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Allô maman bobo : quand la science explique pourquoi les femmes ont si souvent le réflexe d’appeler leur mère (plutôt que leur père ou leurs amis)
©Reuters

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Haley Horstman, professeur à l'université du Missouri, a établi que, pour de nombreuses femmes, "narrativiser" ses problèmes et les raconter à sa mère leur permettrait de se sentir mieux.

Catherine Monnot

Catherine Monnot

Catherine Monnot est anthropologue à l'EHESS et professeure d'histoire-géographie dans le secondaire.

Auteure de Petites filles d'aujourd'hui, l'apprentissage de la féminité (Autrement, 2009). Elle vient de publier aux éditions Le Vent se Lève : "Gabriela, Rom de France".

 

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Atlantico : Pourquoi les femmes ont-elles le réflexe d'appeler leur mère (plus que leur père ou leurs amis) pour leur raconter leurs problèmes ? En d'autres termes, les mères occupent-elles une place particulière dans le fonctionnement psychique de leur fille ?

Catherine Monnot : La mère est le premier repère identitaire des enfants en bas âge dans la mesure où la mère s'occupe davantage du foyer et des enfants. Par ailleurs, concernant les filles, la mère est un modèle identitaire, sur laquelle les filles basent leur construction féminine dans les premières années, et qui continue de rester un ''mètre étalon'' dans les années suivantes. La mère transmet sa culture du féminin (vêtements, coiffure, amours, etc.) et constitue donc une interlocutrice privilégiée dans les premières années et encore après lorsque les filles deviennent à leur tour mères.

Pourquoi raconter leurs problèmes à leur mère apaise-t-il les femmes, même si leur mère ne leur apporte pas de solution concrète ?

La relation est placée sous le sceau de l'intimité : on peut dire à sa mère ce que l'on ne dit pas aux autres, ce que l'on n'avoue pas au monde exterieur.

Ce réflexe est-il sain ?

Ce réflexe prouve la solidité du lien mère/fille, en cela il est positif. Mais il y a aussi quantité de filles qui ne vivent pas ce type de relation avec leur mère, car le lien avec celle-ci a été altéré au cours de leur enfance ou plus tard. La confiance peut être rompue, et le lien déplacé vers une autre femme de référence, ou une amie. Par ailleurs, bien souvent, on ne parle pas à sa mère pour la protéger des soucis de notre vie d'adulte, lorsque la mère est (ou est perçue comme) trop fragile. Dans ce cas la fille ''porte'' sa mère plus que l'inverse. Ne pas tout dire à sa mère une fois adulte, c'est aussi une forme d'émancipation, qui est plutôt saine elle aussi.

Se confier à sa mère est-il le propre aux relations mère-fille, ou cela peut-il se mettre en place au sein de relations mère-fils, père-fils... ?

La communication verbale est le propre de la culture féminine. Les hommes vont davantage exprimer leurs émotions par le non-verbal, par exemple en partageant des activités ensemble. Se confier de façon profonde et fréquente est donc plutôt l'apanage du duo mère-fille, mais il ne faut pas croire pour autant que la relation père-fils est moins forte. Elle se vit seulement de façon différente.

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