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Des manifestants à Toulouse en mars 2021.
Des manifestants à Toulouse en mars 2021.
©Frédéric Scheiber / Hans Lucas / AFP

Bonnes feuilles

Guy Mettan publie « La tyrannie du bien : dictionnaire de la pensée (in)correcte » aux éditions des Syrtes. Le Bien est partout. Il nous poursuit et nous traque sans pitié. Il légifère, confine, vaccine, condamne, bombarde, tue. D’empire, le Bien est devenu tyrannie. Extrait 1/2.

Guy Mettan

Guy Mettan

Guy Mettan, journaliste, dirige le Club suisse de la presse. Ancien directeur-rédacteur en chef de la Tribune de Genève, il exerce des fonctions politiques comme député et ancien président du Grand Conseil de Genève. Il a écrit plusieurs ouvrages sur la Suisse et la Genève internationale.

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En 1991 déjà, le regretté Philippe Muray avait sonné l’alarme dans un livre qui avait frappé les esprits. « L’Empire du Bien », annonçait-il, se répandait partout comme un cancer, rongeant la liberté de pensée, multipliant les bonnes causes et se déchaînant contre les mauvaises, lançant sa police des mœurs contre celles et ceux qui osaient sortir de la norme, imposant partout la fête et la félicité obligatoires. « L’Empire du Bien est en train d’étendre partout ses tentacules: l’emprise de la bien-pensance et de la fausse altérité ne cesse de grandir, la dictature du prêt-à-penser et la tyrannie de la bienveillance commencent à empoisonner nos vies » concluait-il. Sept ans plus tard, un brin désespéré, il constatait que « le Bien avait encore empiré ».

Que dirait aujourd’hui cet écrivain si lucide, hélas trop tôt disparu?

Il serait épouvanté. Épouvanté de constater que le Bien a encore proliféré, qu’il a tout envahi, jusqu’aux moindres replis de nos cerveaux, qu’il sature les neurones, bloque les synapses et obstrue les derniers canaux de pensée personnelle et indépendante. Qu’il a perverti nos réflexes de liberté au point de nous réduire à la condition de chiens de Pavlov à qui l’on aurait appris à baver d’aise devant une ignoble pâtée industrielle et à aboyer de dégoût devant de beaux os croquants.

En moins de trente ans, l’empire du Bien s’est mué en tyrannie. La fête est devenue cauchemar.

À la fin du xxe siècle, l’empire du Bien était encore dans les limbes. En gestation. Dans l’enfance. Puis le gros bébé joufflu et tyrannique est devenu un adolescent égoïste et teigneux, en quête perpétuelle d’attention, et enfin, un adulte dominateur et sûr de lui. Il a une police, une armée, des fonctionnaires, des économistes, des managers, des intérêts à promouvoir, des territoires à défendre et d’autres à conquérir. Le mouvement d’idées s’est matérialisé. Les injonctions abstraites se sont transformées en idéologie et en doctrine d’action.

Au tournant de l’an 2000, le Bien a accéléré la cadence. Il a progressé dans tous les domaines. Il est devenu monopolistique, mondial, global. Comme le varroa, le moustique asiatique ou la berce du Caucase, il a colonisé toutes les terres, émergées et immergées, terrestres et extraterrestres, sur lesquelles l’homme a eu le malheur de poser le pied. Au nom de la Liberté, de la Justice, de la Démocratie, des Droits de l’homme, de la Responsabilité de protéger, le Bien a envahi des pays qui ne demandaient rien et condamné à la misère et à la servitude des peuples qui avaient pour seul tort de douter.

Par la force et par la douceur, par la séduction ou par la contrainte, peu importent les moyens. Chez les uns, en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou en Libye, la vertu s’est imposée à coups de bombes et de drones tueurs. Chez les autres, elle a déversé des dollars par milliards et distribué des cadeaux inutiles par tonnes, avec cette fausse générosité qui fait les vrais obligés.

En toute bonne conscience puisque les dizaines de milliers de bénéficiaires des batailles du Bien ne peuvent pas témoigner des ravages qu’ils ont subis, eux qui ont été réduits à l’état de « dommages collatéraux », de miséreux croulant sous les sanctions économiques ou de tâcherons serviles pour le compte de leurs maîtres « démocrates ».

