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Bienvenue dans l’après Trump : dans la famille Biden, le FBI demande le fils
©ANDREW HARNIK / POOL / AFP

Compromissions

La révélation par le fils du nouveau président américain de l’enquête fiscale qui le vise -depuis 2 ans- pourrait déclencher une cascade de révélations troublantes sur les liens des Biden avec Pekin.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Atlantico : Hunter Biden, le fils de Joe Biden, a annoncé être visé par une enquête sur sa situation fiscale, menée par le procureur du Delaware. De quoi est-il accusé ?

Gérald Olivier : Il y a en fait plusieurs dossiers contre lui. Le dossier qui a été mis en avant par le FBI concerne des problèmes d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent. Et au sein de l'état du Delaware, il est poursuivi également pour des motifs qui ont trait à ses activités d'affaires et notamment ses liens avec différentes entreprises chinoises et ukrainiennes.

L'enquête du FBI sur l'évasion fiscale et le blanchiment n'est contestée par personne, alors que l'enquête dans le Delaware s'appuie sur des éléments qui ont été retrouvés dans un ordinateur. La validité de ces éléments est remise en cause par certains.

Ce n'est pas la première fois que les affaires de Hunter Biden font polémique, n'est-ce pas ?

Non. La première fois que j'en ai entendu parler, c'était en 2010, à l'occasion de la sortie d'un ouvrage intitulé Secret Empires d'un journaliste d'investigation américain, Peter Schweizer. C'était une série d'enquêtes sur les fortunes cachées de certains hommes politiques américains. Et tout le monde en prenait pour son grade. La famille Biden était visée à travers les agissements de Hunter Biden. Pendant que son père était vice-président de 2009 à 2017 et notamment à partir de 2013, Hunter Biden a mené un certain nombre d'affaires avec des entreprises soit ukrainiennes, soit chinoises, profitant parfois de séjours officiels de son père dans ces pays pour lier des relations avec des hommes d'affaires locaux. Or, en ce qui touche à la Chine, les hommes d'affaires sont inévitablement liés au Parti communiste chinois, puisque c'est ce dernier qui dirige la Chine et qui est propriétaire de toutes les entreprises chinoises sensibles. Donc, le problème de Hunter Biden, c'est qu(il a créé des joint-ventures et différents types d'affaires avec ces personnages-là, profitant non seulement de la notoriété de son père, mais aussi de sa position. Toute la question est de savoir si ces affaires n'étaient - pour les Chinois notamment - qu'un moyen détourné pour avoir accès à Joe Biden et si, en conséquence, Joe Biden lui-même, qui est aujourd'hui président élu des États-Unis, pourrait être, comme on dit dans le jargon, compromis. Des régimes comme la Chine auraient, alors, un moyen d'influence sur lui.

Hunter Biden a donc profité du fait que son père était vice président pour nouer des liens d'affaires. En soi, ce n'est pas illégal. Mais le fait de nouer des liens d'affaires avec des ressortissants étrangers, quand on est le fils du vice-président, peut devenir un délit si vous monayez cet l'accès et que la personne concernée, Joe Biden en l'occurrence, est au courant de ce type de manœuvre et y consent. Cela devient aussi un délit si vos proches tirent profit de vos affaires. Et justement : certains e-mail retrouvés dans le fameux ordinateur du Delaware indiqueraient qu'il y a eu des paiements de 10% de commissions destinées à Joe Biden. Et il apparaît que Hunter Biden ait dans certains cas cité son père comme étant partenaire dans ces affaires. Auquel cas, évidemment, ça devient un délit.

Ca pourrait être un danger politique pour Joe Biden ?

