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À Avignon, les forces de gauche ont choisi de parachuter Raphaël Arnault, militant antifa, fiché S, en vue des prochaines élections législatives.
À Avignon, les forces de gauche ont choisi de parachuter Raphaël Arnault, militant antifa, fiché S, en vue des prochaines élections législatives.
©JEREMY PAOLONI / AFP

Parachutage

Ça n’est pas par hasard que LFI a investi l’anti de la Jeune Garde Raphaël Arnault dans la préfecture du Vaucluse

Karim Maloum

Karim Maloum

Karim Maloum est journaliste.

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Atlantico : À Avignon, les forces de gauche ont choisi de parachuter Raphaël Arnault en vue des prochaines élections législatives. Ce candidat, fiché S et porte-parole d'un groupuscule d'anti-fascistes Lyonnais sera bientôt soutenu par Rima Hassan dans la campagne en cours. Peut-on dire d'Avignon qu'elle est en train de se transformer en laboratoire de l'islamo-gauchisme ? Ce phénomène est-il plus ancien ?

Karim Maloum : Le phénomène dont il est ici question pré-date évidemment le parachutage de monsieur Raphaël Arnault. Il a commencé à la fin des années 2000 et s’est accentué à compter de 2015, 2016 et 2017. C’est à cette époque que l’on a pu voir la jonction entre les islamistes, les décolonialistes, les gauchistes et les pro-palestiniens à Avignon. Mais pour bien comprendre ce qui est en train de se jouer aujourd’hui, il faut parler du candidat du front populaire et de la personne qui viendra le soutenir vendredi. Vendredi, vous l’avez dit, Raphaël Arnault pourra compter sur le soutien de Rima Hassan, une antisémite notoire, connue pour ses positions anti-juifs, anti-israélienne. Elle soutient le Hamas sans aucune hésitation, qu’elle considère d’ailleurs comme un mouvement de résistance. Selon elle, il ne peut exister qu’un seul territoire en Israël : celui de la Palestine, qui appartient à tous les Palestiniens et cela implique nécessairement la destruction d’Israël. Pour le dernier jour de la campagne, c’est elle que le candidat du Nouveau Front Populaire a décidé de faire venir. Si Avignon n’est pas un laboratoire de l’islamo-gauchisme en France, je ne sais pas ce qu’il est. La situation est d’autant grave que, quand bien même certains socialistes se sont opposés à la candidature de Raphaël Arnault, celui-ci a pu se présenter sous l’étiquette de l’union des gauches. Il s’agit pourtant d’un fiché S, qui invite une femme revendiquant la destruction d’Israël. C’est un symbole et il est particulièrement fort.

Notons également que ce n’est pas la première fois que Raphaël Arnault fait parler de lui : déjà en 2022, il était candidat à la députation. A l’époque, il ne briguait pas un siège pour LFI mais pour le NPA. Il a été convoqué par la police pour apologie du terrorisme et n’est objectivement pas quelqu’un de fréquentable. Rien de tout cela ne l’empêche aujourd’hui de prétendre à un siège à l’Assemblée nationale au sein du groupe de la France Insoumise. Tout cela est possible parce qu’Avignon est ce qu’elle est, c’est-à-dire un laboratoire de l’islamo-gauchisme en France.

Très concrètement, c’est la jonction du courant islamo-gauchiste avec le néo-féminisme et le décolonialisme qui a donné lieu, d’abord dans les universités locales, à ce à quoi nous assistons aujourd’hui. Vous trouverez, dans leurs rangs, des antisémites qui se revendiquent pro-palestiniens et qui réfutent jusqu’à la démocratie ou les libertés publiques. Depuis des années, déjà, ils veulent transférer le conflit de Gaza à Avignon (ainsi qu’à Paris, d’ailleurs). Mais pourquoi soutiennent-ils le Hamas ? Parce qu’ils sont, j’en suis convaincu, fascinés par la violence à laquelle il a recours. Ils y voient une forme de violence qui s’applique contre l'impérialisme et pourrait donc, théoriquement, s’appliquer contre les Blancs. 


Pourquoi Avignon, plutôt qu’une autre ville de France ? Faut-il penser que l’écosystème local prédisposait la métropole à devenir un laboratoire de l’islamo-gauchisme ?

Dans les faits, et c’est essentiel de le rappeler, Avignon n’est pas le seul laboratoire de l’islamo-gauchisme en France. La situation y est particulièrement criante, du fait notamment de cette candidature, mais les logiques à l'œuvre et les mécanismes que nous avons décrits s’observent aussi ailleurs. Ainsi, on pourrait aussi parler de Paris, de Marseille, de Nantes, de Rennes ou de Lyon. Il y a de tels exemples un peu partout sur le sol français. Certaines de ces jeunes-gardes, de ces bastions de l’islamo-gauchisme, avancent plus vite que d’autres. A Avignon, c’est particulièrement le cas. Rappelons-nous que, à la fin des années 2000, il existait encore des élus socialistes ou communistes assez courageux pour dénoncer leurs formations respectives quand celles-ci étaient tentées de se coucher devant les islamistes ou d’abandonner la laïcité. Ce n’est simplement plus le cas aujourd’hui. Le communautarisme gagne du terrain et des figures comme Raphaël Arnault sont désormais en mesure de faire la jonction entre toutes les mouvances antifas, pro-palestiniennes, radicales écologistes. Il ramène à lui les mélenchonistes, dont on sait qu’ils sont désormais contre la République et contre la démocratie.

