minorité de prisonniers politiques dont les droits sont souvent bafoués.

Le document mentionné plus haut confirme-t-il la nécessité de faire juger les responsables du massacre de 1988, à savoir les principaux responsables du régime des mollahs, pour crime contre l’Humanité ? Dans quelle mesure cela est-il possible ?

Pour entamer des poursuites judiciaires, il faudrait des preuves concrètes dont pourrait se saisir un tribunal. Les informations concernant ces faits sont trop éparses, trop politisées, de la part de certaines victimes comme de la part du régime pour imaginer un procès. Pour pouvoir juger ces responsables, il faudrait également enquêter sur les actes terroristes effectués par une partie des activistes anti-régimes (notamment l’assassinat de milliers de civils, trop peu évoqué en occident), qui sont le véritable élément déclencheur de la répression de l’été 1988.

Quel impact ces enregistrements pourraient-ils avoir sur les relations diplomatiques du régime iranien ?

Ces enregistrements n’auront probablement aucun impact sur les relations diplomatiques de l’Iran dans la mesure où aucun élément nouveau ne peut être relevé. En revanche, cet enregistrement a pu alimenter les débats concernant l’injustice envers des prisonniers politiques dans les années 1980.

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