Ce lien étonnant entre pollution de l’air et suicide<!-- --> | Atlantico.fr
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Une ville plongée dans un nuage de pollution.
Une ville plongée dans un nuage de pollution.
©Money SHARMA / AFP

Effets insoupçonnés

Selon une étude, lorsque les niveaux de particules en suspension dans l'air sont élevés, le risque de suicide semble augmenter sur une période de trois jours.

Olivier Blond

Olivier Blond

Olivier Blond est conseiller régional, délégué spécial à la santé environnementale et à la lutte contre la pollution de l'air et Président de Bruitparif.

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Atlantico : Chaque année, plus de 700 000 personnes se suicident dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Si les sociologues ont longtemps cherché à comprendre les facteurs du suicide il semblerait que la qualité de l’air joue un rôle déterminant. Pourriez-vous nous expliquer le lien entre la qualité de l’air et le suicide ?

Olivier Blond : Plusieurs publications de recherche indiquent clairement que l'augmentation de la pollution de l'air est associée à une augmentation du risque de suicide. Malheureusement, cette découverte n'est pas surprenante et elle s'ajoute aux nombreux problèmes de santé causés par la pollution atmosphérique, tels que les crises d'asthme et le cancer du poumon. En outre, la pollution affecte également le système nerveux, peut aggraver la maladie d'Alzheimer, réduire le quotient intellectuel et également influencer "l'humeur", ce qui peut conduire à la dépression. En aggravant la dépression, la pollution de l’air peut accroître le risque de suicide.

Une étude parue en 2019 suggère que lorsque les niveaux de particules en suspension dans l'air sont élevés, le risque de suicide semble augmenter sur une période de trois jours. Pouvez-vous nous expliquer ce lien surprenant ?

Les chercheurs n'ont pas fourni d'explication définitive à ce phénomène, mais ils ont émis des hypothèses. Ce qui est frappant, c'est la rapidité avec laquelle les pics de pollution de l'air semblent influencer les taux de suicide. En épidémiologie, on distingue généralement les effets à long terme des effets "aigus", c'est-à-dire les effets immédiats provoqués par des pics soudains et violents de pollution de l'air.

Les chercheurs suggèrent que la pollution atmosphérique peut provoquer une inflammation rapide à l'intérieur du cerveau, ce qui a divers impacts sur l'humeur et le risque suicidaire. Cependant, il est important de noter qu'il s'agit d'une corrélation, et non d'une causalité. On peut prendre l'exemple du "paradoxe du chocolat" : dans un pays donné, on observe que plus la consommation de chocolat est élevée, plus il y a de lauréats du prix Nobel. Bien entendu, cela n'a aucun sens en soi, car manger du chocolat ne rend pas plus intelligent. La consommation de chocolat est simplement un indicateur d'un niveau de vie élevé, notamment en milieu urbain. Ainsi, il ne faut pas confondre corrélation et causalité.

Dans quelle mesure ces nouvelles connaissances pourraient-elles contribuer à la prévention du suicide ?

Le suicide est un phénomène extrêmement complexe, résultant de multiples facteurs. Par exemple, le risque de suicide est nettement plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

Par conséquent, il est peu probable que notre compréhension de l'impact de la pollution de l'air puisse considérablement contribuer à la réduction des taux de suicide. Toutefois, il est impératif de réduire la pollution de l'air, responsable de près de 7 millions de décès par an dans le monde. Nous comprenons désormais clairement les effets de la pollution de l'air sur le cerveau, le QI, la santé mentale, la mortalité infantile, et bien d'autres aspects de notre vie. À mesure que la recherche progresse, il deviendra de plus en plus évident que la pollution de l'air perturbe tous les aspects de notre existence.

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