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Castro fête son anniversaire avec Maduro et Morales : ce que cela laisse présager des relations de Cuba avec les Etats-Unis
©Reuters

Happy birthday Mister President

Réouverture de l’ambassade étasunienne et réunion d’une délégation des pays de l’ALBA à la Havane. La fin de semaine était chargée de symbolismes.

Luis Alejandro Avila Gomez

Luis Alejandro Avila Gomez

Luis Alejandro Avila Gomez est responsable du programme Amériques de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, IPSE.

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Le sud agricole des États-Unis avide de nouvelles terres, ainsi que les commerçants et les armateurs de la Nouvelle Orléans en quête de ports, de marchés et de nouveaux produits montrent, dès le début du XIXème siècle, leur intérêt sur La Floride et sur Cuba. L’île était également vue par l’armée étasunienne comme un emplacement d’une grande importance navale car représentait une potentielle atteinte à la sécurité du sud des États-Unis, si l’on tient compte que par sa localisation géographique, Cuba domine l’entrée et la sortie à l’Atlantique depuis le Golfe du Mexique. En 1805, Jefferson exprima l’idée de l’éventuel rattachement de l’île et à partir de ce moment, la convoitise d’annexion et de contrôle de Cuba fut constamment fonction de la politique extérieure étasunienne.

Aujourd’hui, Cuba et les États-Unis décident de se rapprocher dans un cadre de dialogue politique or, la défiance demeure telle un cumule d’atavismes qui remontent à l’indépendance même du pays.

Un discours qui vise le changement de gouvernement à Cuba

Le vendredi 14 août dernier fût l’un des jours symboliques de la reprise de relations diplomatiques, achevées le 20 juillet dernier entre les deux pays. Dans le discours d’inauguration de l’ambassade étasunienne à La Havane, John Kerry a signifié que l’Etat américain est « convaincu que le mieux pour servir le peuple cubain serait une démocratie authentique, où les gens soient libres d’élire leurs leaders, d’exprimer leurs idées et de professer leur foi ». Si l’instauration de nouvelles ambassades, nécessaires pour avancer plus fluidement dans la tractation de dossiers complexes est dorénavant une réalité, il est tout aussi évident que les contradictions politiques demeurent.

L’administration Obama conséquente avec son discours, reste critique au sujet du respect des droits de l’homme à Cuba or, consciente des répercussions qui pourraient occasionner l’invitation des dissidents politiques à l’ambassade du Malécon, décide de privilégier un réunion privée dans la maison du chargé d’affaires, Jeffrey De Laurentis, tête de pont de l’ambassade étasunienne à La Havane. Un point d’inflexion a été atteint dans la politique extérieure étasunienne et des signes de reconnaissance à la souveraineté cubaine sont envoyés depuis Washington.

De l’autre côté du spectre politique Cuba reste tout aussi fidèle aux idéaux qui lui coûtent si chers à défendre. Après la période spéciale et dès le début du XXIème siècle, le modèle socialiste cubain s’entoure progressivement de gouvernements latino-américains qui prônent la défense des revendications cubaines à travers des positions politiques communes au sein des grandes organisations multilatérales. Fruit de ce processus de solidarité, plusieurs mécanismes de coopération furent crées, notamment l’ALBA-TCP dont l’objectif est l’intégration Latino-Américaine sous le principe de l'autodétermination des peuples, plaçant l'être humain au centre de la réflexion.

Dans ce contexte de restructuration de forces et parallèlement à l’annonce de normalisation des relations diplomatiques du 17 décembre 2014 entre Cuba et les États-Unis, Barack Obama signa, le 18 décembre 2014, la «  loi de défense de Droits de l'Homme et de la société civile du Venezuela » qui révoqua les visas et permit le blocage de tous les biens et actifs financiers des sanctionnés (fonctionnaires publiques vénézuéliens pour la plupart). Cette loi déboucha dans le décret exécutif du 9 mars qui déclara le Venezuela comme « […] une menace à la sécurité nationale et à la politique extérieure des États-Unis ». Pour les cubains, les effets d’une telle déclaration dans la relation entre deux pays aux potentialités si asymétriques, est du déjà vu et fut interprétée par La Havane comme une manœuvre politique qui vise à fragmenter la région latino-américaine via l’isolement du Venezuela.

La visite de Nicolas Maduro et d’Evo Morales à La Havane pour souffler avec Fidel sa 89ème bougie, la veille de l’arrivée de John Kerry sur le sol cubain, n’est certainement pas le produit du hasard, le message est tacite mais loin d’être négligeable. Le gouvernement vénézuélien, qui subit les effets du bas prix du cru couplé aux tentatives de déstabilisation internes et externes, traverse l’une des pires crises du dernier temps, et Cuba, un allié de premier ordre a été l’objet de spéculations au sujet de sa fidélité, particulièrement à travers la thèse qui ébauche un distancement de Caracas au profit de nouvelles alliances or, elle s’effondre sous un composant consistant de la politique extérieure cubaine : l’internationalisme.

La présence de Maduro et Morales à La Havane fut aussi l’opportunité d’avancer dans les résolutions de la IVème réunion du conseil politique de l’ALBA-TCP du lundi 10 août à Caracas, parmi lesquelles, la réalisation d’un sommet de chefs d’État à La Havane le dernier trimestre de cette année, pour traiter l’état des affaires régionales et pour concilier la stratégie de développement des processus d’intégration à l’heure de la mondialisation, où l’État devra concilier des ajustements pour s’adapter au nouveau rythme des échanges. C’est dans cette logique que déjà en 2011 lors du VIème congrès du parti communiste cubain, les cadres recentrèrent la réflexion idéologique vers des considérations économiques (tout en conservant une logique de guerre économique où prime la planification) qui prirent compte des tendances du marché.

La visite des présidents vénézuélien et bolivien pour l’anniversaire de Fidel et celle du secrétaire d’État John Kerry, pour la réouverture de l’ambassade étasunienne à La Havane le 13 et 14 août derniers respectivement, nous dessinent donc une fin de semaine scellée par deux moments forts représentatifs de la rivalité fondamentale entre deux systèmes socioéconomiques.

Pour conclure, il n’existe pas de référent de ce que serait une relation normale entre Cuba et les États-Unis, ce qui rend difficile de préfigurer un tel scénario or, les derniers mois montrent des avancements considérables et la tendance continuera à être positive tant que le respect du droit à l’autodétermination reste une garantie non seulement pour cuba, mais pour toute la région Latino-Américaine.

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