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Risque de krach sur la zone euro
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Crise

L'Union Européenne vient d'annoncer une aide de 78 milliards d'euros pour le Portugal. Après la Grèce et l'Irlande, la zone euro paraît décidément mal en point...

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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Et de trois ! Après la Grèce et l’Irlande, le Portugal vient de recevoir un prêt européen de 78 milliards d’euros. Comme les précédents, ce sauvetage financier est assorti d’un plan de rigueur et de réformes structurelles sensés ramener le budget à l’équilibre et relancer la croissance, donc les recettes fiscales. Ce qui permettra de réduire l’endettement public et de rembourser les pays européens qui ont mis la main à la poche, au premier rang desquels l’Allemagne et la France.

Mais tout ceci n’est qu’une fiction, il ne s’agit en fait que de gagner du temps, la réalité est toute autre : ces pays sont insolvables. Ils ne sont pas confrontés à des problèmes temporaires de financement dus à la crise économique, le poids de leurs dettes publiques excède les capacités de leurs économies, tout simplement. Moody’s a encore dégradé la note de l’Irlande (désormais Baa3, le plus bas niveau pour un emprunteur fiable), les taux grecs et portugais atteignent de nouveaux records (le taux des obligations grecques à deux ans vient de franchir les 25 %), la situation n’est plus tenable.

En réalité, les capitales européennes sont déjà en train de négocier la restructuration de la dette des pays en difficulté, malgré les démentis officiels. La question est complexe, les banques européennes détiennent des obligations grecques, irlandaises et portugaises dans leurs bilans et une restructuration trop sévère leur ferait subir de lourdes pertes, avec un risque de faillites et de krach à la clé. La Banque centrale européenne elle-même serait obligée d’augmenter ses fonds propres. D’autre part, les pays qui ont financé ces plans d’aide ne veulent pas être floués, ils ont des comptes à rendre à leurs électeurs-contribuables ! Un simple allongement de la durée de remboursement permettrait de sauver la face, mais cela serait-il suffisant pour un pays comme la Grèce endetté à hauteur de 150 % de son PIB ? C’est peu probable.

Il aurait fallu restructurer dès le début, en mai 2010 avec la Grèce. La potion aurait été amère, mais elle aurait mis chacun (Etats, banques, pays en difficulté) devant ses responsabilités. Au lieu de cela, les plans d’aide n’ont fait que rajouter une couche supplémentaire d’endettement qui fragilise un peu plus la zone euro. Prenons garde à ce qu’un « Cygne noir » (le défaut précipité d’un pays, la faillite d’une grande banque) ne provoque un krach obligataire !

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