D’ailleurs, comment pourraient-ils prétendre à une quelconque reconnaissance de leurs malheurs puisque leur sacrifice a été imposé par des gouvernements par essence vertueux et respectueux de l’État de droit? L’inversion du sens des mots est devenue la règle des rapports entre les hommes et entre les peuples. Héros ou assassins, tout dépend de qui les emploie. Valeureux « combattants de la liberté » quand ils sont de notre côté. Terroristes et mercenaires sanguinaires quand ils sont dans le camp d’en face.

*

Mais le Bien n’est pas seulement destiné aux autres, aux peuples lointains. Ses bienfaits ne sauraient nous épargner. C’est aussi au nom du Bien qu’on viole nos âmes et nos cœurs de citoyens. Qu’on asservit nos esprits et nos corps. Le Bien ne se contente plus de peser, il oppresse. Il ne suggère plus, il courbe, muselle, subjugue. De l’aube au crépuscule, son magistère est devenu un phénomène continu, total, absolu, totalitaire.

Ce harcèlement permanent, qui se susurre à nos oreilles comme une lancinante musique de supermarché, se pare des habits de la souffrance innocente. Tous.x.tes tant que nous sommes, nous serions des victimes d’une oppression inique, celle du mâle blanc binaire, du colonisateur raciste, du carnivore pollueur.

Femmes au foyer, migrants fuyant « les dictatures », trans* non reconnus, minorités racisées, obèses en « situation de handicap », musulmans sujets à « l’islamophobie », vaccinés victimes de « l’égoïsme des antivax », clamez haut et fort l’étendue de vos souffrances. Désormais, ce sont elles qui vous définissent. Hurlez votre douleur et vous saurez qui vous êtes.

C’est sur ce mode que, depuis vingt ans, les croisades du Bien s’enchaînent à un rythme d’enfer: croisade contre la terreur islamiste en 2001, contre le mâle blanc machiste en 2007 et 2017 (vague #MeToo), contre le colonisateur raciste en 2013-2018 (mouvements Black Lives Matter et wokiste), contre les coronasceptiques et les non-vaccinés avec l’épidémie du sanitairement correct (2020-2022…?). Avec toujours davantage de servilité exigée de la masse des fidèles et d’intransigeance dans le combat contre les infidèles.

Qui aujourd’hui, en Occident, oserait s’opposer à la liberté, aux droits humains, à la santé, au développement, à la transition écologique? Ces absolus ne se discutent pas. Le Bien a l’avantage d’être non négociable et non mesurable. Il permet surtout d’escamoter la notion de bien commun et d’éviter tout débat démocratique à son sujet. Qui peut contester la quantité de Bien qu’une « intervention » humanitaire, une « réforme » du droit du travail, un programme d’amélioration de la « compétitivité », une campagne de vaccination obligatoire, une autoroute électrique « verte » promettent de réaliser?

À cette furieuse bienveillance, nous sommes tous appelés. Aucun peuple, aucun individu ne sauraient y échapper. Gare aux frondeurs, aux factieux, aux réfractaires, aux désobéissants. Les hérétiques seront aussitôt stigmatisés, vilipendés, traînés dans la boue et, pour les moins chanceux, déférés devant les tribunaux numériques en vue d’un châtiment qui ne peut qu’être exemplaire. Dix, cent, mille fois par jour, le Bien exige qu’on l’aime sur nos écrans. Après les guerres humanitaires et les vaccins salvateurs, nous serons sommés de liker les voitures électriques, l’énergie solaire, l’argent électronique et de disliker l’avion, les voyages, le chauffage au gaz, les climatosceptiques et les antivax.

La Bible nous avait pourtant mis en garde, elle qui attirait l’attention des hommes – et des femmes! – sur la puissance maléfique de certains mots. Il devient urgent de la relire à la lumière des derniers méfaits du Bien. La Genèse s’ouvre sur cette intuition vertigineuse: le Verbe s’est fait chair, dit-elle, suggérant que la parole peut à elle seule engendrer la réalité. Sans Verbe, pas de Création. Sans mots, pas de réalité, ou dans tous les cas, pas de réalité intelligible pour l’être humain.