C'est toute la question et c'est bien pour ça que du côté des Démocrates, on essaye de faire en sorte que cette affaire soit oubliée ou qu'on en parle le moins possible. Vous avez, en outre, différents niveaux pour appréhender cette affaire. D'une part les agissements de Hunter Biden, et d'autre part, la réaction de certaines autorités américaines aux révélations en question. Des gens très haut placés, je pense par exemple à l'ancien directeur de la CIA qui a immédiatement expliqué quand l'affaire de l'ordinateur a été révélée (notamment par le New York Post) que c'était de la désinformation. Mettre ça sur le coup de la désinformation russe, c'était tuer le scandale dans l'oeuf. Donc tout le monde, du côté des médias, a décidé de fermer les yeux sur cette affaire. Et d'autre part, vous avez, même sans parler de désinformation, un parti pris de certains médias, très favorables aux démocrates. Imaginez le raffut que de telles affaires feraient si elles ne concernaient pas Hunter Biden mais l'un des fils de Donald Trump ! Il y a deux poids, deux mesures aujourd'hui dans les médias aux Etats-Unis : ils ferment les yeux quand c'est un démocrate qui est mis en cause.

Et vous avez un troisième niveau encore : c'est celui des réseaux sociaux. Aujourd'hui, les quotidiens ne sont pas forcément puissants parce qu'ils sont lus : ils sont puissants parce que les informations qu'ils communiquent sont reprises sur les réseaux sociaux et se diffusent véritablement à une échelle planétaire. A partir du moment où vous coupez le lien, où vous vous empêchez ces nouvelles d'être reprises, vous tuez le scandale dans l'oeuf. Au mois d'octobre, lorsque le New York Post a mis en première page les révélations concernant le contenu de l'ordinateur de Hunter Biden qui avait été retrouvé, ces histoires ont été immédiatement censurées à la fois par Tweeter et par Facebook, qui ont donc empêché qu'elles aient un quelconque écho sur les réseaux sociaux. Twitter et Facebook ne se comportent pas simplement comme des conduits d'information, mais également des censeurs de l'information. Ils font le choix de ce qui est peut être dit et de ce qui ne peut pas être dit, ce qui dépasse très largement leur rôle dans l'économie américaine.

Vous dénoncez donc un deux poids, deux mesures, dans les médias américains ?

Oui, et ce deux poids, deux mesures est désarmant car vous ne pouvez pas lutter contre. Le pouvoir du silence, de la part de certains médias, est étonnant. Egalement l'esprit de solidarité de groupe de la presse bien pensante : personne ne déroge à la règle. Ce qui est flagrant, c'est qu'à partir du moment où quelqu'un dit : "on ne touche pas à telle affaire", personne n'y touche. Ni le New York Times, ni le Washington Post, ni le LA Times... Il n'y a que la presse de droite qui s'empare de certains sujets et cet isolement contribue à décribiliser la question. C'est l'inverse quand la cible est un Républicain. Sur l'affaire de collusion avec la Russie qui a empoisonné les trois premières années de la présidence Trump, on sait très bien aujourd'hui que le point de départ de l'affaire était un dossier de désinformation réalisé par les Démocrates avec la complicité d'agents ou anciens agents russes, pour nuire à Trump. Et on sait qu'en dépit du fait qu'il a été rapidement su qu'il n'y avait pas de base réelle à ces accusations, il y a eu trois ans d'enquête et les médias ont couvert cette affaire dans les moindres détails. Ils ont travaillé sur une désinformation parce que ça nuisait à leur adversaire politique. Dans le cas inverse, alors qu'il n'y a pas de désinformation sur l'affaire Biden, personne n'en parle car c'est quelqu'un qui appartient au « camp du bien ». Il ne faut nuire à Joe Biden. Il est désarmant de voir qu'il n'y a pas la moindre tentative d'honnêteté intellectuelle. Ca pose un vrai problème car il est possible que Joe Biden soit véritablement compromis. S'il y a derrière les affaires de Hunter Biden une tentative d'infiltration par la Chine, à partir du moment où les médias décident de fermer les yeux, la sécurité américaine est affaiblie. Il y a un moment où le côté partisan devient problématique.

Pourquoi les médias ne se concentrent-ils pas là-dessus alors qu'il y a des faits ?

Parce que l'Amérique est divisée, les deux camps ne se parlent plus, et l'intérêt national est conditionné à l'intérêt partisan. Il y a une forme d'aveuglement. D'une certaine façon, la presse de gauche tombe dans un piège qui lui est tendu par les adversaires des Etats-Unis. Ils y tombent à pieds joints en souriant.

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