Afghanistan : une guerre perdue pour les États-Unis ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des forces de sécurité afghanes visant une position tenue par les Talibans, en février 2021.
Des forces de sécurité afghanes visant une position tenue par les Talibans, en février 2021.
©NOORULLAH SHIRZADA / AFP

20 ans pour rien ?

Après vingt ans de guerre, des milliers de morts et près de 1000 milliards de dollars de dépenses, les Etats-Unis ont décidé de se désengager d'Afghanistan. Les Talibans jubilent.

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy est enseignant en géopolitique à l'Université Catholique de Lille, à l'Institut Supérieur de gestion de Paris, à l'école des Hautes Études Internationales et Politiques. Il est également président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). 

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Atlantico : Après vingt ans de guerre et un engagement important tant financier que militaire par les États-Unis en Afghanistan, un taliban a déclaré aux journalistes de la BBC la phrase suivante : « nous avons gagné et les Etats-Unis ont perdu ». Est-ce effectivement une défaite à laquelle on assiste pour les pays Occidentaux engagés et notamment pour les Etats-unis ? Quel est le bilan de ces années de guerre ? 

Emmanuel Dupuy : Le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stolenberg ne dit pas autre chose, en déclarant, que « cette guerre n’est plus gagnable » et de rajouter cependant que « l’OTAN ne peut se permettre de la perdre piteusement ». 

Le bilan sur le plan militaire, financier et diplomatique est ainsi particulièrement lourd pour les Etats-Unis, principal acteur de la lutte contre le terrorisme et de la lente stabilisation afghane. Depuis la première opération américaine sur le sol afghan, en date du 26 septembre 2001, en réponse aux attaques du 11 septembre 2001, orchestrées par Al Qaeda qui avait trouvé refuge en Afghanistan auprès des Talibans, 2300 militaires américains ont été tués et 20 600 blessés. Au plus fort de l’engagement américain - période dite du « surge » entre 2009 et 2011 - jusqu’à 110 000 soldats ont été déployés, au sein de la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS) de l’OTAN. C’est sans compter les quelque 8000 sous-traitants américains déployés au sein de sociétés militaires privées, comptabilisées par l'US Congress Research.

La mission otanienne, bien qu’ayant compté jusqu’à 150 000 hommes issus de 48 Etats, a vainement tenté de juguler l’insurrection talibane et les actions menées par Al Qaeda, puis de l’Etat Islamique, à partir de janvier 2015. Les alliés européens et otaniens, dont la France, ont également payé un lourd tribut, eu égard aux faibles résultats obtenus en 20 ans de présence internationale ininterrompue, avec 1000 morts, dont 90 militaires français décédés et 700 blessés entre novembre 2001 et décembre 2014, date du départ du contingent militaire français. Par ailleurs, et surtout, selon l’Uppsala Conflict Data Program, 38 000 civils afghans et 65 000 militaires et membres des forces de sécurité afghanes ont été tués, sans oublier les 60 000 Afghans blessés, entre 2001 et 2020. La mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (UNAMA) estime, quant-à-elle, que près de 111 000 civils auraient été tués ou blessés depuis 2009.

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Au-delà de ce tragique bilan humain, s’ajoute un gouffre financier pour les Etats-Unis et la Communauté internationale. Le Brown University’s Costs of War Project estime autour de 978 milliards de dollars, les montants dépensés entre 2001 et 2019 par les Etats-Unis tant en Afghanistan qu’en tenant compte des bases utilisées au Pakistan. Ce sont désormais 4 milliards de dollars par an que les Etats-Unis dépensent, pour tenir à bout de financement extérieurs des administrations et un gouvernement qui dépend en très grand partie (2/3) du financement extérieur. S’il n’eut été cette implication financière structurante des Etats-Unis, l’Afghanistan aurait été incapable de fonctionner sur son budget propre, ni de disposer d’une armée, certes volumineuse (352 000 personnels), relativement bien entraînée (notamment, à travers la mission française Epidote entre 2002 et 2014), mais fortement inopérationnelle. L’on estime, en effet, que les Afghan Security Forces (ANSF) et l’Afghan National Army (ANA) ne sont effectives qu’à raison de 50 à 70% de leurs capacités.