Adam et Ève furent chassés du paradis terrestre parce qu’ils avaient dérobé le fruit défendu de l’arbre de la Connaissance ultime, celle du Bien et du Mal. Six mille ans plus tard, il s’avère que Dieu savait parfaitement ce qu’il faisait en leur interdisant de toucher à cet arbre maudit.

Pas à cause du Mal, que chaque être humain conscient peut appréhender au plus profond de lui-même. Mais à cause du Bien, qui permet de faire le mal en toute bonne conscience.

Mon Dieu, protégez-nous du Bien, tel est peut-être le vrai message de la Bible. Car le Bien réclame des sacrifices, plus encore que le Mal. Il exige sa part de sang. La condamnation, l’autodafé ne lui suffisent pas. Il lui faut détruire le pécheur, l’ostraciser, l’exclure des universités, le bannir de la société, le chasser des orchestres, l’exiler des places publiques. L’anéantir et l’éliminer.

L’obsession du Bien est devenue mortifère. La farce s’est transformée en tragédie. Le Bien est devenu punitif, disciplinaire, criminel. Fou. Il tue, pas seulement par le lynchage, les bombes et la famine, mais aussi par étouffement, étranglement, attrition, contrition, culpabilité. Sans cesse, il exige de se flageller, de s’excuser, de demander pardon, de faire amende honorable, de remplir ses devoirs de mémoire. Rideau sur la rigolade. Ce n’est plus « Bal tragique à Colombey: un mort », c’est « Drame tragique à PlanetWorld: huit milliards de souffrants offensés ».

Ne pas trier ses déchets, dégager du CO2 , refuser l’écriture inclusive et le point médian, rire au lieu de s’apitoyer, respirer sans masque, applaudir ses champions nationaux, douter de l’Union européenne, se méfier de l’innovation technologique, préférer les arbres au béton, boycotter Halloween et le Black Friday, affirmer sa liberté plutôt que sa servilité; faire remarquer que la Syrie et la Libye, bien qu’autoritaires, vivaient en paix avant qu’on ne les détruise, que les Droits de l’Homme sont plus français que les droits humains, qu’un aveugle n’est pas seulement un malvoyant, qu’un enfant blanc n’est pas un affreux raciste en puissance, que le libre marché est une imposture au service des plus riches, que la censure d’une opinion, même fausse, est une violation du droit, tout cela est devenu risqué, condamnable, impardonnable.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Qu’est-ce qui nous a embrumé le cerveau au point de nous laisser dépouiller de notre liberté d’être humain?

Platon, avant de devenir l’un des maîtres de la bien-pensance philosophique, eut une intuition de génie lorsqu’il proposa de répondre à cette question en inventant la métaphore des hommes prisonniers d’une caverne. Enchaînés dans l’obscurité, nous regardons les images projetées sur les télécrans de la technogrotte en croyant qu’elles sont la réalité alors qu’elles n’en sont que des reflets déformés. Nous sommes tellement intoxiqués par les discours que nous nous infligeons à nous-mêmes, que nous ne voyons plus nos propres œillères. Deux mille quatre cents ans de civilisation ne nous ont pas empêchés de retomber dans cette illusion.

Comment s’en libérer? Ce serait simple s’il suffisait de rompre les chaînes et de nous précipiter hors de cette prison pour que jaillisse la lumière de la vérité. Mais c’est impossible car nous avons perdu la clé des mots qui servent à exprimer librement notre pensée et à comprendre le réel tel qu’il est et non tel qu’il nous apparaît.

Si la guerre, c’est la paix, si l’esclavage, c’est la liberté, comme l’avait si bien pressenti Orwell, alors comment appeler et reconquérir la vraie paix et la vraie liberté? Dans son essai sur les logocraties populaires, Czeslaw Milosz a décrit de façon pénétrante les mécanismes de la « pensée captive », dont les rouages malaxent et laminent un faux qui n’est jamais tout à fait faux et un vrai qui n’est pas tout à fait vrai, dans une dialectique infernale. Car, dans ce système, ce n’est jamais la lutte entre le Vrai et le Faux qui est en jeu, mais le combat perdu d’avance entre l’Archi-Faux et le Demi-Vrai, et dont la synthèse débouche presque toujours sur une Contre-Vérité encore pire que le faux des origines.

