Al-Qaïda cherche des loups solitaires contre la France : mais y a-t-il beaucoup de candidats potentiels dans le monde musulman ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un taliban en Afghanistan, image d'illustration.
Un taliban en Afghanistan, image d'illustration.
©KARIM SAHIB / AFP

Nouvelle menace

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) a menacé de frapper un « ministère » à Paris et de détruire une «ambassade suédoise», dans le dernier numéro de son magazine Sada al-Malahim.

Antoine Basbous

Antoine Basbous

Antoine Basbous est associé de Forward Global, politologue et directeur de l’Observatoire des pays arabes.

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Atlantico : Al-Qaïda menace la France et la Suède d’une attaque terroriste dans le dernier numéro de son magazine. Pourquoi cette menace maintenant ?

Antoine Basbous : La menace a été postée pour coïncider avec la date du 11 septembre. Mais comme les dirigeants d’Al-Qaïda ont été décapotés et leur structure est désorganisée, elle est arrivée plus tard.  

Son objet est de susciter des vocations pour que des islamistes commettent des attentats. Et ils cherchent à rappeler qu’ils existent toujours   L’organisation terroriste veut réveiller « les loups solitaires » et les inciter à agir. Cet appel est un coup de Com pour faire du bruit et pour attester que le mouvement n’a pas totalement disparu. Mais précisons que ce n’est pas pour autant qu’Al-Qaïda est en mesure d’organiser aujourd’hui  une attaque structurée en France comme celles de 2015. Même s’il est vrai que les islamistes ont le vent en poupe dans le Sahel et que l’influence de Paris est en perte de vitesse et qu’en Afrique du Nord, elle est de plus en plus réduite.

Al-Qaïda cherche à recruter des gens. Avec la polémique récente sur l'abaya, quelle est l'image de la France dans le monde musulman ?

Les peuples musulmans admirent les régimes et les hommes forts. Une démocratie leur paraît molle donc faible. L’expérience du voile islamique à l’école qui a nécessité 15 ans de débats houleux - qui ont beaucoup nui à l’image de la France en la présentant comme islamophobe - avant le vote de la loi de 2004 est l’illustration de cette « faiblesse ».  Les islamistes cherchent à culpabiliser la france en jouant le rôle de victime. Et sans reconnaître les vertus de la laïcité qui permet à chaque Musulman d’exercer sa foi plus librement que dans les pays islamiques.  Pour les islamistes, l’abaya représente une opportunité pour rallumer la querelle, créer une société parallèle à celle des « impies » et cultiver une clientèle, en rupture avec la société française et ses valeurs. L’intégration des immigrés est l’ennemi premier des islamistes.

Que ce soit au Maghreb, au Sahel, au Moyen-Orient… la France a des difficultés avec de nombreux pays musulmans. C’est la diplomatie version Emmanuel Macron qui bloque ?

Le seul endroit où la diplomatie d’Emmanuel Macron a porté ses fruits, c’est en Irak avec le rétablissement d’une relation qui a eu ses heures de succès.

Pour le reste, le bilan est mitigé. Dans la zone sahélienne, la France n’est plus la bienvenue. En Afrique du Nord, les relations sont glaciales avec le Maroc. C’est presque la rupture. Avec l’Algérie, la France a fait beaucoup de concessions qui ne sont pas récompensées. La Tunisie s’est rapprochée davantage de l’Italie et de Bruxelles. Ne parlons pas de la Turquie. 

Les ancrages français s’effritent dans les pays musulmans, excepté l’Irak. 

Emmanuel Macron a engagé un bras de fer avec certains pays africains à majorité musulmane. Le Burkina Faso veut expulser l’attaché militaire français. Au Niger, le Président français affirme que son ambassadeur est pris en otage... 

En étant objectif, on ne voit pas les fruits positifs de cette diplomatie. C’est beaucoup d’échecs et peu de réussites. L’approche est décalée de la réalité d’aujourd’hui. Notre logiciel ne fonctionne plus car il n’est pas actualisé. 

La France doit tenir compte que beaucoup de pays cherchent à s’émanciper et à traiter en égal avec l’ex puissance coloniale. Il faut les regarder tels qu’ils sont et pas comme on les a connus au siècle dernier. C’est une nouvelle étape dans la décolonisation, de nature politique.

Antoine Basbous est fondateur de l'Observatroire des Pays Arabes.

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