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Afflux d’investisseurs en France. Mais si Disney est accueilli à bras ouverts, les Chinois, eux, sont, beaucoup moins bien reçus
©Loren Javier / Flickr / CC

Atlantico Business

2 milliards d’investissements nouveaux dans le parc d’attractions de l’est francilien, Disneyland Paris voit ses ambitions grandir dans l’Hexagone. Mais les Chinois qui veulent acheter des aéroports restent sur le tarmac.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Bob Iger, PDG de Disneyland, a annoncé son intention d’augmenter encore un peu plus la taille du géant touristique, première fréquentation d’Europe en termes de visiteurs et 6,2% de nos recettes nationales. Pour le parc d’attractions, 2 milliards de nouveaux investissements, cela représente presque 30% des sommes investies jusqu’à présent.

Pour justifier un tel investissement, on peut bien entendu évoquer l’aspect économique.

S’agrandir grâce à de nouvelles zones à thèmes – la Reine des Neiges, Marvel et Star Wars – pour un parc tirant ses recettes des ventes de tickets d’entrée, des boutiques Disney mais aussi des nuitées vendues dans les hôtels du parc d’attractions, c’est surtout un bon moyen d’inciter les visiteurs à rester une journée de plus et donc à consommer plus. 

C’est la même recette qu’a pu suivre le Club Med en réinvestissant à bloc dans les Alpes : offrir de meilleures prestations pour avoir des recettes par tête en hausse.

Mais le choix de réinjecter des liquidités dans une entreprise qui a du être à deux reprises recapitalisée par sa maison mère, retirée de la bourse, dans un pays qui a été touché par une baisse de fréquentation des visiteurs étrangers en 2016 à la suite d’attentats terroristes est surtout qualifié comme un « vote de confiance pour la France » selon les mots du PDG. 

Disneyland fait suite à Amazon qui a ouvert un nouvel entrepôt de 1000 personnes dans l’Essonne, à Fujitsu qui a investi dans un laboratoire dédié à l’intelligence artificielle ou à HSBC qui a annoncé son repli du Royaume-Uni vers la France. 

Tous ces mouvements correspondent à la logique des marchés. Le montant des liquidités dans le monde est important et les investisseurs recherchent les opportunités les plus profitables. Disney en fait partie. La région parisienne est devenue la première destination touristique du monde pour des séjours de 5 à 7 jours. Avec à proximité l’aéroport de Roissy, la tour Eiffel , le Louvre et les Galeries Lafayette à moins d’une heure, le Mont St Michel et les châteaux de la Loire à moins de 3 heures. Encore mieux que Las Vegas.

Les capitaux étrangers sont donc accueillis à bras ouverts. Le problème se pose quand ces investissements portent sur des entreprises plus stratégiques comme les aéroports. Ainsi, les Chinois se voient refuser celui de Toulouse alors que toutes les études les donnaient gagnants de la partie. Quand les fonds d’investissement américains visent les grandes entreprises françaises, le monde des affaires se met à trembler et les syndicats craignent immédiatement pour leur emploi. Les dossiers préoccupants aujourd’hui s’appellent L’Oréal ou Danone, des multinationales françaises où il pourrait y avoir des mouvements de capitaux. Chez Danone, parce qu’il n y a pas d’actionnaire de référence et que l’entreprise a toujours été très convoitée pour ses performances et son éthique. Chez L’Oréal, parce que le pacte qui liait Nestlé à la famille Bettencourt va tomber fin mars et que Nestlé est poussé par les fonds américains à changer de stratégie. 

Du coup, le gouvernement a remis sur la table le décret Montebourg qui protège les entreprises françaises en cas d’attaque non conventionnelle par des spéculateurs en l’élargissant aux domaines jugés stratégiques où les intérêts et capitaux français seraient mis à l’abri.

Cela dit, si l’industrie est demandeuse de mesures protectionnistes au niveau financier, la French Tech s’en effraie. Le rayon des jeunes pousses de la French tech est financé en bonne partie par l’étranger. Si les startups ont réalisé un record de levée de fonds en 2017, c’est que la majorité des levées vient de co-investissements de fonds internationaux ; venant du Royaume-Uni (32%) et des Etats-Unis (34%). 

L’idée de voir l’intelligence artificielle rentrer dans le champ des secteurs stratégiques ? Olivier Mathiot, président de l’association France Digitale, s’en effare. « Nous avons créé notre association sur l’idée que le numérique n’est pas un secteur à part. Dans la liste des secteurs concernés, selon ce que nous savons à l’heure qu’il est, il y a l’intelligence artificielle. C’est encore moins un secteur. Il y en a partout». « L’impression que cela produit sur les investisseurs internationaux c’est que la France est un pays où pour faire des affaires il faut demander l’autorisation du gouvernement». La limite entre Choose France et Avoid France s’avère infime. Tout est une question d’arbitrage.

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