Quand la rhétorique des Droits de l’Homme débouche sur le bombardement et la destruction des peuples que l’on prétend délivrer, quand le discours sur la démocratie n’apporte qu’un surcroît d’asservissement aux nations que l’on assure libérer, quand le libéralisme sert de prétexte à l’enrichissement des plus riches et de masque à l’appauvrissement culturel, à l’exode et à la précarisation des plus pauvres, c’est que les mots mentent.

Et quand la langue elle-même devient captive, il devient très difficile de se libérer de son emprise et de retrouver les voies de la liberté. La barbarie commence toujours par une altération du langage. Quand les mots sont empoisonnés, tout espoir de retrouver le fil de la vérité s’évanouit. Nous sommes condamnés à errer sans fin dans le labyrinthe obscur de nos lâchetés.

Chaque nouvelle crise vient renforcer cet enfermement. Économique, politique ou sanitaire, elle rallonge le parcours erratique des esclaves, charriant à chaque occasion des flots de rationalisations trompeuses, d’inventions lexicales bizarres, de narratifs détachés de toute réalité qui viennent aggraver la confusion générale.

Les dernières en date, la crise du coronavirus et le déferlement de la cancel culture, n’ont pas échappé à cette règle et ont vu les Trissotins de la médecine et de la science multiplier les injonctions contradictoires et autoritaires à un public sidéré, tandis que les universitaires s’adonnaient aux plaisirs masturbatoires des revendications de genre et que les dirigeants politiques, obsédés par le principe de précaution, prétendaient améliorer les choses en portant atteinte aux libertés.

*

La langue du Bien a un nom, la softlangue. Grâce à la magie de l’euphémisme, la softlangue lisse tout. Elle gomme les aspérités, efface les résistances, dissout les contestations, cache ou enjolive les réalités désagréables. Son vocabulaire regorge de formules creuses et de mots vides de sens, sans chaleur, et qu’on ressasse à l’infini comme des mantras: ouverture, laïcité, diversité, tolérance, respect, vivre-ensemble; transition, innovation, compétitivité, durabilité. Il y en a pour tous les goûts, les âges, les sexes, les races, les classes, les croyances et les incroyances.

Comme le suggérait Confucius, quand les temps sont confus, il faut commencer par rétablir les dénominations correctes. Sans mots justes, impossible de comprendre ce qui se passe, impossible de retrouver un langage et un sens commun, impossible de communiquer avec ses semblables.

Mais restons modeste. Contrairement au discours dominant, ce livre ne prétend pas dire le bien et le mal dans l’absolu. Il a juste pour ambition de mettre à nu l’extrême arrogance de l’empire du Bien, qui a fait du Capital son dieu unique et du pathos son ethos afin de mieux subjuguer les foules. Dévoiler les rouages opaques de la fabrique du faux, c’est tout ce qui compte. Libre à chacun, ensuite, de juger.

Car ce n’est que par soi-même, dans la solitude, et par un vigoureux et patient effort personnel que l’on trouvera sa vérité, et son propre bien.

Algorithme

Le mot, qui vient du mathématicien persan du ixe siècle AlKhwârizmî, et qui terrorisait les lettreux non matheux pendant leurs études secondaires est revenu à la mode depuis que les réseaux sociaux en ont fait le principal outil de leur domination numérique et de leur succès commercial. Les algorithmes servent à établir des profils psychologiques des utilisateurs d’Internet à partir de leurs données personnelles et de les inonder, à leur insu, de messages correspondants à leurs intérêts, le trafic ainsi généré servant ensuite à vendre des espaces publicitaires très lucratifs.

De vecteurs publicitaires, les algorithmes se sont rapidement transformés en vecteurs de propagande et en agents d’influence actifs – pour soutenir tel candidat à une élection ou tel agenda politique – ou passifs en éliminant au contraire les messages jugés dérangeants.