Du reste, ni le prix du sang évoqué précédemment, ni la pluie incessante de dollars n’auront eu raison d’une insurrection talibane, qui avoisine désormais les 60 000 à 80 000 combattants et contrôlerait de 30% à 40% du territoire afghan. Néanmoins, la stratégie des Talibans vise surtout à « cantonner » les forces de sécurité dans leurs camps, en les harcelant et en contrôlant de facto les zones rurales, tandis que le gouvernement conserve encore la maîtrise des grandes villes. 

Cependant, les Talibans étaient quasiment exsangues militairement en 2017-2019, alors que la présence américaine aura été sensiblement réduite à 14 000, puis 8600, à aujourd’hui, 2500 personnels (auxquelles s'ajoutent près d’un millier de membres des forces spéciales, comme récemment révélé par le New York Times). En résumé, le départ « sans conditions » des 3500 soldats américains, sans oublier les 7000 militaires issus de 36 Etats, désormais sous l'égide de la mission otanienne « Resolute Support », d’ici le 11 septembre prochain, symboliquement 20 ans après les attentats qui en avait provoqué leur venue est un cinglant aveu d’échec pour l’ensemble de la Communauté internationale. 

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Les Talibans reconnaissent eux-mêmes qu’ils n’auraient pu gagner militairement, si les Etats-Unis étaient restés. Ainsi, le principal reproche à faire à l’Administration Obama, comme à celle de Trump, ainsi qu’à celle fraîchement engagée sur le dossier, derrière le Secrétaire d’Etat, Anthony Bliken, le Secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, ainsi que l’envoyé spécial de Washington, Zalmay Khalilzad - engagé dans la négociation avec les Talibans depuis 2014 et plus spécifiquement à l’aune de l’accord scellé entre les Etats-Unis et les Talibans, le 14 février 2020 - est de « donner sur un plateau » le pouvoir aux Talibans ! Ces derniers, devraient donc revenir au pouvoir, sans coup férir, contrairement à 1996, quand ils avaient conquis militairement le pays. Cette fois-ci, ils reviennent à Kaboul, sans avoir réellement changé malgré leurs dires, avec la bénédiction tacite des Etats-Unis et de leurs alliés que  nous sommes, piégés dans cette stratégie de sortie unilatéralement décidée par Washington seul. 

Les mots ont, en effet, un sens ! 

Un retrait militaire, désormais annoncé comme total, ne peut-être que la conséquence et non pas la condition d’un accord de paix. Du reste, la paix n’est pas tant question de dates imposées par chacune des parties, mais devrait découler davantage de conditions mutuellement acceptées. On en est très loin...

Quelles sont les raisons de cette défaite ? Cette guerre était-elle indubitablement vouée à être perdue ? 

Elles sont multiples. Pour tenter d’y répondre, il convient de se poser deux questions préalables : pouvait-on gagner cette guerre (en 2001) ? Le pouvons-nous aujourd’hui ? 

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En intervenant en Afghanistan, les Etats-Unis entendaient punir et décapiter l’organisation terroriste qui lui avait déclaré la guerre en s’attaquant à son territoire. Il en a résulté - dans les premières semaines du déploiement de troupes et bombardements de la coalition internationale menée par les Etats-Unis - les premières opérations de la « guerre contre le terrorisme » chère à George Bush. 

Le but revendiqué de l’opération « Enduring Freedom » était, d’ailleurs, moins de stabiliser ou même de reconstruire le pays, que de capturer Oussama Ben Laden et de chasser Al Qaeda du pays. Or, il faudra attendre le 2 mai 2011 pour que les Etats-Unis estiment - hâtivement - qu’en tuant Oussama Ben Laden, Al Qaeda serait « décapitée ». Pourtant, ce dernier a été tué non pas en Afghanistan, mais au Pakistan, au coeur de l’Establishment militaire pakistanais, à Abbottabad. 

Ce paradoxe offre la première des réponses à votre question. 

Alors que les Etats-Unis se sont montrés très généreux avec le Pakistan - 14,5 milliards de dollars depuis 2002, sous l’égide du programme Coalition Support Fund (CSF) - en échange de la promesse de lutter avec plus d'efficacité et de diligence contre ses propres talibans, réunis sous l’égide du mouvement Tehrik-e-Taliban (TTP), Islamabad n’a eu de cesse de « protéger » les Talibans afghans réfugiés de l’autre côté de la Ligne Durand - notamment dans les zones tribales -. Cette frontière est d'ailleurs l'objet d’un contentieux frontalier fratricide entre l’Afghanistan et le Pakistan depuis 1949, que d’aucuns font remonter aux trois guerres anglo-afghanes (1839-1842 ; 1878-1880; 1919). 

