Cancer : belle avancée sur les traitements par protonthérapie<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Une clinique pratiquant la protonthérapie à Prague (République tchèque).
Une clinique pratiquant la protonthérapie à Prague (République tchèque).
©MICHAL CIZEK / AFP

Espoir

Des chercheurs de l’université Mayo Clinic dans le Minnesota, ont récemment déclaré avoir découvert une nouvelle technique de thérapie par protons permettant de mieux cibler les cellules cancéreuses.

Alain Toledano

Alain Toledano

Le Dr Alain Toledano est cancérologue radiothérapeute au centre de radiothérapie Hartmann, Spécialiste du cancer et des modalités thérapeutiques modernes et Directeur chaire Santé Intégrative, Conservatoire National Arts & Métiers

Voir la bio »

Atantico : Des chercheurs de l’université Mayo Clinic dans le Minnesota, ont récemment déclaré avoir découvert une nouvelle technique de protonthérapie permettant de mieux cibler les cellules cancéreuses. Cette annonce d’une avancée dans la thérapie par protons révolutionne-t-elle le traitement du cancer ?

Alain Toledano : Oui et non. Chaque avancée en cancérologie doit faire l’objet d’une publication car elle est porteuse d’espoirs et fait avancer la collectivité ; il faut porter l’espoir en cancérologie car la recherche progresse, on réussit à être de plus en plus efficace et de moins en moins toxique, avec des traitements de plus en plus intelligents. Maintenant il faut relativiser, expliquer et organiser de façon pédagogique la diffusion des connaissances. La radiothérapie est un des traitements majeurs du cancer, avec la chirurgie et les traitements médicamenteux que sont chimiothérapie, les thérapies ciblées et l’immunothérapie. En radiothérapie, on délivre des rayons X sur des cibles, pour les détruire, en essayant de cibler de manière très précise pour essayer de diminuer le risque de fragilité des tissus de voisinage. Il existe pour la radiothérapie un degré de précision qui est issu de la manière dont on délivre le traitement (orientation des faisceaux, précision de la machine), mais également des énergies de qualité différentes. Si classiquement on utilise des photons ou des électrons -qui sont d’une certaine qualité d’énergie-, on utilise parfois ce qu’on appelle des protons. L’énergie « proton » est alors intéressante, car lorsqu’on arrive à la manipuler et à en faire une énergie qui traite en radiothérapie, la propriété de cette énergie fait qu’on la dépose de façon très précise en irradiant moins les tissus autour ; l’environnement autour de la zone irradiée reçoit une dose de radiations moindre et on obtient une meilleure rentabilité thérapeutique grâce à la qualité de cette énergie du proton. Jusqu’ici, la manière de délivrer cette énergie des protons faisait qu’on pouvait moins bien les manipuler et ainsi multiplier les faisceaux, c'est-à-dire les portes d’entrée qui allaient porter les protons à leurs cibles.

À Lire Aussi

L’un des acteurs stars de Sauvés par le Gong meurt d’un cancer foudroyant 3 semaines après sa détection. Voilà ce qu’on sait sur ce type de maladie

Dans quelles circonstances utilise-t-on cette méthode ?

Le bénéfice de la protonthérapie a été reconnu dans certains domaines tels que pour les tumeurs cérébrales (moins mobiles) ou les tumeurs pédiatriques (pour ne pas fragiliser les tissus en croissance autour) et on essaie d’étendre la protonthérapie à d’autres indications.

Maintenant, lorsqu’on combine les bénéfices de la radiothérapie améliorée aux bénéfices de la biologie que l’on connaît de plus en plus, on obtient des synergies : la radiobiologie nous a permis de savoir que les tissus avaient besoin de se réparer et que lorsqu’on ne les répare pas, les cellules meurent ou s’affolent et deviennent cancéreuses. Il existe de nombreux mécanismes de réparation, que l’on connaît de plus en plus, dont ceux portés par des gènes ATM, BRCA-1, BRCA-2, que l’on commence à connaître. Ce sont des gènes de prédisposition au cancer, lorsqu’ils sont défaillants par exemple, puisque les cellules se réparent moins bien. Quand les cellules se réparent moins bien, on sait qu’elles sont également radiosensibles. Or, si on développe une radiothérapie de grande précision à l’encontre de ces cellules auxquelles on a pu, par des médicaments, induire cette radiosensibilité, de façon synergique, la précision en radiothérapie, liée à la précision des connaissances en biologie des tumeurs, donne encore une efficacité supérieure dans le traitement.

Est-ce que cette technologie est utilisée aujourd'hui ?

En France, il y a trois centres qui utilisent la protonthérapie, qui traitent beaucoup les tumeurs du crâne et les tumeurs pédiatriques : Paris-Saclay, Nice et Caen. Il y a un engouement car sur le plan physique c’est intéressant, mais il y a encore quelques limites : les faisceaux ne peuvent pas être aussi souples que les photons donc on ne peut pas avoir autant de faisceaux qu’on le voudrait. Cette étude n’est donc pas révolutionnaire mais c’est une innovation qui apporte quelque chose de très significatif.

On est en train de parler d’une petite partie de la radiothérapie qui porte l’espoir comme d’autres techniques. Les faisceaux de protons permettent d’améliorer le ciblage et de diminuer les risques de radiation des tissus du voisinage ; on montre qu’avec la bonne maîtrise du système de réparation des cellules et le bon ciblage en radiothérapie, on arrive à être plus efficace, et moins toxique.

Le Docteur Alain Toledano est directeur médical de l'Institut de radiothérapie Hartmann du Groupe Elsan

Propos recueillis par Vincent Pons

À Lire Aussi

Emmanuel Macron a dévoilé les contours du plan cancer et vise une "génération sans tabac" en 2030

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !