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Ce que les météorites découvertes en Antarctique nous apprennent sur les origines de la Terre
©Johan ORDONEZ / AFP

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L'Antarctique est un lieu intéressant pour la recherche de météorites. Que peut-on espérer des recherches qui sont menées dans ce domaine pour nos connaissances scientifiques ?

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico.fr : Pourquoi l'Antarctique est-il un lieu intéressant pour la recherche de météorites ?

Olivier Sanguy : En dépit des conditions très rudes de ce continent, l’Antarctique offre des «facilités» pour la recherche et la récolte de météorites. On cherche en effet des «petits cailloux», généralement sombres, et on comprend qu’on les repère mieux visuellement sur de la neige et de la glace ! Le climat garantit aussi une meilleure conservation par opposition à des météorites trouvées dans des déserts chauds où elles peuvent être altérées si on les trouve tardivement après leur arrivée. Un article du CNRS de 2017 explique que si les zones désertiques sont logiquement favorisées pour la recherche de météorites, l’Antarctique s’avère être la région la plus «productive». Ce texte précise que sur les 57 000 météorites répertoriées par les scientifiques, 34 000 viennent de l’Antarctique.

D'où proviennent la plupart de ces météorites ?

La plupart des météorites ont pour origine la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Et cela dans une proportion très large puisque l’institution américaine Smithsonian estime que 99% des météorites sont issues de cette ceinture. Le 1% restant provient de Mars et la Lune pour l’essentiel. Ce sont alors des impacts sur ces deux mondes qui éjectent des morceaux qui finissent par arriver sur Terre.

Que peut-on espérer de ces recherches pour nos connaissances scientifiques ?

Les météorites sont des témoins du passé lointain. La Terre est un monde géologiquement actif, ce qui signifie que sa tectonique des plaques et son volcanisme finissent par tout bouleverser. À cela s’ajoute l’érosion (vent, pluie). Du coup, les roches terrestres peuvent être des témoins très utiles du passé de notre planète, mais des témoins qui ont subi l’outrage du temps qui passe et qui efface une partie de la mémoire. Les météorites, même si elles ont connu une rentrée atmosphérique qui les altère, offrent l’occasion de remonter très loin dans le temps, jusqu’à la formation de notre Système solaire. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles on mène des missions de retour d’échantillons d’astéroïde. Au lieu de ramasser sur Terre ce qui tombe, on envoie une sonde prélever des échantillons directement sur un astéroïde. C’est qui a récemment été accompli par la mission japonaise Hayabusa2 qui ramené sur Terre en décembre dernier 5,4 grammes de l’astéroïde Ryugu. La mission américaine OSIRIS-REx a prélevé des échantillons d’un autre astéroïde, Bennu, en octobre 2020. Le retour de ces échantillons est prévu pour septembre 2023.

Trouve-t-on sur ces météorites des matériaux spécifiques qui seraient peu présents sur notre planète ?

On ne trouve pas des éléments inconnus comme on peut le lire dans certains romans de SF ou films. En revanche, on y déniche des compositions typiques des débuts du Système solaire pour certaines. Les météorites dites chondrites sont considérées comme les mieux conservées, ce qui signifie que la composition des chondres qu’elles contiennent (sortes de très petites billes généralement inférieures au millimètre) n’a pas changé depuis le début de leur formation voici 4,5 milliards d’années. En quelque sorte, elles ont «figé» ce qui constituait la nébuleuse à partir de laquelle notre étoile s’est formée. On y trouve des minéraux hydratés. La proportion de ces éléments est du coup l’équivalent d’un prélèvement de la nébuleuse protosolaire, ce qui permet de reconstituer le scénario de la formation du Soleil et de ses planètes. Les météorites sont intimement liées à la compréhension de l’origine de notre monde.

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