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C’est ce double jeu ancien et exacerbé par les services de renseignement pakistanais (ISI - Inter Services Intelligence), que plusieurs haut responsables afghans estiment être le véritable nœud gordien de l’instabilité quarantenaire de l’Afghanistan. C’est notamment le cas du premier vice-président afghan, Amrullah Saleh. Plusieurs attentats contre sa personne sembleraient accréditer que les responsables du chaos afghan sont le plus souvent situés à ses Marches. 

L’administration Trump avait semblé le comprendre, en imposant à Islamabad un certain nombre de conditions, perçues comme autant d’avertissements, dans le cadre de la « nouvelle stratégie pour l’Asie »  présentée par Donald Trump à Fort Myer (Virginie) en août 2017. L’ancien président n’avait-il pas hésité à faire mention du Pakistan comme ayant été «  un grand allié, mais qui a hébergé les terroristes, Ben Laden, tandis que nous versions des milliards et des milliards de dollars » ?

Cette situation prévaut, du reste, toujours…

L’autre triste réalité qui pourrait répondre à votre interrogation, réside dans la concomitance entre narco-trafic et puissance financière des Talibans. 

Alors que l’on estime que 15% du produit national brut afghan, soit 2,5 milliards de dollars par an, provient du narco-trafic, nul étonnement que de constater que, depuis l’intervention internationale en 2001, la production d’opiacés aura été multiplié par 40 ! La plupart des champs de pavot se situent, du reste, dans des territoires désormais sous l'autorité des Talibans. Ces derniers, comme beaucoup à Kaboul, ont ainsi intérêt à mettre un voile pudique sur ce puissant moteur de l’insurrection depuis 2001, comme du reste, il le fut durant la guerre civile qui a saigné le pays entre 1989 et 1992.

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Enfin, comme l’avait évoqué, Robert Kaplan en janvier 2019, dans un article du New York Time au titre prémonitoire « Time to Get Out of Afghanistan » , les Etats-Unis n’entendent pas - en tout cas, plus - cautionner l’incongruité qui consiste à «  mourir en Afghanistan pour que la Chine obtiennent tous les marchés ». Le souhait d’établir aux frontières de la Chine un Containment (endiguement) strict de son influence et rayon d’action économique, culturel et diplomatique constitue, également, une des principales motivations américaines pour quitter l’Afghanistan, tout en se redéployant en Asie centrale (vraisemblablement en Ouzbékistan). 

Il en va de même pour les Etats-Unis qui cherchent à veiller à ce que l’Inde soit plus active en Afghanistan, et en confirmant un durcissement de positions contre Islamabad, devenu, à l’aune du «  Corridor économique Chine-Pakistan » dans le cadre du méga-projet chinois « Belt and Road Initiative » (BRI), partenaire privilégié de Pékin en Asie du Sud…au grand dam de Washington.

L’État Afghan ainsi que la population sont-ils les grands perdants du conflit ? À l’avenir, quelles seront les conséquences pour le pays ? Ainsi que pour le reste du monde ? 

Il convient d’attendre les attendus de la future Conférence d’Istanbul - prévue du 24 avril au 4 mai prochain - et sensée mettre à la même table des négociations - sous couvert de l’ONU - les Etats-Unis, l'Inde, la Russie, la Chine, le Pakistan, la Turquie et le Qatar, sans oublier l’Iran et les Talibans (qui ont tous deux décliné). Néanmoins, on peut sans doute déjà affirmer que, dans la continuité des pourparlers directement engagés depuis septembre dernier, à Doha, entre Talibans et représentants du Gouvernement afghan, les grands perdants seront les Afghans eux-mêmes.

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Les Talibans ont beau répéter, avec la même insistance suspecte, qu’ils ont changé depuis 1996-2001, quand ils étaient à la tête de l’Afghanistan, rebaptisé par leurs soins, «  Emirat islamique d’Afghanistan ». C'est du reste, comme cela qu’ils entendent rebaptiser l’Afghanistan, comme ils l’ont répété à maintes reprises. Les Talibans respecteront-ils le droit des femmes et des minorités ? Autoriseront-t-il les jeunes filles à aller à l'école ? Rentreront-ils dans le « jeu politique », alors qu'ils refusent toujours catégoriquement de participer aux élections anticipées que le président Ashraf Ghani n’a eu d’autre choix d’accepter, dans le fil de la lettre comminatoire qui lui avait été adressé par Anthony Blinken ? Ce sont ces mêmes Talibans qui refusent, du reste, toujours, le respect de la Constitution de 2004, qui fait pourtant consensus.

