Banesto, l'équipe de cyclisme devenue mythique grâce au champion Miguel Indurain<!-- --> | Atlantico.fr
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Miguel Indurain sur son vélo était comme un chevalier chevauchant sa monture.
Miguel Indurain sur son vélo était comme un chevalier chevauchant sa monture.
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Histoire du tour

Miguel Indurain, cinq fois d'affilée vainqueur du Tour de France, aura définitivement marqué l'histoire du cyclisme. Michel Guérin revient sur les débuts de ce champion exceptionnel et son ascension fulgurante dans l'équipe Banesto. Extraits de "Les équipes mythiques du vélo" (2/2).

Michel Guérin

Michel Guérin

Michel Guérin est l'auteur de nombreux ouvrages sur le cyclisme.

Il a publié récemment, Les grands mots de la Petite Reine (Mareuil Éditions), dans lequel il raconte à partir de citations célèbres de coureurs ou de journalistes sportifs, la grande histoire du vélo.

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C’est une image forte. Celle d’une sorte d’alien coiffé d’un drôle de casque profilé, lunettes noires enveloppantes sur le nez, vêtu d’un maillot blanc et bleu à motifs rouge jaune-bleu, ramassé sur sa machine au guidon de triathlète, bien en ligne et dodelinant lentement de la tête. Il semblait avaler les kilomètres à une vitesse incroyable. Ce jour-là, à Luxembourg, Miguel Indurain, sur 65 kilomètres, reléguait son second, Armand De las Cuevas, à trois minutes. Il assommait le Tour 1992 en gagnant le premier contre-la-montre, comme l’année précédente, entre Argentan et Alençon, comme l’année suivante, autour du Lac de Madine, comme, plus tard en 1994, entre Périgueux et Bergerac, ou en 1995, entre Huy et Seraing. Au second contre-la-montre de ce Tour 1992, entre Tours et Blois, il fit encore mieux en parcourant les 64 kilomètres à 52,349 km/h de moyenne.

Indurain reproduisait la tactique de Jacques Anquetil : il contrôlait dans la montagne et donnait le coup de grâce dans les étapes contre le chronomètre. Elle lui avait été expliquée par l’homme qui façonna sa carrière, José Miguel Echavarri, Navarrais comme lui, admirateur et ancien coéquipier du Normand dans l’équipe BiC. Comme le maître, l’élève gagna cinq Tours de France mais, lui, d’affilée.

Miguel Indurain sur son vélo était comme un chevalier chevauchant sa monture. Pourtant l’homme, descendu de son vélo, était tout l’inverse de ces êtres impitoyables : jamais un mot déplacé, respectant chacun de ses adversaires et ne traitant jamais ses équipiers de haut.

Il gagna le Tour à sa sixième participation, se contentant de grandir et d’être un équipier précieux pour Pedro Delgado, son leader dans l’équipe Reynolds.

C’était cette équipe Reynolds-Reynolon-Pinarello, qui venait de gagner le Tour l’année précédente, que la banque espagnole Banesto rejoignit en 1989 pour constituer l’équipe Reynolds-Banesto.

Banesto, Banco Español de Credito, était l’une des plus grandes banques espagnoles avec plus de trois millions de clients et appartenait au Grupo Santander. En 1989, elle arrivait en tant que sponsor secondaire dans une équipe née en 1980, sous les couleurs d’une entreprise navarraise d’aluminium Reynolds Aluminio. Cette équipe était déjà dirigée à l’époque par José Miguel Echavarri, qui en était l’âme et le maître à penser. Banesto arrivait avec sa puissance financière pour prolonger l’aventure.

Tout était en place : un leader, vainqueur sortant et favori du Tour suivant, Pedro Delgado, qui pouvait s’appuyer sur des équipiers, espagnols pour la plupart, efficaces, comme le jeune Miguel Angel Indurain Larraya, un directeur sportif expérimenté et avisé, José Miguel Echavarri, des vélos performants fournis par Pinarello, la firme italienne de Trévise, qui avait acquis la notoriété après la victoire de Fausto Bertoglio dans le Giro 1975, puis celles de Giovanni Battaglin dans le Giro et la Vuelta de 1981, avant de connaître l’apothéose dans le Tour avec la victoire de Delgado.

Certes, ce dernier fit une contre-performance le premier jour de la Grande Boucle de 1989, en prenant le départ du prologue avec plus de deux minutes de retard... il assista ainsi de loin au duel Fignon-LeMond. Mais, quelque temps auparavant, il avait gagné la Vuelta, ce qui, pour l’équipe, était au moins aussi important !

Il était donc temps pour Banesto de devenir le sponsor principal de cette belle équipe et de porter haut ses couleurs, blanche, rouge, jaune et bleue dans le monde cycliste. L’année suivante, la banque espagnole devint le sponsor unique. Au Tour de France, le leader, Delgado, finit quatrième mais Miguel Indurain montra l’étendue de ses capacités en remportant l’étape de Luz Ardinen et en terminant à la dixième place.

[…]

La Banesto remportait, en plus de la victoire avec Indurain, le classement par équipes du Tour 1991. Preuve que derrière le champion qu’elle soutenait, cette équipe, dans laquelle figuraient les Français Jean-François Bernard et Dominique Arnaud et le Colombien Rondon, avait de la valeur.

La formation Banesto eut, grosso modo, le palmarès de son leader car, bien que constituée de coureurs de talent, ceux-ci étaient soigneusement choisis par Echavarri pour, avant tout, aider son champion dans sa quête de victoires. De ce côté-là, ils ne déçurent jamais et le Navarrais, en montagne ou dans les moments difficiles, put toujours compter sur eux. Seul Jean-François Bernard, avec ses victoires dans Paris-Nice et le Critérium international, « dérogea » quelque peu à la règle.

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Extrait de "Les équipes mythiques du vélo" Editions Jacob-Duvernet (7 juin 2012)

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