Ce que l’on voit à Avignon, la raison pour laquelle on en parle aujourd’hui, c’est bien parce qu’il s’agit d’un laboratoire qui fonctionne à plein régime. Les islamo-gauchistes se sont alliés avec tous les courants les plus anti-démocratiques, les plus anti-républicains, des décoloniaux aux sympathisants du Hamas. Rappelons-nous que, après le 11 septembre 2001 et l’attentat contre les deux tours du World Trade Center, certains étudiants n’ont pas voulu respecter une minute de silence à Avignon, comme l’a fait savoir Pierre-André Taguieff en 2002.


Comment expliquer que le “laboratoire” d’Avignon progresse plus vite que les autres ?

L’islamo-gauchisme, nous l’avons déjà dit, était particulièrement bien implanté à Avignon. Il a pu s’appuyer sur d’autres courants avec lesquels il a fait alliance et jonction pour mieux remplacer, aux yeux de la gauche, les électeurs ouvriers par les électeurs musulmans et émigrés venus d’Afrique. Les gauchistes de la France Insoumises désignent aujourd’hui ces électeurs comme les “populations issues des quartiers populaires”. Il y a eu une jonction entre les islamistes, qui s’occupent du bon maintien et du respect des mosquées ainsi que des quartiers et une partie de cette gauche-là. Le score local de la France Insoumise l’illustre bien : aux européennes, et en dépit du fait que LFI a mené l’intégralité de sa campagne autour de la seule question palestinienne, le parti de Mélenchon a engrangé 10% des voix contre les 5% initialement attendus. Il a pu s’appuyer sur le soutien des islamistes qui, dans les mosquées, ont œuvré à développer le genre d’idées que défend LFI. 

De plus, à Avignon, la gauche traditionnelle semble avoir baissé les bras. A Paris, d’aucuns font encore de la résistance et s’opposent à ces idées. Il reste une partie de la gauche qui est républicaine, laïque, démocratique. Ailleurs, comme à Avignon notamment, la gauche a fini par céder et a laissé l’islamo-gauchisme prendre le pas. C’est très vrai également à Saint-Denis, dans le 93, ainsi que dans certains quartiers de Nantes ou de Rennes.La population républicaine y recule la nature ayant horreur du vide, c’est une idéologie néfaste qui s’empare de ce qu’elle a laissé derrière elle. Des extrémistes qui veulent en découdre avec le capitalisme, avec la démocratie, et faire la jonction des luttes. Comprenez bien que, lorsque l’on cherche à rassembler les pires ennemis du système, il faut appeler les islamistes : on ne fait pas pire qu’eux. C’est bien pour cela que dès que quelqu’un les critique, la gauche pousse des cris d’orfraie et crie à l’islamophobie. Les femmes voilées ne les gênent pas, le contrôle sur le corps de celles-ci non plus. Peu importe que des sportives de haut niveau soient contraintes de jouer en hijab : le corps des femmes se doit d’être caché et la propagande islamiste se doit d’être répétée.

Si l’islamo-gauchisme progresse, c’est bien parce que la gauche lui ouvre toutes les portes.


Faut-il croire qu’Avignon constitue le projet final de l’islamo-gauchisme en France ?

C’est fort possible, oui. C’est bien pour cela que ce qui se passe à Avignon est particulièrement dangereux. On a vu l’impact que peuvent avoir les jonctions de toutes ces luttes, de l’anti-impérialisme qui s’associe aux mouvements tiers-mondistes anti-productivistes agricoles, par exemple. Quand ils parviennent à se rassembler derrière une figure, qui n’hésite pas à se revendiquer du Hamas et à soutenir peu ou prou les événements du 7 octobre, il faut s’inquiéter. La gauche, à Avignon, a achevé de manger son chapeau. Raphaël Arnault se paie le luxe de terminer sa campagne avec l’une des personnalités les plus antisémite de France et personne, au sein du Nouveau Front Populaire, n’aura bougé le petit doigt. 

Il faudra retenir de cette campagne la façon dont LFI traite les électeurs musulmans, qu’elle voit de toute évidence comme des êtres très primaires, qui ne sont pas intelligents, qu’il est facile de manipuler. Nul n’ignore que, à l’issue de la campagne, la question gazaouite sera oubliée par Jean-Luc Mélenchon et ses amis. Il ne faut surtout pas abandonner la communauté musulmane, qui représente presque 10 millions de personnes dans ce pays et dont beaucoup sont humanistes, aux mains d’une formation politique aussi cynique, aussi malhonnête, qui se revendique du Hamas. L’erreur des démocrates, des républicains de gauche comme de droite, et même de la droite radicale, c’est d’avoir laissé tout ce monde-là aux mains de LFI.

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