Cette conférence, comme celle qui l’a précédée, à Moscou, le 18 mars dernier, devrait également confirmer une certaine forme de marginalisation diplomatique européenne. La proposition de Sommet formulée par les Etats-Unis n’en révèle pas moins également un choix partial des participants régionaux à la table des négociations. Ces deux réalités semblent, du reste, parfaitement assumées par les Etats-Unis. Il s’agit là, aussi et surtout de la résultante de l’insuffisante ou tardive motivation de Bruxelles et des 27 états membres à se positionner en Eurasie, en Asie Centrale, en Asie du Sud et, par continuité, dans la zone Indo-Pacifique.

En ne choisissant que l’Iran, la Chine et le Pakistan comme partie prenante de la Conférence d’Istanbul, les Etats-Unis marginalisent, en premier lieu, les trois autres pays riverains d’Asie centrale (Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan), alors que ces derniers cherchent pourtant à s’y repositionner militairement et diplomatiquement. Washington semble ainsi oublier que la solution de stabilisation et de reconstruction passe inévitablement par le voisinage, comme l’attestent les conférences Heart of Asia et le processus dit d’Istanbul, dont la dernière réunion s’est tenue, à Douchanbé, au Tadjikistan, le 29 mars dernier.

Par ailleurs, en n’invitant, ni à Doha, ni à Moscou et ni à Istanbul, aucun pays européen, encore moins ceux qui constituent les plus gros contingents de l’opération otanienne « Resolute Support » - à l’instar de l'Allemagne, qui y déploie 1300 hommes, ou encore de l’Italie, qui y a envoyé 900 militaires - les Etats-Unis consentent-ils tout au plus à placer la conférence, sous l’égide de l’ONU, alors que son Secrétaire général, Antonio Guterres, a nommé, il y a quelques jours, le diplomate français Jean Arnault comme son Représentant spécial pour l’Afghanistan et la région. 

Enfin, pour répondre à votre question plus spécifiquement, et sans attendre la tenue ou non de la Conférence d’Istanbul, il suffit de prendre très sérieux les propos d’Ahmad Massoud, fils d’Ahmed Chah Massoud, quant aux risques certains d’une reprise de la guerre civile, en cas de retour négocié des Talibans à Kaboul. Les velléités de réarmement de milices d’auto-défense, à l’instar du Mouvement de Résistance pour la Justice, composé d’Hazaras, qui a abattu dans la province du Wardak un hélicoptère de l’ANA, tuant 9 militaires afghans, le 18 mars dernier, fait craindre le pire.  

Le fils du Commandant Massoud - tué le 9 septembre 2001, dans le contexte d'un macabre jeu de domino qui a abouti au 11 septembre aux Etats-Unis - venu à Paris, fin février, pour le dévoilement d’une plaque et l'inauguration d’une allée en mémoire de son père, n’hésite plus à indiquer que chaque ethnie prépare cet inéluctable retour des Talibans au pouvoir, avec appréhension, mais, néanmoins sans naïveté. Le légendaire « Lion du Pandjchir », était venu à Paris et à Strasbourg, en avril 2001, alerter des dangers que faisait peser l’enkystement et la capacité d’attraction de plusieurs milliers de combattants d’Al Qaeda en Afghanistan. Peu de personnes l’avaient écouté alors ! 

Vingt ans plus tard, presque jour pour jour, son fils unique, désormais à la tête de la Fondation Massoud et du Front pour la Résistance, est revenu à Paris, nous dire, à peu près la même chose. Le contexte a bien sûr changé, mais indiscutablement la chute du Califat en Irak et en Syrie aidant, un retour des Talibans « aux affaires » et au pouvoir, entraînerait inexorablement un effet d’attraction pour des centaines de combattants étrangers, désormais « désoeuvrés » , à la manière de ceux qui avaient rejoint l’EI à Raqqa, en Syrie ou encore à Mossoul, en Irak.

Sachons ainsi écouter la mise en garde d’Ahmad Massoud afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs nous ayant amené à l’inextricable situation dans laquelle les Afghans se trouvent actuellement. Ces derniers sont pris en otage entre leur ardent désir de paix, enfin, et leur certitude, néanmoins, que la négociation engagée avec les Talibans est dangereuse pour leur avenir...

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