Cancel culture

Pratique héritée des campus américains (voir ci-dessus) consistant à faire table rase du passé en dénonçant publiquement les individus, groupes ou organisations responsables de comportements jugés racistes, sexistes ou attentatoires à la dignité des victimes de discrimination. Au début, la « culture de l’annulation » se contentait de réclamer la mort symbolique des agnostiques et des infidèles sur les réseaux sociaux. Mais le mouvement n’a pas tardé à s’emballer. Désormais, les nouveaux Gardiens de la Vraie Foi, comme les inquisiteurs et les gardes rouges d’hier, n’hésitent pas à recourir aux autodafés, à la destruction des statues et à la mise au pilori des incroyants. C’est ainsi que des statues de personnages historiques liés à l’esclavagisme ont été précipitées dans la mer (celle d’Edward Colston à Bristol), maculées (celle de David de Pury à Neuchâtel), que des noms ont été effacés des cartes (le Pic Agassiz) et que des intellectuels qui n’avaient rien à se reprocher ont été déprogrammés des universités ou des théâtres (Silviane Agacinski à Bordeaux ou Robert Lepage à Montréal).

Tout rapprochement avec des pratiques courantes pendant les années 1930 en Allemagne est naturellement vu comme sacrilège. Comme la guerre humanitaire, la censure menée au nom du Bien est par nature légitime.

Care

Pour la philosophe féministe américaine Carol Gilligan (Une si grande différence, Flammarion, 1986), la politique du care vise à définir « les conditions de prise en charge des personnes les plus vulnérables de la société, en fonction de critères de genre, de race et de classe ». Le care s’adresse à toutes les catégories sociétales supposées défavorisées: femmes, Noirs, migrants.x.es, et autres classes subalternes. Il rejette la vieille morale humaniste universaliste de la solidarité pour viser les individus dont la « différence » les expose à des souffrances particulières en raison de leur sexe, de leur race ou de leur classe sociale. Ce qui arrange bien les ultralibéraux qui voient là une excellente opportunité de liquider ce qui reste de l’État-Providence, du bénévolat associatif et des vieilles solidarités collectives.

Vivre-ensemble

 La vie en société impliquait des relations d’échange et de solidarité fortes entre les membres de la communauté. Aujourd’hui le vivre-ensemble, concept qui a la consistance du pudding, suffit largement

Woke

La vogue du wokisme consiste à satisfaire chacun selon son ressentiment. Cet anglicisme (de to wake, éveiller) désigne l’idéologie des représentants de la gauche sociétale, seuls habitants de cette planète qui s’estiment conscients des discriminations et des injustices. Né sur les campus américains, le vigilantisme a débarqué sur le continent européen en 2018 à la faveur des mouvements #MeToo et Black Lives Matter.

Ultrasensible à l’intersectionnalité, à la superposition des discriminations et à la convergence des luttes, le wokisme universitaire est particulièrement virulent à l’égard des mâles blancs, et parfois des femmes, qui ne respecteraient pas les codes de l’antiracisme et de l’antisexisme, semant la terreur dans les amphithéâtres, clouant au pilori les professeur.x.e.s trop tièdes et forçant les recteurs à installer des toilettes transgenres aux frais du contribuable.

Le wokisme a même donné naissance au woke capitalism, au capitalisme éveillé, qui veille à ce que les entreprises bannissent le mot blanc de leur vocabulaire pour éviter d’être associées à l’oppression patriarcale blanche hétérosexuelle.

Le mouvement nage pourtant en pleine incohérence, quand il propose la fluidité des genres et la déconstruction des sexes reçus à la naissance mais refuse d’en faire autant pour les races qui, elles, sont assignées une fois pour toutes. Un Blanc reste un Blanc et un raciste par essence, quoiqu’il dise et quoiqu’il fasse. Curieux comme un même donné génétique peut donner lieu à des interprétations différentes!

Extrait du livre de Guy Mettan, « La tyrannie du bien : dictionnaire de la pensée (in)correcte », publié aux éditions des Syrtes

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