Doctor Angela & Mrs Merkel : les concessions en trompe-l'œil de la chancelière au SPD pour mieux faire revenir l'austérité en Europe<!-- --> | Atlantico.fr
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Angela Merkel a été réélue Chancelière d’Allemagne.
Angela Merkel a été réélue Chancelière d’Allemagne.
©Reuters

La jumelle maléfique

Angela Merkel a été réélue Chancelière d’Allemagne. Privée de son allié libéral chassé du Bundestag en raison de son score trop faible, elle a dû mener de longues et âpres négociations avec les sociaux-démocrates pour élaborer un programme commun de gouvernement. Des concessions qui ne devraient pas empêcher la chancelière de continuer à mener une politique de stricte austérité en Europe.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Angela Merkel a été, ce 17 décembre, réélue Chancelière d’Allemagne, et ce pour un troisième mandat de quatre ans. Au-delà du succès électoral, Angela Merkel vient de marcher sur le SPD, mais le parti d’opposition semble satisfait de son sort.

N’ayant pas obtenue de majorité absolue, la première dame s’est vue contrainte de négocier pendant près de trois mois afin d’obtenir une majorité, et ainsi former un gouvernement. Cette négociation s’annonçait rude et les socialistes allemands prévenaient qu’on allait voir ce qu’on allait voir.

Mais la politique européenne ne sera même pas discutée, les électeurs allemands étant majoritairement favorables à la poursuite de la politique menée par la Chancelière. Cette absence de confrontation a abouti à un durcissement de la position allemande sur ce point, c’est l’austérité qui revient en force.

En effet, Jörg Asmussen, représentant allemand au conseil de la Banque centrale européenne, et sans doute jugé trop souple à Berlin pour ce rôle, vient d’être rappelé à un poste de ministre délégué, permettant ainsi de l’exfiltrer du saint des saints. Il devrait être remplacé par Sabine Lautenschläger, puriste de la Bundesbank et fidèle de Jens Weidmann, patron de l’institution monétaire Allemande.

The Economist résume la situation : "Ce qui paraît clair est que Mario Draghi a perdu un allié important dans son effort de garder le soutien populaire et politique allemand, pour la direction qu’il souhaite imprimer à la Banque centrale européenne. Jörg Asmussen a notamment soutenu la politique qui a donné naissance au 'Whatever it takes' (nous ferons ce qui est nécessaire pour sauver l’euro) de Mario Draghi en 2012, et qui a effectivement permis de stabiliser l’euro".

Cette politique de sauvegarde, bien que totalement insuffisante, a abouti à la mise en place des OMT (Outright Monetary Transactions) qui reste aujourd’hui le seul filet de sécurité mis en place par la BCE. Mais cette politique a été vivement critiquée par la Bundesbank, tout comme les dernières décisions jugées laxistes par Berlin.

De son côté, Sabine Lautenschläger, soutenue par le tout puissant ministre des finances Wolfgang Schäuble, s’est notamment illustrée pour son opposition à l’union bancaire, car une telle union ne serait acceptable que dans une logique d’union fiscale. La solidarité demandée par les pays du sud ne peut se traduire que par un transfert de souveraineté complémentaire, à savoir une soumission à des règles budgétaires communes.

En effet, le Financial Times révèle dans son édition du 16 décembre que Jens Weidmann demande un ajustement plus rapide de ses partenaires européens. Le ton est donné, l’inflexion n’aura pas lieu, c’est un durcissement de position immédiat que propose l’Allemagne. C’est ce que nous allons peut être pouvoir constater dès aujourd’hui avec la venue d’Angela Merkel à Paris, mais plus sûrement le 19 et le 20 décembre à Bruxelles, lors de la tenue du prochain Conseil européen.

Mais alors, qu’aura obtenu le SPD ? Car selon Harlem Desir, l’Allemagne serait aujourd’hui à la botte des socialistes européens, et salue "l’inflexion sociale" allemande. En effet, Angela Merkel a consenti à la mise en place d’un salaire minimum, qui devrait voir le jour, dans la réalité….en 2017, soit lors de la prochaine année électorale allemande. Un quelconque ralentissement économique au cours des prochaines années aura raison de cette réforme, qui devrait progressivement être vidée de son contenu. Les victoires du SPD sont relatives à la politique intérieure. Mais au niveau Européen, rien, le consensus s’est forgé sur la notion d’ «Europe forte », c’est-à-dire une Europe de l’austérité.

Le SPD aura finalement obtenu quelques places. Sigmar Gabriel, chef du parti, devient ainsi ministre de l’Economie et de l’Energie ainsi que Vice Chancelier…mais la forteresse des Finances restera sous contrôle de Wolfgang Schäuble. En tout six ministres sont issus des rangs du SPD.

L’Europe de l’austérité vient de reprendre son souffle après trois mois de concertations, et elle revient au moment même où le décrochage Français devient la première source d’inquiétude de la zone euro.


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