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Accords de Paris : pourquoi la sortie probable de l'Amérique de Donald Trump ne devrait pas avoir d'impact majeur sur la lutte contre le dérèglement climatique
©JIM LO SCALZO / POOL / AFP

Géant vert

Le président américain ne cherche peut-être qu'à marquer les mémoires, mais les Etats-Unis céderont certainement leur place à la Chine, qui entend devenir le nouveau leader mondial en terme de lutte contre le réchauffement climatique...

Jean-Paul Maréchal

Jean-Paul Maréchal

Jean-Paul Maréchal est Maître de conférences en Science économique à lUniversité Paris Sud. Il est l'auteur de l'ouvrage Chine/USA. Le climat en jeu, Paris, Choiseul, 2011, 116 p.

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Atlantico : Selon plusieurs médias américains, Donald Trump aurait décidé de retirer les Etats Unis des accords de Paris. En réponse, Donald Trump a pu simplement indiquer qu'il communiquerait sa décision au cours des prochains jours. Au-delà de la décision elle-même, que changerait réellement un retrait américain sur les effets recherchés par les accords ?

Jean-Paul Maréchal C'est un jeu difficile que de prévoir l'avenir, et donc de savoir ce que provoquerait un retrait des Etats-Unis. Il y a plusieurs hypothèses possibles : la première, c'est que cela entraînerait la défection d'autres pays. La seconde, c'est que cela ne changera pas grand-chose, cela renforcera même le rôle de la Chine dans la lutte contre le changement climatique. Ce retrait est en fait une très bonne chose pour Pékin. Les Chinois répètent qu'ils sont prêts à mener la lutte. Notamment le représentant du gouvernement pour l'écologie en Chine, Xie Zhenhua, a expliqué il y a quelques semaines, que la Chine était prête à prendre le rôle de leader. On a vu ça lors du sommet de Marrakech, où on en savait pas trop ce que le président américain allait faire. Les Chinois l'ont mis en garde que se retirer de l’Accord de Paris seait un camouflet pour tous les pays du monde. La Chine n'est plus du tout sur la position selon laquelle si les Américains n'y vont pas, les Chinois leur emboiteront le pas. C'est aujourd'hui exactement le contraire de ce qu'il s'est passé en 2009 lors du sommet de Copenhague. On est vraiment dans une position où la Chine et l'Europe veulent rester dans l’accord de Paris. J'imagine mal un ensemble de défections en chaîne. L'accord de Paris est extrêmement souple : il ne comporte pas d'objectif chiffrés contraignants. Il n'y a que quelqu'un comme Trump pour vouloir marquer les esprits en partant. Il faudra peut-être voir du côté du Canada ou de la Russie pour chercher des défections. Il faut savoir que 144 pays ont ratifié l’accord de Paris ; ils représentent plus de 80% des émissions de CO2 dans le monde. 

D'un point de vue diplomatique, et notamment vis à vis de la Chine, que changerait une telle décision de la part des Etats Unis ?

C'est une excellente nouvelle pour les Chinois dans la mesure où, sur les questions environnementales, les Etats-Unis dégradent leur image. La première fois c’était en 2001, avec le retrait décidé par Bush du protocole de Kyoto. Aujourd'hui, il y a un facteur aggravant : pour Kyoto, les Etats-Unis n'avaient pas ratifié l'accord. Tandis qu'ils se sont engagés sur l’accord de Paris. Ils reviennent sur leur parole, ce qui les discrédite énormément. Si on ne peut pas faire confiance à un pays pour un accord qu'il a accepté lui-même, qu'en est-il pour les autres accords? 

Du côté français, quels ont été les engagements pris, et quels ont été les avancées réalisées ? La France sera-t-elle en mesure de satisfaire à ses engagements pris en décembre 2015 ?

Les engagements français sont aussi des engagements européens. La France et l'Europe vont continuer sur leur lancée. L'UE a prévu de réduire d’ici 2030 de 40% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Et rien n'indique que cela ne sera pas fait. On imagine mal l'Union Européenne renoncer à l’accord de Paris dont elle a été l’un des moteurs esentiels. Je ne pense pas que le départ des Etats-Unis va les mettre à mal le régime climatique mondial. Et cela pour une raison simple : l’accord de Paris n’est pas un accord contraignant. Dans le fond, on ne voit pas  quel intérêt aurait un pays à revenir sur son engagement dans la mesure où il s'est engagé sur des mesure qu'il a lui-même proposées. Le départ des Etats-Unis risque de ne pas changer grand-chose car il y a déjà 30 Etats américains qui vont continuer à lutter contre le changement climatique indépendamment du gouvernement fédéral. Il y a également de nombreuses entreprises américaines  qui vont également continuer dans la même voie car elles y ont un intérêt sur le plan économique. Celles qui sont sur des créneaux tels que les technologies vertes ne vont pas les abandonner. Je pense que, finalement, le retrait américain de l’accord de Paris sera moins grave que celui du protocole de Kyoto dans la mesure où il ne retardera pas vraiment la mise en œuvre de certaines mesures.

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