A vos CV : pourquoi les Anglo-saxons adorent recruter des Français <!-- --> | Atlantico.fr
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Un recruteur anglais a publié sur le réseau social Linkedin un texte vantant les qualités professionnelles des Français.
Un recruteur anglais a publié sur le réseau social Linkedin un texte vantant les qualités professionnelles des Français.
©Reuters

Elite hexagonale

Un recruteur anglais a publié sur le réseau social Linkedin un texte vantant les qualités professionnelles des Français. Malgré ses défauts, notre système de formation produirait en effet des perles rares.

Nathalie Lorrain

Nathalie Lorrain

Nathalie Lorrain est la directrice du cabinet Itinéraires Interculturels = I² spécialisé en conseil et formation en management interculturel. 

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Atlantico : L'appel d'un recruteur anglais publié sur LinkedIn (à lire ici), vante les mérites des Français. Concrètement, quelles sont les compétences particulières apportées par la formation "à la française" dans un contexte international ?

Nathalie Lorrain : La formation en études supérieures, mais aussi dans le secondaire en France, met l’accent sur la structuration de la pensée, sur le cartésianisme. Dès le plus jeune âge, nous sommes éduqués pour répondre à une question posée sous forme de dissertation : thèse, antithèse, synthèse. Cela permet aux Français de développer des qualités dans l'analyse des problèmes. Nous étudions donc les problèmes comme nous écririons une dissertation, avec raisonnement, et nous faisons appel à notre créativité pour la partie antithèse – comment démontrer le contraire de ce qui vient d’être dit précédemment ! Nous développons  une agilité intellectuelle, qui devient presqu’une seconde nature et cette agilité intellectuelle est utile dans la mondialisation où les certitudes sont de plus en plus rares. D'autant plus que dans un monde où l'informatique a pris une place considérable, ces compétences analytiques permettent d'en décupler le potentiel. 

La France donne la priorité aux maths dans la formation de ses élites contrairement à la tendance dans les pays anglo-saxons (plutôt la science politique au Royaume-Uni ou le droit aux Etats-Unis). Si cela nous apporte une supériorité, quelles sont aussi les limites ?

Je ne vois pas de limites en tant que telles. La société américaine développe une élite juridique, et conséquemment une société où tout est régi par la loi, par le texte. C’est en effet la base de la société américaine, et cela peut s’expliquer par l’histoire de la société américaine, construite autour des immigrants, donc des règles de vie en commun explicites et définies. La France n’est pas dans ce cas là et n’a pas besoin de tout expliciter.

Peut-être que la limite se situe aux frontières interculturelles : les Américains éprouvent parfois des difficultés à comprendre les implicites à la française, ce qui peut-être d'ailleurs source de malentendus.

L'auteur vante également la capacité des Français à s'intégrer dans les équipes internationales. Que pensez-vous de cette affirmatiion ?

L'auteur estime que la France est au carrefour de l'Europe, un brassage entre le Nord et le Sud du continent dans une seule nation. Cela expliquerait, selon lui, pourquoi tant de Français occupent des postes à responsabilités dans le management international. Ils seraient le fruit d'une mélange entre culture rationnelle et le charme latin que leur envient tant les Anglo-saxons.

Néanmoins, je pense que le mécanisme est plus complexe que cela. L’intégration des Français dans les équipes internationales relève plus de la conscience que les Français ont de leur identité française, et conséquemment peuvent accepter l’altérité plus facilement. En d’autres termes, les personnes qui sont en "menace identitaire" éprouvent des difficultés à se positionner dans la rencontre interculturelle (phénomène de crainte, de peur).

La "culture du sceptiscisme" est aussi, selon l'auteur, un atout poussant à la créativité. Mais s'agit-il vraiment d'un avantage en entreprise ? 

Certainement, le Français est toujours en quête d’approbation, de "peut mieux faire" ; il veut toujours tout remettre en cause, ne s'estime jamais heureux mais c’est effectivement un moteur puissant de créativité, d’innovation. Car les Français se demandent pourquoi les choses sont faites de telle manière plutôt que d'une autre. Ils auront toujours envie de trouver de meilleures solutions. C'est l'inversse d'une culture qui met l'accent sur le fait d'apprendre de manière répétitive. 

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