Avec du talent administratif et un dialogue social, l’exécutif pourrait très bien laisser le pays se gérer et se moderniser<!-- --> | Atlantico.fr
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Elisabeth Borne et Emmanuel Macron participent à une cérémonie, le 18 juin 2022
Elisabeth Borne et Emmanuel Macron participent à une cérémonie, le 18 juin 2022
©GONZALO FUENTES / AFP

Atlantico Business

En théorie, l’absence de majorité politique empêche l’exécutif de gouverner, sauf que le gouvernement a tout à fait les moyens de poursuivre la modernisation du système. Avec un peu d’imagination et de dialogue social et cela sans attenter aux valeurs de la démocratie...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La crise quasi systémique provoquée par la réforme des retraites a laissé croire que ce pays était ingouvernable et par conséquent, impossible à réformer et  à s’adapter aux contraintes de la modernité. Le monde des affaires est convaincu du contraire. 

Le système politique et médiatique a sans doute exagéré la gravité de la crise et les risques de blocages. L’histoire nous dira sans doute pourquoi et dans l’intérêt de qui la France s’est ainsi offert un psycho drame socio-politique aussi long et grave au point d’accroitre les clivages et les fractures du pays.  

En réalité, les faits et les chiffres montrent que la France ne se porte pas si mal . La situation économique n’est pas si mauvaise , la situation de l’emploi n’a jamais été aussi bonne depuis plus de trente ans , le niveau d’activité reste soutenu avec une réserve d’épargne record  qui permet de garantir la solvabilité d’un pays qui n’a pas de difficulté à financer sa dette et son fonctionnement . Alors, c’est vrai, à court terme, la partie invisible de l’iceberg est lourde et fait peser des risques très graves pour l’avenir d’où la nécessité de faire passer des réformes de structures. Ce qui est impossible à faire, faute  de majorité politique au parlement.

Ce qu’on ne dit pas , c’est que tous les outils existent pour réformer,  sans loi ni l’accord explicite du parlement . L’utilisation du 49.3  autorisé par la Constitution a cristallisé tellement de colère au moment de la réforme des retraites , qu’il est probable que le président de la République ne le sortira pas de sitôt, ce qui ne veut pas dire que le pays soit bloqué pour autant .

Dans énormément de domaines de la vie administrative, économique et sociale ,  il existe d’autre moyens  de résoudre beaucoup de problèmes de structures. Et notamment la possibilité de réformer le fonctionnement de l’administration  et la valeur ajoutée par le dialogue sociale dans la vie économique et sociale. 

1er point : l’utilisation intelligente des règlements administratifs.  Si on considère que le « mal français » est imputable au dysfonctionnement de l’Etat et des services publics , rien n’interdit à l’administration de prendre toutes les mesures nécessairespour améliorer la performance du système de l’éducation nationale ou de la santé . Les difficultés de l’école publique ou des hôpitaux  ne sont pas toutes liées au déficit de moyens financiers . Il y a sans doute des besoins de relocalisation des ressources  mais l’expertise des personnels , leur qualité , leurs ambitions de bien faire , leur conscience de bien faire  , d’ arriver à l’heure , de respecter le client , de l’écouter etc. etc. .. Les exemples de dysfonctionnements pullulent et relèvent de la sélection  au moment du recrutement , de la valeur des diplômes , de la formation permanente , de la gestion des relations humaines , du management , des responsabilités , de la décentralisations. 

Toutes ces questions qui font le quotidien d’une entreprise privée ne nécessite pas de lois ou de longs débats au parlement. Ils appellent des mesures réglementaires ou d’incitation qu’une administration bien gérée devrait assumer.. D’ailleurs depuis un an. Le gouvernement a su régler pas mal de difficultés par la voie des règlementations. Le gouvernement comme les collectivités locales qui prennent tous les jours des arrêtés de fonctionnement ou des règlementations .  

Le 2e point : la reprise du dialogue social.  La crise des retraites a été tellement violente qu’elle a cristallisé une colère que les syndicats ont tenté de gérer.  Ils y sont parvenus en partie mais en partie seulement sans l’aide du gouvernement qui a plutôt joué le bras de fer. Aujourd’hui , on sent bien que les uns comme les autres sont allés trop loin et nous sommes à un moment historique où tout le monde aurait intérêt à renouer le dialogue social pour restaurer la pratique du paritarisme . Laurent Berger , le secrétaire général de la CFDT, a montré le chemin . Quoi qu’on dise,  les autres syndicats sont à peu près sur la même ligne , y compris la CGT .  Pourquoi ?  Parce que dans les entreprises on sait que le dialogue social fonctionne et règle la plupart des problèmes sociaux . Organisation du travail , qualité de vie au travail , œuvres et activités sociales notamment via les comités d’entreprise … et même très récemment , les problèmes sensibles comme celui du partage de la valeur. En pleine crise de la réforme des retraites , on a vu l’ensemble des syndicats se mettre d’accord sur un partage de la valeur capable d’amortir  les effets de l’inflation . 

L’enjeu de la reprise du dialogue social au niveau national serait de restaurer le fonctionnement du modèle socio-économique de la France qui est un modèle paritaire. Et le modèle paritaire est une invention française qui donnent aux partenaires sociaux la liberté de régler beaucoup de problèmes dans la gestion des questions sociales et économiques. .. Sans l’intervention de l’Etat qui a fixé dans la loi les principes du paritarisme. Si l’Etat est intervenu dans la gestion des institutions sociales c’est parce que les partenaires sociaux n’ont pas pu ou voulu assumer leurs responsabilités. Les temps ont changé. Les syndicats ont sans doute repris du poids et retrouvé la conscience qu'ils pouvaient régler les problèmes eux-mêmes. 

Encore faut-il que l’État ne veuille pas se mêler de tout ? Sans majorité,  l’État doit comprendre qu’il est bien obligé de  laisser aux corps intermédiaires la responsabilité de gérer et d’administrer.  

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