Ce qu’il faut savoir sur la mémoire musculaire pour rester en forme<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
L'activité physique exercée de manière progressive, régulière et éduquée va vous permettre d’acquérir un mouvement de plus en plus fin.
L'activité physique exercée de manière progressive, régulière et éduquée va vous permettre d’acquérir un mouvement de plus en plus fin.
©MIGUEL MEDINA / AFP

Enseignements

Il existe plusieurs types de mémoire musculaire.

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard est un médecin du sport français. 

Il a exercé à l'Institut national des sports de 1974 à 1979 et suivi en tant que médecin la plupart des grandes épreuves cyclistes, notamment le Tour de France à trois reprises de 1973 à 1975 où il était en charge des contrôles anti-dopage.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages de médecine du sport dont six sur le dopage sportif. Il est l'auteur du livre : Tour de France : tous dopé ? (Editions Hugo doc, 2011) ainsi que de "Dopage dans le football, la loi du silence", éd. Gawsewitch, 2010, "33 vainqueurs du Tour de France face au dopage", éd. Hugo-Sport, 2011, "Histoires extraordinaires des géants de la route", éd. Hugo-Sport, 2012, "Les Grandes Premières du Tour de France", éd. Hugo-Sport, 2013

 

Voir la bio »

Atlantico : Comment fonctionne la mémoire musculaire ? Et quels sont les principaux enseignements à connaître sur la mémoire musculaire pour rester en forme ?

Jean-Pierre de Mondenard : En testant les sportifs régulièrement au cours de l'année, des évolutions peuvent être constatées dans leur consommation maximale d'oxygène, ou VO2max, mais également dans leurs masses musculaires. Il y a plusieurs décennies, les cyclistes professionnels avaient pour habitude de s’arrêter généralement pendant un mois l'hiver. Après l’arrêt de leur activité pendant quatre semaines, ils perdaient 30 % de leur potentiel de VO2max. Beaucoup plus de temps que la période d’arrêt était nécessaire pour retrouver le niveau antérieur. En restant inactif pendant trois semaines, deux mois sont nécessiares pour retrouver l'état antérieur. Mais aujourd’hui, les cyclistes professionnels ne font plus une pause d'un mois pendant l'hiver. Les sportifs professionnels prennent des micro-vacances (des week-ends ou une semaine maximum). Les athlètes ne prennent plus trois à quatre semaines de pause d’affilé aujourd’hui. Compte tenu des données acquises par les tests effectués, des nouvelles pratiques sont adoptées par les sportifs de nos jours. Ils font des stages en altitude notamment, avec beaucoup d’exercices.  Les athlètes dorénavant s’arrêtent au maximum une semaine lors de la période de l’hiver.

Lorsque l’on débute une activité, il est généralement très long d’apprendre le mouvement adéquat. L’entraînement permet d’acquérir la bonne pratique et les bons gestes. Au bout de plusieurs mois et années, tout change. Le corps et les circuits neurologiques se sont adaptés. L'implication du cerveau s'est adaptée.

Pour les personnes qui pratiquent la course à pied ou pour les cyclistes, il est possible de s’entraîner tout en pensant à autre chose.

Il s’agit d’un système automatique qui est régulé par le système nerveux, au niveau des noyaux gris centraux et qui est impliqué dans le fonctionnement automatique.

Cette région s’adapte progressivement à votre mouvement au fil du temps. Si vous avez un coach qui vous apprend les bons gestes, cela sera bénéfique pour la suite. Il est en effet très difficile de changer les mauvaises habitudes.

L'activité physique exercée de manière progressive, régulière et éduquée va vous permettre d’acquérir un mouvement de plus en plus fin. Ce mouvement va être conservé et mémorisé plus facilement. Cela concerne la mémoire musculaire de type neurologique. Acquérir la technique du bon geste demande du temps.

Avec la mémoire musculaire physiologique, le fait de s'entraîner permet d’augmenter les cellules musculaires, augmente le transport de l'oxygène, la physiologie du muscle et donc le muscle devient de plus en plus performant.

Suite à une blessure, il faut beaucoup plus qu'un mois pour retrouver cet état antérieur. Lorsqu’il s’agit d’une blessure assez grave pour un sportif, notamment au plus haut niveau, il va falloir être opéré et suivre une rééducation. Un an est parfois nécessaire pour retrouver le plus haut niveau après une grave blessure.  

Le plus difficile à retrouver et à regagner n’est pas la mémoire musculaire de type neurologique mais il s’agit bien de la mémoire musculaire de type physiologique.

