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La République en Marche marque le pas avec ce premier revers
La République en Marche marque le pas avec ce premier revers
©Dimitar DILKOFF / AFP

Première déroute électorale

Emmanuel Macron a enregistré un premier revers hier lors des élections sénatoriales. Le jeune parti La République En Marche ne voit qu'une trentaine de sénateurs investis. La droite reste en position de force.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Les grands électeurs désignés par les conseils municipaux, départementaux et régionaux ont étaient appelés à élire 170 sénateurs, ceux des départements allant de l'Indre et Loire aux Pyrénées Orientales, ainsi que des départements de Paris et l'Ile de France, des départements d'Outre-Mer et les Français de l'Etranger. Reflet des municipales de 2014, ce scrutin a été marqué par une poussée de la droite et du Centre. Les groupe LR et UDI sortent  renforcés de la consultation. Le groupe socialiste perd des élus, mais n'enregistre pas la bérézina annoncée un temps. Le groupe communiste que certains croyaient voués à la disparition est en mesure de maintenir avec plus de dix membres. Quant à La République En Marche,  que ses dirigeants voyaient déjà devenir le deuxième groupe de la Haute Assemblée, elle devra se contenter d'un score très moyen (moins de trente membres). Et la constitution d'un  groupe "constructif" au Sénat est loin d'être acquise .

Sur le plan politique chacun y trouve (presque) son compte. Le président du groupe LR (qui sort assurément renforcé de ce scrutin), Bruno Retailleau a ironisé sur "la lune de miel entre Emmanuel Macron et  les Français  qui est terminée" et parlé d'un " échec pour En Marche". Le patron du groupe socialiste Didier Guillaume pouvait se féliciter de la bonne résistance du PS qui totalisera entre 72 et 78 membres, (il en avait 86 auparavant), alors que  les troupes socialistes sont dix fois moins nombreuses que dans la précédente législature à l'Assemblée . Le parti du Président a publié un communiqué pas très obligeant pour les grands électeurs qui n'auraient "pas encore acté le dépassement des clivages que les Français ont déjà opéré dans les urnes à l’occasion des élections présidentielles et législatives". François Patriat, le président du groupe sénatorial LREM s'est rassuré en déclarant : "Nous partions d'une page blanche. La vraie élection ce sera en 2020, après les municipales". Mais alors, "il ne fallait pas  se voir en haut de l'affiche " ; les commentateurs et les  politiques n'ont été que trop heureux de souligner le revers du parti présidentiel, même s'il est relatif , compte tenu des coups infligés aux collectivités locales depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. De même insiste-t-on à l'excès sur l'impossibilité pour Emmanuel Macron d'avoir une majorité de trois cinquièmes pour faire passer ses réformes constitutionnelles. Quand bien même l'objectif de 50 sénateurs LREM eut été atteint, la question de la majorité des trois cinquièmes n'était pas résolue pour autant car il faut 555 voix (sénat et assemblée réunis) pour adopter une réforme constitutionnelle. Or LRM n'a que 308 députés. Et chacun sait qu'une telle réforme se négocie. Celle-ci ou d'autres, Le président  sortant, et candidat à sa réélection Gérard Larcher s'est chargé de le rappeler en déclarant que le Sénat a une double mission : être le garant de l'équilibre des territoires et de l'équilibre des pouvoirs".

Mais que les statisticiens rangent momentanément leur calculette. Nul n'est en mesure pour l'heure de communiquer le nombre exact de sénateurs qui composeront les différents groupes de la haute Assemblée. On ne les connaîtra qu'au courant de la semaine puisque les élus doivent s'inscrire officiellement au courant de la semaine qui s'ouvre, en attendant l'élection du président le 2 octobre prochain. Les manoeuvres de séduction vont se multiplier en coulisses : la concurrence est rude entre LR et l'UDI, comme elle l'est entre PS et le groupe de centre gauche RDSE. Car sur les 170 sénateurs élus ce dimanche, on en compte une trentaine  affublés de l'étiquette "divers droite" (17) ou “divers gauche" (12). Ce sont généralement des candidats qui ont présentés des listes dissidentes. Et les dissidences qu'il vaudrait mieux qualifier de dissensions en disent parfois long sur la situation des partis politiques. L'exemple le plus criant est donné par Paris et les Hauts-de-Seine. Chez les Républicains ce sont les sénateurs LR sortants Pierre Charon et Roger Karoutchi, sarkozystes historiques qui menaient les listes dans la capitale et dans l'ancien département d'élection de Nicolas Sarkozy. Ils sauvent leur mandat mais tous leurs suivants sont battus. Ce sont des Républicains qui ont constitué des listes dissidentes qui ont été élus ; le PS  a profité de ces dissensions et a obtenu un élu surprise dans Hauts de Seine. Par ailleurs à Paris les socialistes voulaient à tout prix empêcher l'élection d'un deuxième sénateur En Marche. Une liste dissidente divers gauche a fleuri et celui qui la menait a été élu. Dans l'Oise, la querelle historique entre le maire de Compiègne, ancien sénateur et la maire de Beauvais qui ne se représentait pas au Sénat, a provoqué la chute d'un sénateur sortant.

Il y a quelques jours on pouvait encore lire que : "le Président suit le scrutin de près". Dimanche, l'Elysée faisait savoir que les élections allemandes étaient aussi sinon plus importantes que le scrutin sénatorial. L'arrivée de l'extrême droite allemande au Bundestag est-elle une plus mauvaise nouvelle que le médiocre résultat de La République En Marche ? Une dernière remarque : lorsque le non cumul des mandats a été acté (sous François Hollande), Gérard Collomb avait déclaré que le Sénat qui est la chambre des collectivités locales n'a plus de raison d'être puisque, de fait, ses représentants n'y siègeront plus. On attend le commentaire du Ministre de l'Intérieur.

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