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Bahreïn : quand le printemps arabe 
vire à l'aigre, les élections 
tournent à la farce
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Iran/Bahreïn

Ce samedi avaient lieu les élections partielles de 18 sièges au parlement du Bahreïn, en remplacement des 18 députés qui avaient démissionné suite à la répression des mouvements populaires du printemps arabe. Depuis plus de six mois, le pays ne connaît pas une nuit sans émeute...

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Samedi dernier, à l’occasion des élections partielles au « parlement » du Bahreïn organisées suite à la démission en masse des parlementaires issues du parti chiite Al-Wefaq, le gouvernement a annoncé un taux de participation de 51,4% du corps électoral.

Étonnant ce résultat prometteur, annonciateur d’une normalisation et du « business as usual »  dans ce minuscule petit État du golfe persique qui ne connaît pas une seule nuit sans émeutes depuis plus de six mois et où la « paix sociale » n’a pu être instaurée qu’à coup de matraquage de la population par des troupes saoudiennes invitées par le pouvoir sunnite à y rétablir l’ordre. Pouvoir qui d’ailleurs ne cesse de brandir la menace d'une intervention iranienne sans être en mesure d’apporter le moindre début de preuve. Décidément, cette menace iranienne est devenue la carte blanche idéale pour toutes les dictatures arabes afin de perpétuer leur mainmise sur le pouvoir.

Ainsi, au moment même où cette « majorité » se rendait aux urnes afin de conforter ce parlement dépourvu de pouvoir législatif dans sa composition sunnite, les rues de Bahreïn étaient inondées par cette écrasante majorité chiite qui appelait de ses vœux  le printemps arabe écrasé jusqu'ici dans un bain de sang.

La menace iranienne, solution miracle aux maux de Bahreïn

Bahreïn, en effet, est une bombe à retardement. La majorité chiite, d’après tous les observateurs, y est malmenée, vivant dans une sorte d’apartheid institutionnalisé. Même si la loi martiale est officiellement abrogée, le bruit des bottes résonne encore. Plus de mille prisonniers politiques sont retenus dans les geôles du pouvoir. Des histoires d’exactions et de torture contre la population en révolte abondent.

Le pouvoir sunnite a beau employer des agences de communications basées à Londres, il n’a pas su convaincre les pilotes de Formule 1 de regagner la pôle position en 2011 pour le Grand Prix de Bahreïn. Celui de 2012 semble tout aussi compromis. Les banques occidentales s’interrogent quant à leur maintien dans le pays et envisagent de changer d’adresse au profit de Dubaï.

Le pouvoir se présente comme un bastion de résistance contre l’inexorable avancée de l’Iran dans le monde arabe. Le contingent de 2000 soldats Pakistano-saoudiens est appelé à y rester indéfiniment. L’ouverture du Conseil de Coopération du Golfe au Maroc et à la Jordanie participe de la même démarche. Le fait que la cinquième flotte américaine soit stationnée au Bahreïn ne semble plus convaincre les pétromonarchies du golfe persique de la loyauté américaine. Elles veulent prendre leurs destins en main.

Or, la semaine dernière, quand le Président iranien a pris la tribune à l’ONU afin d’y prononcer une diatribe, devenue habituelle contre les États-Unis et Israël, étonnamment, l’Émir du Bahreïn n’a pas quitté la salle. Est-ce par respect pour son géant voisin ou est-ce parce qu’il sait que les États-Unis ont rétabli la ligne rouge de communication téléphonique avec Téhéran ?

Il est vrai que dans la foulée l’Ambassade d’Israël brûlait au Caire et que celle d’Amman avait été évacuée à la hâte la veille. Il est vrai aussi que celle des États-Unis à Kaboul croulait sous les roquettes des Talibans pro-pakistanais et qu’au même moment Erdogan au départ d’Istanbul prononçait un discours belliqueux anti-israélien suivi par des manœuvres militaires dans la méditerranée orientale… Est-ce par hasard les sirènes du retour de la Perse qui avait été entendues à New York par l’Emir?

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