Barack Obama, le prix Nobel de la paix qui portait une lourde responsabilité dans les guerres du Moyen-Orient aujourd’hui<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ancien président des Etats-Unis entre 2009 et 2017 a multiplié les mauvais choix au Moyen-Orient.
L'ancien président des Etats-Unis entre 2009 et 2017 a multiplié les mauvais choix au Moyen-Orient.
© SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Mauvais choix

L'ancien président des Etats-Unis entre 2009 et 2017 a multiplié les mauvais choix au Moyen-Orient.

Thomas Flichy de La Neuville

Thomas Flichy de La Neuville

Ancien élève en persan de l'Institut National des Langues et Cultures Orientales, Thomas Flichy de La Neuville est agrégé d'histoire et docteur en droit. Chef du département des études internationales à l'Ecole Spéciale de Saint-Cyr, Thomas Flichy de La Neuville est membre du Centre Roland Mousnier de l’Université Paris IV – Sorbonne. Il intervient dans de nombreuses universités étrangères, notamment à l'United States Naval Academy, la Theresianische Militärakademie, l'Université d'Oxford et de Princeton. 

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Atlantico : En août 2013, Barack Obama décide finalement de ne pas participer aux frappes prévues contre le régime syrien de Bachar al-Assad à la suite des attaques chimiques. C’était une erreur du Président démocrate ? Quelles ont été les conséquences ? 

Thomas Flichy de La Neuville : Les Américains semblent avoir annulé ces frappes au dernier moment car Israël craignait que la destruction complète du régime syrien ne lui causât du tort. Chacun dispose en effet d’ennemis utiles…Ce retournement des Israéliens a beaucoup surpris. Mais après-tout, l’imprévisibilité est à la racine du pouvoir. A l’époque, la politique étrangère américaine était dirigée par des médiocres disposant d’infiniment trop de moyens financiers pour développer leur intelligence politique. Nous ne devons jamais oublier en effet, que ce sont les pressions financières et les difficultés qui aiguisent l’habileté des joueurs géopolitiques. Perdus par le confort donné par une monnaie de réserve dominante, les Etats-Unis ont perdu aujourd’hui tout point d’appui solide au Moyen-Orient.

En 2015, un accord est trouvé avec l'Iran sur le nucléaire. Cela devait être un moyen d’éviter une course aux armements et de nouvelles guerres au Proche-Orient. A-t-il réussi son pari en discutant avec le régime iranien ? Vu la situation que nous connaissons aujourd’hui, peut-on dire que c’est un échec ? 

Barack Obama avait une position assez équilibrée vis-à-vis de l’Iran. Il a relâché la pression sur les Iraniens mais pas au point de normaliser ses relations avec eux. Barack Obama a d’ailleurs prononcé plusieurs discours lors des vœux de nouvel an de Norouz qui ont été si bien tournés, si intelligents, que les Iraniens ont mis plusieurs semaines à lui répondre. Barack Obama a fait une grande offensive de séduction vis-à-vis des Iraniens pour espérer peut-être obtenir un changement de régime par la douceur. En effet, lorsqu’un État s’emballe, la façon la plus intelligente de casser cette radicalisation est d’arrêter brusquement les sanctions au lieu de les multiplier. Si les Américains s’étaient brusquement retournés en abandonnant toute sanction, le régime iranien se serait effondré. Les Israéliens – après un temps de surprise - auraient alors été les premiers investisseurs auprès de leur puissance jumelle, l’Iran.

En octobre 2015, Obama fait une pause dans le retrait des troupes américaines positionnées en Afghanistan. La réalité de terrain s’impose sous la pression d’une nouvelle montée des talibans. C’était une erreur stratégique ?

L’Afghanistan a défait à peu près toutes les armées au monde. N’importe quel enfant ouvrant un livre d’histoire peut le constater.  Dans ce contexte, la guerre contre le terrorisme peut avoir deux explications : soit l’inculture soit le cynisme. Depuis maintenant un demi-siècle, partout où les occidentaux font la guerre, ils connaissent des succès technologiques éphémères suivis de défaites politiques spectaculaires. C’est que nous avons oublié la finalité de la guerre : mettre en place les conditions d’un nouvel équilibre politique permettant une pacification dans la durée. Cette finalité a été dévoyée au bénéfice d’un autre but : octroyer des marchés aux commanditaires industriels de la guerre. Ces défaites sont liées à un effondrement de la formation intellectuelle dans les armées occidentales : au lieu de se perdre dans une accumulation de matières insignifiantes, tout jeune officier gagnerait à méditer une seule phrase de Blaise Pascal : « C’est une chose déplorable de voir tous les hommes ne délibérer que des moyens et point de la fin ».

Quel est le bilan de Barack Obama au Moyen-Orient ? A-t-il affaibli la position américaine au Moyen-Orient ? Qui profite de cet affaiblissement ? La Chine ?

Ce qu’il faut considérer c’est l’évolution de la politique étrangère américaine dans la longue durée, depuis son existence jusqu’à sa dissolution. En 1945, la puissance impériale américaine se substitue à la puissance impériale anglaise. Au Moyen-Orient, la clé de la domination américaine, c'est son alliance avec Israël mais aussi avec l'Arabie saoudite. Les États-Unis protègent militairement l'Arabie Saoudite et en contrepartie Riyad peut vendre son pétrole en dollars. La géopolitique est effet déterminée par la géo-économie. Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite se méfie de plus en plus des États-Unis et abandonne le dollar. L'événement le plus important de des dernières années n'est pas la guerre en Ukraine mais le fait que Mohammed Ben Salmane (prince héritier d’Arabie Saoudite) ait commencé à vendre du pétrole dans une autre monnaie, le yuan chinois. Voilà le nœud du basculement. Voilà qui sonne le glas de la puissance géo-financière américaine dans la région. L’ensemble du Moyen-Orient a aujourd’hui basculé vers le Nouvel Empire Mongol, alliance entre l’Iran, la Chine et la Russie. Or cette alliance courtise de nouveaux membres : l’Arabie Saoudite, la Turquie, la Jordanie, et surtout l’Inde.

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