Business sportif : le Rugby et les JO vont placer le pays au centre du monde... Cela peut tout changer sur le moral des Français<!-- --> | Atlantico.fr
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Une réplique de la Tour Eiffel est vue lors de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde de Rugby avant le match entre la France et la Nouvelle-Zélande au Stade de France, le 8 septembre 2023.
Une réplique de la Tour Eiffel est vue lors de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde de Rugby avant le match entre la France et la Nouvelle-Zélande au Stade de France, le 8 septembre 2023.
©François-Xavier MARIT / AFP

Atlantico Business

Entre le championnat du monde de Rugby cette année et les Jeux Olympiques l'année prochaine, la France va pendant un an se retrouver au centre du monde. Les retombées économiques peuvent être considérables... elles peuvent aussi être catastrophiques.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Très compliqué de chiffrer les retombées économiques et financières d'événements internationaux aussi considérables que l'organisation d'un championnat du monde de rugby ou les Jeux Olympiques de l'année prochaine, mais à priori les perspectives sont considérables en termes de recettes à court terme, en termes d'image à long terme... mais les risques sont énormes parce que les résultats ne sont pas garantis. Au-delà des résultats sportifs, il y a tellement d’autres  facteurs qu'on ne maîtrise pas, tellement d'intérêts politiques et sociaux contradictoires qui ne sont ni prévisibles, ni imaginables. Donc, il faut que ça marche, sinon c'est la catastrophe... Moins sur le plan sportif que sur le plan sociétal et politique.

La France joue son avenir et sa place dans la géopolitique. Et la France a plus de faiblesses que d'atouts. D'où l'enjeu et le risque.

Le championnat du monde de Rugby qui démarre ce week-end va durer jusqu'au 28 octobre. Avec un événement majeur tous les 5 ou 6 jours à Paris, à Bordeaux, à Lille, à Lyon, à Marseille, à Nantes, à Saint-Denis, à Saint-Étienne et à Toulouse. Ce qui veut dire que pendant deux mois, la France va être observée par le monde entier à la télévision, et surtout elle va être habitée par des millions de visiteurs et de touristes pendant deux mois. Les Jeux Olympiques de l'année prochaine vont sans doute générer une fréquentation encore plus dense et plus attentive parce qu'on sera en été.

Quand en 2017, la France a déposé sa candidature comme pays hôte de la Coupe du Monde de Rugby, le cabinet Deloitte avait estimé l'impact économique immédiat de cet événement à plus de 2 milliards d'euros. Entre 1,9 et 2,4 milliards. Sans entrer trop dans le détail, l'étude avait évalué « les dépenses des spectateurs et participants, étrangers ou français, qui sont attribuables à la compétition à 900 millions d'euros », mais les dépenses touristiques et d'organisation représenteront un impact direct total évalué entre 0,9 et 1,1 milliard d'euros ». En outre, l'organisation de l'événement a déjà généré des dépenses d'investissement et de fonctionnement de l'ordre de 190 à 208 millions d'euros.

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Les organisateurs de la Coupe du Monde de Rugby sont très prudents sur l'impact économique. Cependant, ils savent déjà, compte tenu des réservations, que les prévisions seront grossièrement réalisées.Il y a évidemment deux inconnues qui vont peser sur les résultats :

La première porte sur le comportement des Français. Les dépenses estimées des Français sont réelles (voyages, tickets d'entrée, restaurants, boissons, etc.), mais la question est de savoir si ces dépenses vont se substituer à d'autres dépenses courantes ou si elles vont s'ajouter aux dépenses habituelles. Quelques économistes considèrent que dans le climat actuel d'inquiétude sur le pouvoir d'achat, beaucoup de Français vont financer leur participation à la Coupe du Monde comme spectateurs ou comme supporters en se privant sur d'autres postes. Moyennant quoi, il y aura des transferts de dépenses d'un secteur à l'autre, mais d'un point de vue macroéconomique, le résultat sera le même. Il n'y aura pas de création de valeur, sinon à la marge.

Beaucoup d'économistes, plus optimistespensent au contraire qu'un événement de cette ampleur (Coupe du Monde de Rugby, ou de Football, ou même les Jeux Olympiques) est mobilisateur et conduit les Français à trouver des financements, soit par le travail (c'est vrai chez les jeunes qui acceptent un petit boulot pour se payer des places au stade), soit par le crédit à court terme, mais aussi par l'épargne. Beaucoup puisent dans leur épargne pour un événement aussi exceptionnel, et les tirelires françaises sont comme les bas de laine bourrés d'épargne liquide et disponible.

C'est le paradoxe de la situation française. Les Français se disent pauvres, l'État est endetté, mais les Français n'ont jamais eu autant d'argent dans leurs comptes d'épargne, même les classes les plus populaires. Il y a donc là une marge de manœuvre et de consommation très importante. La France est le pays au monde où le taux d'épargne est le plus élevé (plus de 16% du revenu). Cette épargne est une épargne de précaution et sert toujours en cas d'incident familial ou d'événements exceptionnels. La Coupe du Monde ou les Jeux Olympiques sont des événements exceptionnels.

La deuxième inconnue qui pèse très lourd sur le résultat final concerne la venue de visiteurs étrangers. En 2017, le cabinet Deloitte estimait que la Coupe du Monde pourrait attirer entre 350 000 et 450 000 personnes. France 2023 aujourd'hui projette qu'ils seront environ 600 000. Ces visiteurs viennent de destinations éloignées comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, qui sont des terres de rugby, vont passer plusieurs semaines et vont donc consommer plus que les touristes habituels. Les touristes qui viennent en France pour le Rugby, ou les Jeux Olympiques, ne remplacent pas les touristes habituels, ceux qui viennent pour le musée du Louvre ou le Mont Saint-Michel. Le gros problème sera d'adapter la capacité d'hébergement et de transport dans l'Hexagone et de gérer la saturation des lieux touristiques. Ça va être un défi plus lourd à relever au moment des Jeux Olympiques que du Rugby.

Quoi qu’il en soit , une rapide revue de la presse étrangère( Amérique du nord , Amérique du sud , Océanie ,.. ) met actuellement l’accent sue cette France capable d’organiser de tels évènements , cette France qui recèle des trésors culturels et historiques, cette France qu il faut absolument visiter …et cette même presse oublie complètement que six mois avantla France était dépeinte comme le pays des manifs , des grèves et les pillards de banlieue .

Mais quoi qu'il en soit, les professionnels du tourisme seront les grands gagnants de la Coupe du Monde de Rugby et des Jeux.

À plus long terme, on peut s'attendre à deux autres phénomènes...

D'une part, à un renforcement de l'attractivité de la France... Les amateurs de Rugby sont plutôt des CSP plus que les amateurs de football. Donc, beaucoup d'investisseurs et de chefs d'entreprise. Certains ont doublé leur plaisir d'assister aux matchs par des visites utiles dans les sites industriels et commerciaux, beaucoup en ont fait des voyages d'affaires. La plupart des villes de province qui accueillent les matchs de rugby, Marseille, Toulouse, Lille, se sont organisées pour accueillir aussi les hommes d'affaires. Quand on est Australien, l'occasion de venir en France n'est pas aussi fréquente.

D'autre part, on peut s'attendre aussi à un changement de climat social en France. Un peu comme l'effet Coupe du Monde de Football en 1998 qui a boosté le système français. La fièvre sportive peut avoir un impact durable sur le moral des Français. On sait très bien que tous les pays qui ont organisé les Jeux Olympiques dans le passé ont dépensé beaucoup d'argent, ils ont dû gérer des déficits parfois importants, mais tous les pays ont trouvé à plus long terme des ressources nouvelles en termes de moral, d'image, de pratique sportive et de santé physique et morale.

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