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Brice Hortefeux : "Je ne me souviens pas que François Fillon ait longuement conversé avec le Général de Gaulle récemment."
©Reuters

Entretien politique

Pour le proche de Nicolas Sarkozy, l'ancien président est le seul à réunir l'expérience et l'audace nécessaires pour répondre aux enjeux qui comptent pour les Français.Pour le député européen, l'ancien chef de l'Etat est par ailleurs le premier à avoir su déceler les attentes des Français en matière d'identité nationale.

Brice Hortefeux

Brice Hortefeux

Brice Hortefeux a été ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration jusqu'en février 2011. Il est membre du parti Les Républicains et siège actuellement au Parlement européen.

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Atlantico : Selon un sondage Ifop pour Atlantico, seuls 26% des Français disent être touchés lorsque les politiques parlent d'identité nationale. Comment se pose la question de la manière d'aborder le sujet au sein de l'équipe de Nicolas Sarkozy ? Les Français doutent-ils de la sincérité de Nicolas Sarkozy sur ce point ? Ou doit-on estimer que les propositions formulées ne correspondent pas à leurs attentes ?

Brice HortefeuxTout d'abord, il n'y a pas de focalisation sur la question de l'identité. Mais parmi les défis que notre pays doit relever, en plus du chômage, de la fiscalité, de la compétitivité, il y a des questions régaliennes parmi lesquelles la sécurité, le terrorisme, l'immigration sous toutes ses formes, et notre identité qui doivent être abordées. L'identité, c'est à la fois l'héritage de notre culture et de notre passé, et en même temps ce qui permet de construire la cohésion de notre communauté nationale demain. C'est un tout. Et c'est sous cet angle que nous l'abordons.

Nicolas Sarkozy est, de toutes les personnalités, de gauche comme de droite, le premier qui a perçu l'inquiétude d'une partie importante de nos compatriotes sur les menaces qui pèsent contre nos valeurs de démocratie et d'égalité, ainsi que les tentatives de négociation d'un millénaire de notre Histoire. Il n'est pas dans le déni honteux, ni dans l'optimisme béat, mais lucide quant à la nécessité de préserver notre identité nationale.

Les sondages mettent également en évidence un retard de Nicolas Sarkozy au sein des catégories supérieures ainsi que chez les personnes âgées, par rapport à Alain Juppé. Que comptez-vous proposer pour séduire cet électorat ? Quel discours adopter ?

Les sondages ne sont pas une boussole mais un instantané. Simultanément, toutes les enquêtes d'opinion soulignent la progression spectaculaire de Nicolas Sarkozy, tout particulièrement chez les sympathisants de la droite et du centre où il est en tête. Comment expliquer et comment améliorer ? L'explication, je crois, est claire : Nicolas Sarkozy est le seul à allier la sécurité de l'expérience, par son statut de chef de l'Etat, et l'audace du renouveau, par un effort de proposition inédit pour un candidat. Le jour même de l'annonce de sa candidature, tout son programme était sur la table, dans un livre qui, par ailleurs, est un grand succès. Par sa crédibilité internationale, son expérience des crises – je pense à celle de 2008 – et sa connaissance des défis que notre société doit relever, il est une particularité. 

Henri Guaino a annoncé sa candidature à la présidentielle vendredi 9 septembre. Alors qu'il a été un fidèle parmi les fidèles lors des campagnes de 2007 et 2012, le chef de l'Etat ayant d'ailleurs reconnu son influence, comment expliquez-vous cette situation ? En quoi Nicolas Sarkozy a t-il changé pour provoquer cette rupture ?

Chacun a le droit d'être candidat, surtout s'il a des convictions à partager. Mais le tout, c'est aussi que ces convictions puissent être appliquées, et je ne suis pas sûr que ce soit pour Henri Guaino le meilleur moyen d'y parvenir. Mais je suis certain, connaissant son sens de l'intérêt général et de l'État, que le moment venu, il ne se trompera pas. 

