Après la greffe d'organes, la greffe de... matière fécale : cette toute nouvelle technique scientifique donne de l'espoir aux personnes souffrant de maladies intestinales<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
La matière fécale étrangère injectée dans l'organisme du patient va permettre de restaurer l'équilibre intestinal qui manque à ce dernier. Toutefois, cette maladie est facile à guérir car l'infection dégrade grandement la flore intestinale.
La matière fécale étrangère injectée dans l'organisme du patient va permettre de restaurer l'équilibre intestinal qui manque à ce dernier. Toutefois, cette maladie est facile à guérir car l'infection dégrade grandement la flore intestinale.
©John Cummings / CC

Probiotiques VS antibiotiques

La pratique médicale est peu ragoûtante, et pourtant : la transplantation fécale est une technique en plein essor qui pourrait se révéler très utile pour combattre les maladies intestinales telles que les diarrhées infectieuses récurrentes.

L'idée peut rebuter : la transfusion fécale n'a rien de glamour. Il s'agit bel et bien de prélever un échantillon des selles d'un donneur sain pour le transférer dans l'organisme d'un patient, par le colon ou par le nez, à l'aide du tuyau qui le conduira directement dans l'estomac. Cette technique peut se révéler très utile chez les patients dont la flore intestinale – c’est-à-dire les bactéries et micro-organismes qui pullulent dans notre intestin – n'est pas assez développée ou chez ceux dont certaines bactéries nocives telles que Clostridium difficilepeuvent causer des diarrhées, habituellement traitées par l'administration d'antibiotiques. Dans un article publié sur le site The Conversation, trois biologistes de l'Université de Sydney (Australie) se sont efforcés de renseigner les internautes sur l'utilité de cette pratique médicale et les avancées que celle-ci promet pour les personnes souffrant de déséquilibres intestinaux, rapporte le Britannique The Daily Mail.

La flore intestinale, un équilibre à ne pas brusquer

Cela peut être surprenant, mais notre corps humain compte plus de cellules non-humaines que de cellules humaines. Des milliers de milliards de micro-organismes étrangers peuplent notamment notre intestin : c'est ce que l'on appelle la flore intestinale, ou microbiote intestinal. La vidéo suivante (en anglais, sous-titres disponibles) devrait vous aider à y voir plus clair.

Ce microbiote est ainsi indispensable à notre survie, et évolue au cours de notre existence. Une flore intestinale est un signe de bonne santé, aussi il est conseillé de consommer suffisamment d'aliments riches en fibre (légumes, fruits, féculents) pour l'entretenir et éviter les pathologies intestinales, telles que les diarrhées et autres maladies chroniques de l'intestin qui peuvent parfois mener à la mort. Or, jusqu'à présent, la pratique médicale la plus répandue pour traiter ces pathologies est la prise d'antibiotiques. Un moyen efficace de lutter contre la bactérie responsable de la maladie, mais qui a également pour effet de tuer un grand nombre de bactéries sans distinction. Or, comme dit précédemment, ces micro-organismes sont essentiels à notre équilibre interne et favorisent le développement de nos défenses immunitaires. La transplantation fécale aura au contraire un effet probiotique, c’est-à-dire qui va favoriser la vie dans le microbiote.

Et les résultats sont encourageants : les essais cliniques réalisés par la communauté scientifique dans le cadre de traitements de diarrhées liées à l'infection de Clostridium difficile ont abouti à 90% de réussite. La matière fécale étrangère injectée dans l'organisme du patient va permettre de restaurer l'équilibre intestinal qui manque à ce dernier. Toutefois, cette maladie est facile à guérir car l'infection dégrade grandement la flore intestinale. En quelque sorte, l'aiguille (C. difficile) est plus grande, et la botte de foin dans laquelle la chercher (la flore intestinale), est réduite. Ce n'est pas aussi facile lorsque les maladies à traiter sont le résultat de phénomènes chimiques plus complexes et d'interaction entre différentes bactéries au sein de l'intestin, telles que le syndrome de l'intestin irritable. Les essais de transplantation fécale ont dans ces cas-ci été bien moins concluants. Si dans certains cas, la prise de ces probiotiques a entraîné une prise de poids, ces mêmes probiotiques sont prometteurs dans le traitement de l'obésité.

Produits laitiers, nouveau-nés et diabète

Nous portons de plus en plus d'attention à nos maux de ventre. Le microbiote, que l'on peut considérer comme un organe à part entière, reflète notre mode de vie et notre santé. Ce microcosme fascine également les chercheurs quant à la manière dont il somatise – c’est-à-dire traduire des pathologies psychiques par des pathologies physique – notre état d'esprit. Pour cela, le ventre est considéré comme le "deuxième cerveau" de l'homme, expression popularisée par le reportage réalisé par la chaîne Arte. Cette prise de conscience a débouché sur le développement d'une nouvelle branche alimentaire, dont les produits sont censés participer à la santé du consommateur. C'est le cas des industriels du yaourt, dont bon nombre d'entre eux se sont appuyés sur les effets positifs qu'ont les bactéries contenues dans les yaourts au lait fermenté pour relancer les ventes. C'est notamment le cas de la marque Activia, dont la présence de bifidus, des bactéries facilitant la digestion, constitue l'argument principal de vente. Il en est de même pour Actimel, censé "renforcer les défenses naturelles" comme le disait le slogan. Cela dit, l'entreprise qui commercialise ces deux produits, Danone, a abandonné en 2010 la démarche visant à faire reconnaître ces produits comme étant bénéfiques pour la santé par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), présageant que ce label ne leur serait pas accordé.

En outre, la transplantation fécale est une technique dont les plus grands effets devraient être constatés chez les nouveau-nés, dont la flore intestinale, vierge au moment de quitter le ventre de leurs mères, se voit colonisé par toutes sortes de bactéries une fois à l'extérieur. Un moment délicat dans lequel cette pratique pourrait être salvatrice. Enfin, l'administration quotidienne de probiotiques pourrait participer à guérir du diabète de type 2. Ce secteur médical est encore en pleine expansion, décrivent les scientifiques, auteurs de l'article. De nombreux laboratoires misent sur les probiotiques, et l'on devrait les voir gagner du terrain sur les antibiotiques, de plus en plus décriés pour la manière dont ils poussent les bactéries contre lesquelles ils luttent à muter et ainsi à devenir plus dangereuses.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !