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Après l’Europe, la mondialisation nouveau bouc émissaire de tous les maux français
©Reuters

A court de bonnes excuses

Le résultat des élections européennes n’a certes pas démoli la République en marche et son leader Emmanuel Macron, mais les partis anti-européens, anti-libéraux ou populistes totalisent un nombre de voix très supérieur.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si on ajoute les électeurs du RN de Marine Le Pen à ceux de l’extrême gauche, puis une bonne moitié des écologistes, sans parler de tous ceux qui ont voté pour les petites listes pilotées par Florian Philippot ou de Debout la France, on arrive à une très large majorité absolue opposée à Emmanuel Macron. Près de 70% des votants.  

La chance, pour le président français, est que tous ces opposants sont incapables de s’entendre et de former une majorité. Cependant, la marque forte commune à tous ces votants, c’est la recherche de bouc émissaires systématiques pour expliquer et justifier les difficultés du système français.

La plupart dénoncent les dysfonctionnements de l’Union européenne, de l’euro et critique l’action « pernicieuse de la BCE ».  Alors il y a quand même, dans l’opposition à Emmanuel Macron, des partisans sincères de l’Union européenne et de l’euro.

Mais tous se sont découvert un nouveau bouc émissaire : la mondialisation. Selon les analyses critiques du système français, la mondialisation débridée explique tout, à commencer par répandre la misère et les inégalités.

Quand on regarde en détail les discours des populistes,  c’est clairement le développement des échanges internationaux, la liberté de circulation qui explique la montée des flux migratoires, l‘appauvrissement des classes moyennes, le chômage industriel, les délocalisations  etc. .. Bref, les gilets jaunes ont parfaitement repris ce discours d’une France déclassée par la liberté économique.

Tous les facteurs d’évolution des systèmes économiques depuis 15 ans ont été entendus et perçus comme des facteurs anxiogènes.

La mondialisation a favorisé les délocalisations (ce qui est exact) et a provoqué le chômage de masse (ce qui est inexact), parce qu’aucun pays occidental n’a été empêché de développer une économie de l’offre avec un package de formation et d’adaptation pour les populations. La mondialisation a favorisé les exportations dans les pays émergents.

La concurrence internationale a toujours été un facteur de progrès pour certains, mais d’asphyxie pour beaucoup d’autres.

Quant au progrès technologique, il a permis de formidables gains de productivité mais mal redistribués donc très inégalitaires.  

Bref « c’était mieux avant » disent ceux qui ont souffert du système.

La mondialisation est donc devenue la cible de la critique politique et sociale la mieux partagée. C’est la mondialisation que le mouvement des gilets jaunes a fini par attaquer.

Cette critique est un leurre qui dissimule la faiblesse des nations à s’adapter aux contraintes de la nouveauté.

Cette critique est telle que les preuves du bien fondé de la mondialisation sont inaudibles.

En moins de 20 ans, on ne veut pas comprendre en Occident, en Europe et même aux Etats-Unis, que la valeur des exportations a été multipliée par 5. On a fait 5 fois plus en valeur. Ce qui veut dire que les courants d’ouest vers l’est ont été plus créateurs de richesse et d’activité que l’inverse.

Parallèlement, l'impact social et humanitaire de la valeur des explorations dans le PIB mondial a dépassé les 25%. Le quart de l'activité occidentale dépend en moyenne des pays émergents. La mondialisation n’a pas cessé de croitre au bénéfice des pays qu’on appelait autrefois sous développés. L’extrême pauvreté a pratiquement disparu de la planète sauf en Afrique sub-saharienne. Ce qui veut dire qu’il n’y a plus de famine dans le monde et que la part des populations sous alimentées est inférieure à 10% - elle était encore de 50% à la fin de la deuxième guerre et de 25% en 1970.

L’état de santé s’est amélioré, la mortalité infantile est tombée à moins de 5 pour mille et l’espérance de vie s’est accrue pour dépasser les 75 ans aujourd’hui. On pourrait comparer l’évolution de l’illettrisme, des morts du cancer et toutes les conditions générales de vie.

Au total, l’humanité n’a jamais fait autant de progrès qu’au cours des 20 dernières années. Le détail que l’Occident a du mal à voir, c’est que les progrès ont bénéficié aux émergents et fait du mal aux classes moyennes en Europe ou en Amérique du Nord.

Alors ça ne veut pas dire que la mondialisation ait été parfaite mais elle a engendré une évolution globalement positive des conditions de vie. Que la mondialisation ait entrainé des inégalités insupportables pour certains, c’est évident, mais pas au point de condamner le système. Le syndrome du bébé de la croissance qu’on jette avec l’eau du bain.

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