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Atlantis : une page de l'histoire spatiale mondiale se tourne
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La dernière séance

Atlantis, la dernière navette spatiale américaine encore en activité, s'élance le 8 juillet pour son 135è et dernier vol. Pour rejoindre la Station Spatiale Internationale (ISS), il faudra désormais compter sur le Soyouz russe... en attendant que les Américains relancent un programme ambitieux de conquête spatiale ou que les Européens se réveillent.

Jacques Villain

Jacques Villain

Jacques Villain est ingénieur, spécialiste de l'histoire de la conquête spatiale, membre de l'Académie de l'Air et de l'Espace.

Il est l'auteur de Irons-nous vraiment un jour sur Mars ? (Vuibert, février 2011)

 

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Atlantico : Que représente la mise à la retraite d'Atlantis ?

Jacques Vaillain : Atlantis est la dernière navette américaine qui va voler. Cette retraite marque la fin d'une époque commencée en 1981, une étape importante de l'histoire de la conquête spatiale américaine, mais aussi plus généralement de celle de l'astronautique mondiale.

A ses débuts, la navette servait pour les vols habités autour de la Terre. Ensuite, elle a permis de ravitailler en hommes et en matériel la Station Spatiale Internationale (ISS) à partir de 1998.

Comment pourra-t-on désormais rejoindre l'ISS ?

Jusqu'à nouvel ordre, les Américains devront utiliser le Soyouz russe, qui est le dernier véhicule encore capable de faire le voyage. Ils sont en train d'étudier un lanceur spatial qui pourrait remplacer leurs navettes, mais la décision de développement ne sera pas prise avant 2015-2016 : il ne sera donc pas opérationnel avant 2022.

Quant à l'Europe, elle n'a quant à elle jamais eu de navette, car elle n'a jamais voulu investir dans les vols habités - il faut dire que la NASA dépense 5 millards de dollars par an pour cela ! Elle va donc continuer à utiliser le Soyouz, même si, avec l'arrêt des navettes américaines, les places vont commencer à être chères...

De toute façon, la station sera arrêtée et précipitée dans l'Océan Pacifique en 2020, et ne sera pas remplacée.

Elle n'est donc plus utile ?

L'a-t-elle déjà été ? Quand on examine les conditions dans lesquelles elle a été décidée, on peut douter des motivations en termes d'exploration spatiale... Le Président Reagan a pris la décision en 1984, dans un premier temps pour rivaliser avec la station Mir soviétique, puis, à la fin de la Guerre Froide, pour donner du travail aux ingénieurs russes afin qu'ils n'aillent pas travailler sur les missiles irakiens de Saddam Hussein.

Les Etats-Unis arrêtent-ils leurs navettes (Discovery, Endeavour, Atlantis) à cause de problèmes de budget ?

Pas vraiment. Leurs navettes étaient opérationnelles depuis 1981, et il fallait bien les arrêter un jour, car les technologies étaient un peu vieillissantes. Le Président Bush avait pris la décision de l'arrêt des navettes après l'accident de Columbia, en 2003. Et comme Barack Obama n'a jamais été un grand fervent des voyages dans l'espace, conformément à ce qu'il avait annoncé pendant sa campagne : les Etats-Unis se retrouvent donc aujourd'hui sans navette.

Les fonds économisés par l'arrêt des navettes seront-ils alloués à des projets plus ambitieux, comme le vol vers Mars ?

Pour l'instant, aucun dollar n'a été investi pour un vol vers Mars. Obama a arrêté en avril 2010 le programme lunaire américain, mais il n'a pas fixé de nouvel objectif. L'argent va donc aujourd'hui à la recherche technologique, sans objectif précis pour l'instant.

Quel est donc l'avenir mondial de la conquête spatiale ?

On est actuellement dans une période d'attentisme de la part des Américains, mais on a vécu la même chose entre la fin du vol Appolo-Soyouz en 1975 et le lancement d'Atlantis en 1981.

Ils sont en train de tourner une grande page de leur histoire spatiale, car il est clair qu'ils n'ont plus les moyens de mener seuls de grands programmes spatiaux.

Comme les autres nations, et en particulièrement l'Europe, sont largement suiveurs de ce que font les Etats-Unis, il s'agit d'un tournant important de la conquête spatiale, marquée par une grande incertitude. La coopération internationale va probablement s'accroître, mais les rêves fous d'il y a un demi-siècle sont pour l'instant loin d'être réalisés : on n'est pas près d'aller vivre dans l'espace...

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