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Alerte rouge pour l’Europe : quand l'administration Trump ET son ennemi George Soros voient l’UE comme une URSS en phase terminale
©Fabrice COFFRINI / AFP

Crise de l'UE

Mike Pompeo, secrétaire d'Etat des Etats-Unis entamait une tournée européenne ce 11 février, dans une attitude de défiance vis à vis des institutions européennes

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico : En décembre dernier, à Bruxelles, Mike Pompeo demandait aux Etats européens de placer les intérêts de leurs populations avant celles des technocrates, tout en félicitant les pays qui réaffirmaient leur souveraineté. Dans le même temps, George Soros accuse les dirigeants bruxellois de ressembler de plus en plus au Poltiburo lors de l'effondrement de l'URSS. Face à de tels jugements extérieurs, provenant d'anciens "amis"  quel peut encore être le souffle européen pour survivre ?

Maxime Tandonnet : Les Etats-Unis, en particulier les administrations républicaines, n'ont jamais été très favorables à l'Union européenne, privilégiant les relations bilatérales d'Etat à Etat. Maintenant, les propos que vous citez sont symptomatique d'un phénomène qui est celui du bouc émissaire. Parler de Politburo de l'URSS est totalement excessif et déplacé. L'Europe, non pas en tant que l'Union européenne (UE), mais qu'entité géographique regroupant quelque 500 millions d'hommes et de femmes, réunis par une histoire et un patrimoine culturel commun connaît une crise grave à l'échelle des décennies. Son déclin démographique, technologique, scientifique est profond et durable. Elle vit dans la hantise de son passé – esclavagisme, colonialisme – source de la repentance. Elle se révèle totalement divisée, impuissante et démunie face à un événement comme la crise migratoire de 2015-2017. Elle se déchire entre une Allemagne puissante économiquement et les pays du Sud en pleine débâcle industrielle. Des forces impressionnantes de la division sont à l'oeuvre: Brexit, conflit franco-italien, montée des votes anti-système. Alors, dans ce contexte dramatique, de malaise extrême, l'UE, est la victime émissaire toute trouvée. Il est facile pour les Américains comme pour les Européens eux-mêmes, d'en faire la responsable de tous les maux. L'idéologie et les fantasmes s'emparent de la question européenne. Les pourfendeurs de L'UE et ses adorateurs – qui accusent les premiers de lèpre populiste – se livrent à une guerre idéologique totalement déconnectée des faits et du monde des réalités. La vérité, c'est que l'UE n'est en rien un colosse tout puissant qui imposerait sa loi d’airain aux Etats. Elle n'est pas la principale responsable de la tragédie européenne qui a des causes bien plus profondes de civilisation. Mais elle n'a pas non plus été capable de l'empêcher ni même de l'atténuer.

Quelle pourrait être la nature d'un sursaut européen, et quel pourrait être le vecteur politique d'une telle transformation ? 

Qu’est-ce que l’Europe avant tout ? Une réalité géographique, culturelle, historique, économique, un ensemble de nations unies par une solidarité extrêmement forte face aux menaces planétaires. Il faut réfléchir à une refondation de l’Europe sur des bases différentes. Il faut moins de bureaucratie, de normes, de directives et règlements, de jurisprudences, imposées depuis Bruxelles. Il faut au contraire, davantage de volonté politique commune, de mise en commun des forces, des moyens, des interventions conjointes par exemple pour combattre les passeurs criminels et esclavagistes qui sévissent au sud de la Méditerranée et accumulent des fortunes gigantesques au prix du sang et des larmes de millions de personnes. Il faut que l’Europe mette en commun ses forces économiques pour soutenir le développement économique et social des pays du Sud. Moins de bureaucratie, plus de politique et de volonté : voilà la clé de l’avenir. La question n’est pas « plus ou moins » d’Europe, mais de penser l’Europe autrement, dans une perspective dynamique et de bon sens. A l’origine du traité de Rome en 1957, il avait un sens très précis : « une union toujours plus étroite entre les peuples. » Il faudrait se poser la question : pourquoi l’Europe donne-t-elle le sentiment de s’éloigner tous les jours un peu plus de cet idéal européen? Et comment refonder une Europe sur des bases plus démocratiques et proches des préoccupations des Européens ? Mais est-on seulement capable d’ouvrir les yeux  à ce sujet ? Rien n’est moins évident tant les dogmes et les tabous ruinent toute tentative de réflexion. Et puis, il y a l’héritage gaullien de l’Europe, celui de la réconciliation franco-allemande et celui du plan Fouchet. Enterré en 1960, ce dernier voulait une Europe fondée, non sur des règles bureaucratiques, mais sur la volonté commune de gouvernements agissant collectivement, dans le cadre d’une politique unifiée. La question n’est évidemment pas de revenir sur de vieux débats qui remontent à plus d’un demi-siècle. Elle est plutôt de s’inspirer des messages des pères fondateurs de l’Europe, dans leur diversité, de Monnet à de Gaulle, pour tenter de définir une nouvelle voie et de réconcilier l’Europe avec elle-même.

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