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Quand l'argent de la BCE revient à la BCE : l'illustration d'un blocage du marché européen !
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Dysfonctionnement ?

La BCE a octroyé des prêts de 489 milliards d'euros à 523 banques européennes. Cette semaine, on a appris que ces mêmes banques avaient confié plus de 450 milliards d'euros à la BCE au lieu de le réinjecter dans l'économie.

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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La BCE la semaine dernière a mis en place sa première opération massive de prêts aux banques européennes afin d'assurer la liquidité des établissements. 490 milliards ont été prêtés sur une durée d'une semaine jusqu'à trois ans à un taux de 1%. Cette opération courante depuis plusieurs mois à la FED et à la Banque centrale britannique vient enfin de voir le jour dans la zone euro. Les Cassandre ne se priveront pas de crier à l'inflation, de montrer du doigt le reniement des autorités monétaires en créant ainsi artificiellement de la monnaie.

La réalité est bien différente : la crise financière que le monde, et la zone euro en particulier, traverse est, entre autre, une très grave crise de confiance, les établissements bancaires ne veulent plus se prêter entre eux et doivent pourtant faire face à des besoins de refinancement importants en 2012. Plus de 250 milliards doivent être empruntés par les banques l'année prochaine si elles veulent honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs clients. Si elles veulent octroyer de nouveaux prêts aux entreprises comme aux particuliers, il leur faudra emprunter des sommes plus importantes encore.

La BCE a donc rempli un rôle essentiel, celui de maintenir hors d'état de faillite l'ensemble des banques de la zone euro, et de leur permettre de planifier sur 2012 leur équilibre et leur capacité de prêt à l'économie, c'est une avancée majeure.

Égoïsme bancaire ?

Nous sommes, bien sûr, en droit d'attendre que ces prêts soient injectés dans l'économie et qu'ils permettent à l'activité de se développer, or que nous annoncent quelques journalistes mal éclairés ? Les banques déposent à la BCE en fin d'année 450 milliards à 0,25% , comme par égoïsme, au lieu de les prêter aux entreprises ou aux ménages.

Un rapide calcul montre bien que cette opération de dépôts est coûteuse pour les banques, elles ont emprunté à un taux moyen de 1% à la BCE et elles placent ces mêmes montants à 0,25% toujours à la BCE. Coût de l'opération 0.75% sur 450 milliards, le reflet clair d'un dysfonctionnement général du système bancaire européen.

Tout d'abord les sommes empruntées il y a deux semaines doivent servir au refinancement de début 2012. En toute logique, les sommes doivent être déposées en attendant ces opérations. Compte tenu de la méfiance généralisée entre les établissements, ceux-ci préfèrent prêter à la BCE à perte mais c'est le coût du risque . Il faut également souligner les problématiques comptables de fin d'année, si une banque dépose dans une autre banque des liquidités alors cette opération a un impact sur son capital et donc un coût , ce sont les normes règlementaires de Bâle II. La fin d'année, photographie particulière du bilan, fragilise les opérations de prêts interbancaires.

Les sommes ainsi déposées pourront être mises à disposition de l'économie mais toutes les enveloppes de crédit (constitution des dossiers, sélection des priorités) ne sont pas mises en place dès que les banques ont accès à la liquidité, c'est une raison supplémentaire d'amener un établissement à déposer sans risque, momentanément une liquidité disponible.

Mais au-delà de toutes ces explications rationnelles sur le fonctionnement interbancaire, ces énormes montants de liquidités prêtées par la BCE puis déposées par les banques à la même BCE illustrent bien le blocage total du marché européen. Quelques années en arrière ( avant la crise de 2008 ) ces opérations étaient similaires mais s'organisaient entre banques et le reliquat qui ne trouvait pas d'emprunteurs ou de prêteurs se retrouvait à la banque centrale. Les sommes en jeu étaient comparables mais le marché était en confiance.

La crise est avant tout une crise de confiance qui se concrétise par une crise de liquidité qui se propage dans l'économie en créant une récession. La machine se grippe et les ménages comme les entreprises sont les premiers affectés.

Est ce que la BCE par son octroi massif de liquidités va ramener la confiance ? Le problème est plus vaste et plus préoccupant.

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