Ne craignez-vous pas une situation du "Tout sauf Sarkozy" au second tour de la primaire ? Comment comptez-vous éviter un tel scénario ? Suite à cette semaine marquée par des attaques venant de son propre camp au sujet de la demande du Parquet d'un renvoi en correctionnelle, un ralliement au vainqueur de la primaire pourrait-il être menacé ?

Plusieurs candidats ont su faire preuve de retenue, car ils ont respecté l'article 9 de la Déclaration des droits de l'homme, qui est la présomption d'innocence.

François Fillon a quand même tenu des propos assez véhéments à son égard en se demandant si le général de Gaulle pouvait être mis en examen…

Je ne me souviens pas que François Fillon ait longuement conversé avec le Général de Gaulle récemment.

Le principe même de la primaire, c'est l'engagement pris par les candidats de soutenir ceux que les électeurs auront choisi. Autour de Nicolas Sarkozy, nous l'affirmons sans hésitation. Et je suis convaincu que les autres agiront de même le moment venu.

Dans son discours de Wagram, François Hollande a violemment attaqué la droite, et en particulier Nicolas Sarkozy. Ne craignez-vous pas, comme cela a été le cas en 2012, que la campagne ne se focalise là encore sur un front anti-Sarkozy ? Comment anticipez-vous une telle situation ? 

Cela démontre tout simplement que l'adversaire prioritaire de François Hollande, c'est Nicolas Sarkozy, et que c'est celui qu'il redoute le plus, à juste titre d'ailleurs.

J'ai connu le front anti-de Gaulle, le front anti-Chirac, le front anti-Sarkozy en 2007…Tout ceci n'a pas empêché les succès. Vous savez, dans notre pays, il n'y a plus de prescripteur d'opinion. Le temps de l'instituteur et du curé, puis du politique et de l'intellectuel influençant sa conduite aux électeurs est terminé. Les électeurs sont matures et libres, ils ne suivent pas les consignes sinon Nicolas Sarkozy n'aurait pas été élu largement en 2007.

Si ce phénomène était avéré, cela pourrait vouloir dire que le risque que des électeurs de droite déçus par l'issue de la primaire se reportent sur un autre candidat est réel…

Autour de Nicolas Sarkozy, nous nous adressons aux électeurs pour leur permettre de trancher, et leur choix sera le bon. 

Jean-Christophe Lagarde a récemment vanté les mérites d'Emmanuel Macron. Ne s'agit-il pas d'un avertissement pour Nicolas Sarkozy qui aura besoin des voix du centre s'il espère remporter la présidentielle ?

Je ne me mêle pas des affaires de l'UDI, mais j'observe que les propos de Jean-Christophe Lagarde ont provoqué un tollé dans sa propre famille, d'Hervé Morin à Philippe Vigier. Je constate simplement qu'au moment de ces propos, nous étions avec Nicolas Sarkozy dans le Loir-et-Cher, accompagnés de Maurice Leroy, figure de la famille centriste, et d'Yvan Lachaud. Ces derniers ont apporté un soutien total et enthousiaste à la démarche de Nicolas Sarkozy. C'est un bon signal. 

L'ancien chef d'État a par ailleurs placé le projet européen au cœur de son discours, et notamment la question de l'espace Schengen. En tant que député européen, comment une élection de Nicolas Sarkozy en mai prochain est-elle perçue par le Parlement ? On connaît les relations parfois houleuses qu'il a pu entretenir avec l'administration bruxelloise...

D'abord, les parlementaires européens gardent un souvenir très fort de la présidence française de l'Union européenne en 2008, unanimement saluée à l'époque, et notamment au Parlement au sein duquel Nicolas Sarkozy avait pris le temps du dialogue, de l'écoute. Récemment, à Nice, il s'est adressé aux députés PPE et son intervention n'a laissé personne indifférent.

En proposant un nouveau traité européen, il suscite un vif intérêt au sein du Parlement et chez certains responsables britanniques inquiets des conséquences du Brexit. Il y a un sentiment d'attente, notamment parce que l'Europe est violemment traversée de soubresauts.

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