C’est face à Laurent Wauquiez que le RN a fait son score le plus faible de France<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, quitte l'isoloir alors qu'il s'apprête à voter pour le premier tour des élections régionales françaises, le 20 juin 2021.
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, quitte l'isoloir alors qu'il s'apprête à voter pour le premier tour des élections régionales françaises, le 20 juin 2021.
©Thierry ZOCCOLAN / AFP

Enseignements du vote

Selon les résultats du premier tour des élections régionales et départementales, le parti Les Républicains a été en mesure de déjouer les sondages. Le Rassemblement National est en net recul. La ligne défendue par Laurent Wauquiez (LR) a fait considérablement reculer le parti de Marine Le Pen en Auvergne-Rhône-Alpes. Des leçons peuvent-elles être tirées pour le second tour et pour la ligne des Républicains ?

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy est politiologue, spécialiste de l'opinion. Il s'exprime sous pseudonyme.

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Atlantico : Au premier tour de cette élection, les Républicains sont le premier parti de France. Quels enseignements peut-on en tirer pour la suite ?

Xavier Dupuy : On ne peut pas mélanger les scrutins. On peut tirer un enseignement sur cette élection mais on ne peut pas se projeter d'une élection à l'autre. Souvenez-vous des bons résultats du Front national et de LREM aux élections européennes qui n'ont en rien handicapé la droite lors des élections municipales. Ce scrutin est marqué par une abstention des deux tiers contre un tiers habituellement. C'est donc difficile de tirer des enseignements pour d'autres scrutins.

L'implantation territoriale de la droite lors des scrutins municipaux lui donne une position de force lors des élections régionales. Comme aux élections municipales, les grands perdants sont le RN et LREM. Les implantations territoriales ont joué en faveur de la droite et de la gauche selon qui était le sortant dans chaque région. La Bretagne est un cas particulier avec un émiettement très fort des forces politiques et un président sortant dont la notoriété était faible. Dans les autres régions, il n'y a pas de vraie surprise.

Ce qui surprend, c'est l'ampleur des résultats des sortants qui ont bénéficié très fortement du différentiel de participation selon la classe d'âge. Avant les catégories socio-professionnelles, ce sont les tranches d'âges qui ont joué et le vote des séniors a bénéficié aux sortants, surtout ceux de droite. Ils font néanmoins moins de voix que lors des élections de 2015 à l'exception de Laurent Wauquiez qui sur la partie auvergnate de sa région engrange plus de suffrages qu'en 2015.

Une participation plus élevée aurait-elle changé la donne ?

C'est difficile à dire. Tout dépend dans quelle tranche d'âge la participation augmente. En cas d'une participation supérieure de 5 ou 6 % et qui soit concentrée dans la classe d'âge des plus de 60 ans, on peut penser que cela n'aurait fait qu'amplifier les résultats qu'on a eu hier soir. L'âge est vraiment le premier clivage, ensuite vient le clivage socio-professionnel.

Les résultats de ce soir, et au regard de l’abstention, permettent-ils de dégager une ligne claire pour l’avenir des LR ? Entre la ligne Wauquiez, la ligne Bertrand, la ligne Muselier ou Pécresse, vers quoi se dirige-t-on ?

Parmi les présidents sortants, c'est Renaud Muselier qui sort dans la situation la plus délicate, avec la polémique liée à sa collaboration avec des membres de la LREM. Celui qui s'en sort le mieux est sans doute Laurent Wauquiez.  Il caracole à 43,8 %, le meilleur score de tous les candidats de droite. Un élément en particulier est passé sous les radars : la région Auvergne-Rhône-Alpes est la région où le RN fait son score le plus mauvais de toute la France. Or habituellement le RN obtient ses scores les plus bas en Bretagne, Pays-de-la-Loire, Nouvelle-Aquitaine et  Ile-de-France. Pourtant la sociologie et l'urbanisation auvergnates ne sont pas les mêmes que celles franciliennes qui jouent fortement contre le RN. Le RN en 2015 faisait 25,5% dans cette région, sachant que sa moyenne nationale à l'époque était de 27,7%. Aujourd'hui, le RN est à 12,3% en Auvergne-Rhône-Alpes alors que sa moyenne nationale est à 19%. Donc il s'est forcément passé quelque chose dans cette région. Wauquiez bénéficie de son positionnement politique qui a toujours été très clair depuis le début de son mandat. On note aussi une participation de 32,59% dans cette région qui a peu fait parler d'elle pendant la campagne tandis que dans les Hauts-de-France la participation est de 32,84% malgré toute l'attention médiatique. En Ile-de-France, on est à 30,85% et à 33,72% en PACA.

Que peut-on attendre de l'abstention au second tour ?

La participation peut évidemment augmenter au second tour, surtout après un niveau d'abstention aussi élevée au premier. Il faut aussi prendre en compte le fait que certaines listes sont éliminées, ce qui veut dire qu'on peut avoir une rotation du corps électoral non négligeable. Toutes les formations ont beau jeu de dire que leur électorat ne s'est pas déplacé et appellent leurs électeurs à se mobiliser. Vont-ils les écouter ? C'est difficile. Une fois que le résultat du premier tour est enregistré, ça peut créer des dynamiques d'un côté et des désillusions de l'autre. Rien ne dit que ça va mobiliser les gens.

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