Après le coup de main de Mario Draghi à l’Europe, le pire serait que la France reste les bras croisés<!-- --> | Atlantico.fr
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Mario Draghi a frappé très fort pour sortir l’Europe de la torpeur .
Mario Draghi a frappé très fort pour sortir l’Europe de la torpeur .
©Reuters

Editorial

Pour sortir la France de sa torpeur, Mario Draghi est allé au-delà des prévisions les plus optimistes en annonçant un rachat d’actifs d’au moins 1140 milliards d’euros, montant qui pourrait être dépassé au-delà de dix huit mois si les résultats escomptés tardaient à produire leurs effets.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Mario Draghi a frappé très fort pour sortir l’Europe de la torpeur dans laquelle elle se trouve, à la recherche désespérée de la croissance disparue. Faute de dégager un consensus de l’ensemble des pays membres, tous les espoirs reposaient sur lui depuis plusieurs mois. Non seulement, il ne les a pas déçus, mais il est allé au-delà des prévisions les plus optimistes en annonçant un rachat d’actifs d’au moins 1140 milliards d’euros, montant qui pourrait être dépassé au-delà de dix huit mois si les résultats escomptés tardaient à produire leurs effets. Le moment  a été particulièrement bien choisi, quelques jours seulement avant l’élection grecque, ce qui devrait permettre d’éviter à ce pays une nouvelle tourmente financière en cas de succès du parti d’extrême gauche, car il serait le premier à faire l’objet d’un rachat massif de sa dette.

La réaction au plan Draghi a été saluée avec enthousiasme par les marchés, avec deux conséquences immédiates : une flambée des actions sur la plupart des places boursières  et une reprise brutale de la chute de l’euro à 1,13 dollar, alors que les spécialistes n’hésitent pas à prévoir le jour où la devise européenne se trouvera à parité avec le billet vert.

Cette plongée de l’euro devrait donner un coup de fouet aux exportations, en abaissant le coût des produits sur les marchés extérieurs, tandis que les taux d’intérêt déjà très bas, continueront encore de se réduire. De plus, elle écartera la menace de faillite qui planait sur les Etats membres les plus fragiles, comme l’Espagne ou l’Italie, contribuant  ainsi à restaurer un peu de confiance dans la zone.

Le plan Draghi va donc apporter une énorme bouffée d’oxygène, à condition de ne pas rester isolé. On ne peut tout faire reposer sur la création monétaire, qui à elle  seule n’est pas suffisante pour engendrer la croissance. Les expériences de ce type qui se sont déroulées aux Etats-Unis, en Grande Bretagne ou au Japon ont été souvent controversées. Les succès, lorsqu’ils ont eu lieu, ont été obtenus parce qu’ils étaient accompagnés  d’autres mesures, qui ont  permis une relance de l’économie. La chancelière allemande Angela Merkel, qui a dû affronter l’hostilité des milieux économiques de son pays, parce qu’elle s’est finalement  rendue aux arguments de la majorité de ses partenaires, a d’ailleurs prévenu que le succès des nouvelles mesures dépendrait avant tout des réformes de structures qui seraient entreprises en Europe. Elle pensait implicitement à la France, qui pourrait trouver dans le nouveau climat de ce début d’année matière à retourner à ses démons favoris, en clair le laissez aller pour ne  rien entreprendre sur le fond.

Pour le gouvernement, les attentats dont le pays a été victime lui ont valu la compassion de Bruxelles qui pourrait se montrer moins exigeant sur les engagements  pris par la France et qui ne sont pas en voie d’être tenus. Au demeurant, non seulement le secteur public reste à l’écart de toute réforme, mais on  va augmenter le nombre de fonctionnaires au nom de la sécurité et pour remédier aux carences de l’enseignement. Les premières interventions de François Hollande, une fois terminées les commémorations des douloureux événements du début d’année, se sont révélées piteuses par leur manque d’envergure. On continue de se réfugier dans les propos martiaux, en se référant sans cesse à des notions abstraites pour le commun des mortels comme la République ou la laïcité, sans que cela débouche sur une véritable stratégie, François Hollande étant toujours réticent à prendre des initiatives, en attendant tout d’un consensus introuvable, comme on vient encore de le voir dans l’échec des négociations des partenaires sociaux pour arriver à un dialogue commun. On le devine déjà : la tentation est grande de retomber dans la routine passée, alors qu’il faudrait faire preuve dans le domaine des réformes de la créativité et de la volonté dont Mario Draghi vient de donner la preuve dans le domaine monétaire.

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