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Législatives partielles : tous les enseignements de ce scrutin
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A la loupe

Trois législatives partielles avaient lieu dimanche 9 décembre dans l'Hérault, les Hauts-de-Seine, et le Val-de-Marne. Comment analyser les résultats de ce premier tour ? La crise que traverse actuellement l’UMP a-t-elle pu avoir une incidence sur le scrutin ?

David Valence

David Valence

David Valence enseigne l'histoire contemporaine à Sciences-Po Paris depuis 2005. 
Ses recherches portent sur l'histoire de la France depuis 1945, en particulier sous l'angle des rapports entre haute fonction publique et pouvoir politique. 
Témoin engagé de la vie politique de notre pays, il travaille régulièrement avec la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) et a notamment créé, en 2011, le blog Trop Libre, avec l'historien Christophe de Voogd.

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Atlantico : Trois législatives partielles avaient lieu dimanche 9 décembre dans l'Hérault, les Hauts-de-Seine, et le Val-de-Marne. Comment analysez-vous les résultats de ce premier tour ? Peut-on en tirer des enseignements nationaux ? La crise que traverse actuellement l’UMP a-t-elle pu avoir une incidence sur le scrutin ?

David Valence : Il faut rester très prudent dans l'interprétation de ces résultats. Ils ne portent d'abord que sur un nombre d'électeurs très réduit, comme souvent aux élections législatives partielles -la situation est un peu différente lorsque des municipales partielles sont organisées. D'autre part, le nombre de candidats aux élections législatives partielles est presque toujours inférieur à leur nombre pour une législative classique, avec comme résultat un moindre éparpillement des voix, et des résultats beaucoup plus "concentrés". Les petits partis d'extrême-gauche ou les dissidents sont en général victimes de ces scrutins.

Les électeurs accordent en outre une prime à la notoriété - pas forcément au sortant - lors des partielles, bref une prime aux fortes personnalités, aux élus locaux capables de mobiliser leurs fidèles -d'autres diraient leur clientèle. Enfin, les électeurs confirment souvent leur vote des mois précédents lors d'une élection législative partielle, en ce sens que celui qui a gagné y bénéficie souvent d'une "prime" au premier tour. Mais quand les électeurs se "dédisent", c'est toujours en faveur de l'opposition.

Ceci posé, on pouvait s'attendre à un très bon résultat au 1er tour de Patrick Devedjian dans la 13e circonscription des Hauts-de-Seine. Dans la 1ère circonscription du Val-de-Marne, la situation promettait d'être particulièrement complexe, plus liée à des enjeux locaux que nationaux. La seule surprise, dans ces deux circonscriptions, aurait été une abstention plus massive de l'électorat de la droite républicaine : mais visiblement, le souci de ces électeurs-là d'en découdre avec la gauche au pouvoir a souvent été supérieur à leur dégoût face aux querelles internes à l'UMP.

Dans la 6e circonscription de l'Hérault, l'enjeu était en revanche de taille : la lutte entre François Fillon et Jean-François Copé allait-elle y propulser le FN en tête ou en seconde position au 1er tour, devant l'UMP ? Ça n'a pas été le cas.

Dans les Hauts-de-Seine, un fief traditionnellement acquis à l’UMP, Partrick Devedjian, ancien ministre, président du conseil général des Hauts-de-Seine, était annoncé en difficulté.  Il arrive finalement en tête. Comment interprétez-vous cette remontée inattendue ?

David Valence : On a visiblement surestimé les difficultés de Patrick Devedjian dans sa circonscription. En juin, certains n'auraient pas été mécontents, à droite, de sa défaite. De là à dire qu'ils ont fait voter contre lui, il y a un pas, que je ne franchirai pas ! En l'occurrence, le retour dans l'opposition a permis à la droite de resserrer les rangs dans les Hauts-de-Seine, car elle a peut-être pris conscience du danger que lui faisait courir la division, après des sénatoriales calamiteuses en 2011, des présidentielles et des législatives inquiétantes en 2012.

A Béziers, le scrutin était également observé car le candidat Elie Aboud était sous la pression de la candidate du rassemblement bleu marine France Jamet. Comment analysez-vous le résultat du FN ? A-t-il réussi la percée espérée ?

Le résultat du Front national est très élevé dans la 6e circonscription de l'Hérault si l'on considère que les élections partielles lui sont structurellement défavorables. France Jamet réussit en effet une performance moins modeste qu'il y paraît en maintenant - en légère amélioration - le résultat obtenu par le candidat précédent du Front national en juin de cette année, avec 23,37% en décembre contre 22,54% six mois plus tôt.

En réalité, plus que la progression du candidat UMP (33,62% en juin, 42,61% en décembre), c'est la faiblesse du Parti socialiste (27,7%), malgré un nombre de candidats réduit à gauche, qui est le principal enseignement de ce scrutin. Pour un peu, l'extrême-droite aurait affronté la droite dans cette circonscription !

Certains électeurs de l’UMP qui avaient voté pour la droite en juin ont-ils basculé à l’extrême droite ?

David Valence : Non, pas vraiment ! Certains se sont abstenus, mais plutôt moins qu'au Parti socialiste. Pour les raisons énoncées plus haut, il était prévisible que Patrick Devedjian arrive nettement en tête dans les Hauts-de-Seine. Les deux enjeux de ces élections partielles étaient les suivants : le niveau de la gauche dans la 1ère circonscription du Val-de-Marne et le rapport UMP/FN dans la 6e de l'Hérault. Dans l'Hérault, ce 1er tour a montré une bonne mobilisation de la droite, le maintien du FN à un niveau très élevé, et un résultat très décevant pour la gauche. C'est surtout à gauche qu'on s'est abstenu dans cette circonscription. Sans préjuger des reports de voix, qu'on sait plus complexe que la simple arithmétique, on peut s'attendre à ce que la droite compte un député de plus dimanche prochain, avec Elie Aboud, dans l'Hérault. Quant au Val-de-Marne, la gauche y a fait une très mauvaise affaire, puisqu'un candidat de droite dissident l'y a devancée.

Quoique la participation rende difficile un commentaire agrégé de ces trois scrutins très différents, il reste que la gauche y enregistre des résultats très décevants, y compris dans la 13e circonscription des Hauts-de-Seine, où le candidat de la gauche modérée améliore son résultat de juin, mais avec moins de candidats de gauche en course. Au vu de ces résultats, le PS a peut-être de quoi s'inquiéter...

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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