A Reims, Sarkozy est entré en campagne pour la primaire des Républicains<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy a montré à Reims aux Juppé, Fillon et autre Le Maire qu'il ne se laissera pas distancer.
Nicolas Sarkozy a montré à Reims aux Juppé, Fillon et autre Le Maire qu'il ne se laissera pas distancer.
©Reuters

C'est parti

Discours plus fouillé, dîner puis déjeuner avec les parlementaires... Nicolas Sarkozy a montré, hier jeudi 24 septembre à Reims, qu'il n'entendait pas se laisser distancer par ses concurrents dans la course à la primaire. Fort de son opération réussie sur l'immigration, il consultera à nouveau ses adhérents, cette fois sur le code du travail.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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C'est un signe qui n'a échappé à personne, même aux soutiens de Bruno Le Maire :« Il a dormi à Reims et ça n'est pas une petite affaire », lance l'un d'eux. Hier, dans les couloirs du palais des Congrès de Reims, alors que sénateurs et députés se pressent pour le deuxième jour des journées parlementaires des Républicains, chacun a encore en mémoire le dîner de la veille. Nicolas Sarkozy, à la table d'honneur, entouré de Christian Jacob et Brigitte Kuster. A deux assiettes de lui, François Fillon. Les parlementaires racontent, avec étonnement, que l'ancien président était extrêmement calme. Qu'il ne s'est pas levé, n'a pas fait le tour des tables et... qu'il a dormi sur place. Là, à deux pas de la cathédrale, tout près d'eux.

Depuis son retour en politique, Nicolas Sarkozy ne déroge jamais à la règle ou presque. Il dort à Paris, cédant, sans effort, aux pressions de Carla qui n'aime pas se coucher seule. Mais cette fois, il est resté et cela vaut presque déclaration de candidature. Déjà, son discours de la veille avait été un indice. Plus fouillé, plus étoffé. Pour l'occasion, l'ancien président avait convoqué ses amours de 2012 : l'identité les frontières... « Nous demandons que la différence de la culture française soit respectée » puis, avait-il ajouté : « le débat est simple, se battre fortement ou disparaître ». Avant de conclure : « En 2012, j'avais posé un mot tabou pour ceux qui sont fragiles des oreilles, fragiles tout court. J'avais posé le mot frontières ». Son discours terminé, chose rare, l'ancien président avait convié les journalistes a un entretien off comme au bon vieux temps de la campagne de... 2007. Au temps de la conquête. Indices, signaux...

Le lendemain, le revoilou. Arrivée discrète, sans musique ni standing ovation, aux déjeuner des parlementaires, pour partager un poisson trop cuit et une glace fondue avant son allocution. La seconde en 24 heures. Et le président des Républicains à beau dire qu'il faut mettre la campagne des primaires entre parenthèses pour protéger les régionales, c’est bien un discours de futur candidat à la présidentielle qu'il livre là. Histoire de montrer aux Juppé, Fillon et autre Le Maire qu'il ne se laissera pas distancer. Après une analyse de la crise actuelle qui selon lui est « structurelle et non conjoncturelle », il annonce qu’il va falloir prendre des mesures fortes. « Nous n'avons pas le droit d'affadir notre discours national », explique l'ancien président. Et de s’interroger « comment parler de l'Islam sans blesser les musulmans de France qui ne veulent pas être associés aux barbaries ? », « comment parler du SMIC sans écarter les ouvriers ? » « comment parler de la gigantesque crise d'autorité sans éloigner les jeunes ? » et de proposer la formule magique déjà brandie lors de la campagne de 2012 : le référendum.

Voilà la clé de Nicolas Sarkozy pour reconquérir la cœur des électeurs de droite. Le succès de la consultation des adhérents du parti sur les questions d'immigration l'a conforté dans son idée. Pour la première fois depuis longtemps il a été à l'initiative. Comme avant, les autres ont été obligés de suivre, de s'adapter et il compte bien recommencer. Mercredi prochain, les adhérents seront à nouveau consultés cette fois sur le code du travail. L'ancien président entend ainsi multiplier ce type d'opération pour, au final , sonder les militants sur l'ensemble du projet qu'il entend toujours, sans grand espoir, imposer aux autres candidats.

Sans grand espoir car Alain Juppé et Bruno le Maire n'imagine pas une seconde s'y soumettre. « J'étais responsable du projet politique en 2011 j'ai vu l'impact de ce projet qui a servi de doxa, qui a été étonné le monde !», lance, ironique, l'ancien ministre de l'agriculture. « On a clairement posé les choses en bureau politique : adhérer au projet ne sera pas une condition sine qua non pour se présenter », ajoute un proche d’Alain Juppé. Alors à quoi sert cette consultation d'ores et déjà annoncée par Nicolas Sarkozy ? A démontrer que les idées du président des Républicains sont approuvées par la majorité des adhérents. Que si sa personnalité clive, si les gens préfèrent le profile d’Alain Juppé ou de Bruno Le Maire, ils adhèrent en revanche à son programme à lui.

Alors qu'il a toujours préféré séduire sur sa personne, Nicolas Sarkozy entame un virage d’autant plus serré qu’il va devoir forcer sa nature. Encore cette semaine des photos de lui et de Carla Bruni s'étalent dans le magazine Point de Vue sous le titre « Dans l'intimité du clan Sarkozy. » « On lui dit que ça n’est pas une bonne idée, même Carla était assez réticente mais sur ces sujets là il est hermétique à toute critique », explique une proche. Un virage qui, bien que serré, ne va pas sans inquiéter ses concurrents. « Où ses référendums internes se banalisent, on tombe à 20 000 votants et c’est bien pour nous, ou ça devient un mode de gouvernance qui fonctionne et ça peut devenir quelque chose de très lourd à gérer », reconnaît un juppéiste. Et les équipes des autres candidat de chercher la parade. S'associer à ces consultations de militants, y imprimer leur marque, avec le risque d'être mis en minorité ou s’en tenir éloigner et laisser la machine Sarkozy s'emballer ? Les voilà piéger pour un temps mais non sans espoir.

Tous comptent sur la difficulté que va avoir l'ancien président d'élargir sa base. « Pour l’instant, il la fortifie,la fidélise, mais ne l'élargie pas », analyse un juppéiste qui espère que « le style Sarko ne marche plus car les slogans et le marketing ne séduisent plus » face à un Juppé qui joue la carte du sérieux, du travail et des idées. Un terrain que l'ancien président vient donc d'investir. Tout en travaillant ses réseaux, en se rapprochant des parlementaires. « Juppé n'a pas compris ça, il ne passe pas assez de temps avec eux », conviennent plusieurs participants. Sans doute aurait-il pu serrer quelques mains, hier, à Reims, mais il a préférer s'abstenir de venir. « Il n’est pas parlementaire, et après leTouquet, taper l'incruste une deuxième fois c'était compliqué », explique un proche. Mais ce qui rassure le plus les juppeistes, au fond, ce sont les sondages : « si les gens comprennent que Sarkozy est la seule chance pour Hollande d'être au second tour alors tout va bien ». Un argument qui repose sur la promesse faite par François Bayrou de ne pas se présenter si Juppé est le candidat de la droite. Une promesse de gascon.

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