La mémoire neurologique permet d'améliorer l'efficacité du mouvement. Il est possible de le constater après l’arrêt de la pratique du vélo. Lorsque des personnes se remettent à faire du vélo après une longue période d’interruption, elles ne tombent pas. Ces personnes retrouvent facilement les bons gestes et les réflexes à avoir lors  de la pratique du vélo.

En revanche, la mémoire musculaire de type physiologique est plus compliquée à retrouver suivant la durée de l'arrêt de l’activité physique. Il est donc important de ne pas rester à l'écart du vélo au point d'oublier comment en faire. Plus vous restez à l'écart d'une activité, plus il faut de temps à votre cerveau pour s'y remettre et s’y adapter à nouveau. Les muscles sont aussi confrontés à cette situation.

Pour les sportifs, il est évident que l'entraînement est fondamental pour progresser.

Si vous prenez l’exemple de Zidane lorsqu’il tirait un coup franc, cela paraissait simple. Si vous vous mettez à la même distance que Zidane pour tirer votre coup franc, il y a pourtant 99 chances sur 100 pour que vous manquiez votre geste et que le but ne soit pas inscrit. Lorsque vous regardez le match à la télévision, vous voyez une image. Alors que le sportif, Zidane, intègre 20 positions du corps particulières pour que l'équilibre, la précision et la puissance soient parfaits.

Ce n’est pas en regardant à la télévision quelqu'un tirer un coup franc que vous allez devenir un champion du coup franc. Ce n’est pas en allant à un concert d’un pianiste que vous allez savoir jouer du piano. Il faut apprendre le geste via la mémoire neurologique. Pour le maintenir longtemps, cela va concerner la mémoire physiologique, la capacité à transporter l'oxygène, à transporter l'énergie au niveau musculaire. Ces deux éléments vont jouer chacun leur rôle et permettre l'efficacité du mouvement.

Est-il important de consulter son médecin avant de pratiquer une activité physique et de s’échauffer obligatoirement avant les exercices afin d’éviter les blessures musculaires ? Faut-il être accompagné d’un coach sportif afin d’éviter de courir avec une foulée inefficace ? Une mauvaise technique pourrait-elle augmenter le risque de blessures dues au surmenage ?

Il est toujours important d'avoir une appréciation d'un sachant sur votre corps. Tous les défauts du corps vont être potentialisés par l'activité physique plus ou moins intense. Plus elle est intense, plus ils vont se manifester. Par exemple, pour la course à pied, une blessure sur deux est due à une différence de longueur de jambes.

Si vous pratiquez une activité physique régulière, si vous faîtes 60 kilomètres par semaine de course à pied ou 200 kilomètres à vélo, les différences de membres inférieurs vont jouer.

Il est important de voir un médecin spécialisé dans la prescription du sport. Il va réaliser un examen de morphologie, un examen physiologique. Il va voir tous les éléments qu'il faut éventuellement corriger et adapter. Il vous donnera des conseils pratiques.

Il vous dira comment faire du sport si vous avez arrêté de pratiquer des activités physiques pendant plusieurs années. Il est donc important d’aller voir un médecin qui est capable de prescrire le sport. Malheureusement, ils ne sont pas nombreux.

Comprendre comment fonctionnent les deux types de mémoire musculaire peut-il nous aider à prendre un bon départ avant d’établir une nouvelle routine de remise en forme ou si nous en redémarrons une après une interruption ?

La répétition va avoir un rôle majeur dans le fait d'acquérir le bon mouvement. Afin de progresser, il faut s'entraîner. Pour atteindre les podiums olympiques, les athlètes sont à la limite de ce que peut supporter un corps, donc les sportifs risquent de se blesser. C'est pour cela qu'ils prennent des produits antalgiques pour continuer. Mais c'est une erreur. 

Le fait de s’entraîner et de faire des exercices va permettre d’adopter progressivement le bon geste et d’éviter les blessures. Cela permet d'améliorer la condition physique, donc l'aspect cardiovasculaire. Il faut donc agir sur les deux mémoires musculaires, la mémoire du geste et la mémoire de la condition physique.

L'activité physique est indispensable à la vie et permet de rester en bonne santé. Il est recommandé de faire des activités notamment d'endurance comme le vélo, la course à pied, la marche nordique. Il est possible de faire du football, du rugby mais dans ces activités, il y a plus de chances de se blesser que lorsque l’on pratique des sports individuels.

Le sport est une activité essentielle. Plus le corps est fort, plus il obéit. Plus il est faible, plus il commande. Si votre corps est faible, dès que vous faites quelque chose, vous allez être essoufflé, vous allez avoir mal et vous allez être fatigué. Mais si votre corps est dans de bonnes dispositions, vous allez être en mesure de faire beaucoup d’activités dans la journée.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !