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Cameron et Hollande appartiennent à deux familles politiques différentes et ont de nombreux points de divergence.
Cameron et Hollande appartiennent à deux familles politiques différentes et ont de nombreux points de divergence.
©Reuters

Tullius Detritus

François Hollande rencontre ce jeudi le Premier ministre britannique, David Cameron, afin de faire avancer les négociations sur la crise de la dette de la zone euro et aborder le thème de la croissance et de l'emploi. Autant de dossiers où les deux hommes ont déjà montré leurs divergences.

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn est spécialiste de l’histoire politique et économique du Royaume-Uni et proche du monde politique anglo-saxon.

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Deux jours après le remaniement ministériel de David Cameron, François Hollande rencontre le Premier ministre britannique à Londres ce jeudi, après avoir rencontré Mario Monti à Rome. Cameron et Hollande appartiennent à deux familles politiques différentes et ont de nombreux points de divergence : le Premier ministre britannique est un conservateur pragmatique qui s’adapte aux réalités économiques et technologiques, tandis que le Président français promet le changement comme François Mitterrand en 1981. Les deux hommes se sont déjà rencontrés plusieurs fois, à Washington le 17 mai 2012 avant le sommet de Camp David, puis le 10 juillet 2012 lorsque le Président français a été reçu à Londres par le David Cameron et par la Reine et enfin au cours des Jeux Olympiques, lorsque François Hollande est venu soutenir les athlètes français.

A priori, tout sépare David Cameron et François Hollande en matière de politique économique. Tandis que le Premier ministre britannique pratique une politique libérale inspirée par les principes d’Adam Smith, le Président français pratique une politique keynésienne inspirée par le New Deal du Président Roosevelt. Depuis le 11 mai 2010, David Cameron a mis en œuvre des réformes économiques plus radicales que Margaret Thatcher pendant son premier mandat, alors que le Président Hollande lance des mesures plus utopiques que les réformes du Président Mitterrand en 1981, alors que la dette publique n’était que de 20% du PIB. Au Royaume-Uni, le budget d’austérité du 22 juin 2010 a tiré la sonnette d’alarme et s’est attaqué au déficit budgétaire laissé par les travaillistes, et le ministre des Finances George Osborne a annoncé 6 milliards de coupes budgétaires, tandis que le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault a annoncé l’augmentation de 25% de l’allocation de rentrée scolaire, l’augmentation du Smic et l’abaissement de la retraite à 60 ans pour les personnes qui ont commencé à travailler à 18 ans, remettant en question la réforme des retraites lancée par le président Sarkozy.

Dans son second budget présenté le 23 mars 2011, le gouvernement de coalition britannique a tenté de réformer l’économie et de relancer la croissance et l’emploi en réduisant l’impôt sur les sociétés de 28% à 26% pour l’année 2011. Le Premier ministre a agi rapidement et a rétabli la crédibilité du Royaume-Uni auprès des investisseurs, tandis que le Président Hollande a déjà lancé une grande réforme de la fiscalité augmentant l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les successions et l’impôt sur la fortune. L’augmentation de la fiscalité du patrimoine ne peut à elle seule financer un programme de dépenses contradictoire avec l’impératif de réduction du déficit public (4,5% du PIB en 2012) et de la dette publique française (90% du PIB en 2012). Au lieu de revaloriser le travail, de rééquilibrer les comptes et d’améliorer la compétitivité de la France, le Président Hollande préfère la facilité et la démagogie.

Dans son troisième budget présenté en mars 2012, le Ministre des Finances britannique a lancé une réforme de la fiscalité et a décidé de baisser l’impôt sur les sociétés de 26% à 24% à partir d’avril 2012, afin de faire du Royaume-Uni le pays le plus propice à la création d’entreprises. L’impôt sur les sociétés devrait être abaissé à 22% d’ici à 2015. Le Royaume-Uni dispose ainsi du taux le plus bas d’impôt sur les sociétés de tous les pays du G7 et se situe 12% en dessous de celui de la France. Le gouvernement britannique a par ailleurs abaissé la tranche supérieure d’impôt sur le revenu à 45%.

La démarche britannique vise à encourager les emplois privés ce qui a permis une baisse du chômage (8,1% en juillet 2012), alors que le Président français a décidé de créer 60 000 emplois publics dans l’éducation et la police, ce qui n’a pas empêché de franchir la barre des 3 millions de chômeurs en France en août 2012 (10%). Tandis qu’au Royaume-Uni, les jeunes obtiennent des contrats à durée indéterminée pour leur premier emploi, en France, les plans sociaux se multiplient et Peugeot PSA licencie 8000 employés.

Au lieu de mener une politique économique vertueuse de lutte contre les gaspillages et de réduction de la place de l’Etat dans l’économie, le Président français s’emploie à multiplier les allocations sans se soucier de l’augmentation des déficits publics. Le Président Hollande se refuse à toute réforme du système de protection sociale, manque cruellement de vision pour la France et se refuse à adapter son pays aux réalités du vingt-et-unième siècle.

Lors de leur dernière rencontre officielle le 10 juillet 2012, le Premier Ministre britannique et le Président français étaient tombés d’accord sur le fait de ne pas augmenter abusivement le budget européen. D’autre part, David Cameron est favorable à une union bancaire entre les nations de la zone euro. La rencontre de jeudi devrait permettre de faire avancer les négociations sur la crise de la dette de la zone euro et aborder le thème de la croissance et de l’emploi.

Le grand terrain d’entente entre le chef d’Etat français et le chef de gouvernement britannique reste pourtant la coopération militaire initiée par Nicolas Sarkozy et concrétisée par l’accord de défense signé le 2 novembre 2010. La France et le Royaume-Uni mènent une politique conjointe en matière de défense afin de faire face à la réduction des budgets et à la montée de la menace syrienne et iranienne. La rencontre de jeudi ne manquera pas d’aborder les projets de défense franco-britannique, le dossier de la Syrie et de l’Iran.

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