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8 candidats à l’euro : pourquoi la monnaie unique ne pourra pas plus faire converger leurs économies qu’elle n’a pu le faire pour les États déjà membres
©Reuters

Mur en vue: vite, accélerons

Il n'est pas toujours facile pour les économies périphériques de tirer les bénéfices de leur partenaire européen tout en se préservant de ses vicissitudes. Malgré tout, mieux vaut avoir un pied dans l'Union européenne et avoir son mot à dire.

Francesco Saraceno

Francesco Saraceno

Francesco Saraceno est économiste senior au sein du département Innovation et concurrence de l'OFCE. Il est également signataire de la tribune : The economist warningVous pouvez le suivre sur son compte twitter : Francesco Saraceno.

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Atlantico.fr : Ce mercredi 4 juin, la Commission européenne et la Banque centrale européenne remettront le rapport sur la convergence des Etats membres candidats à l'adhésion de l'euro. Qu'attendent les Etats concernés, à savoir la Bulgarie, la République tchèque, la Croatie, la Lituanie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Suède, comme effets de la monnaie unique sur leurs économies ?

Francesco Saraceno : Les avantages de la monnaie unique sur des petites économies déjà très liées à la zone euro par des liens commerciaux peuvent se résumer à une facilité accrue d’échanges commerciaux, ainsi qu'à une participation aux décisions concernant la zone. Il ne faut pas oublier que les vicissitudes de la zone euro ont déjà un impact très fort (en ce moment en négatif) sur des économies dont le sort est lié au notre indépendamment de l'appartenance ou pas à la monnaie unique ; Si on n'est pas à l'abri des problèmes que l'euro pose, autant pouvoir au moins profiter des avantages.

Leurs attentes sont-elles en phase avec la réalité de ce que la zone euro peut leur offrir ?

La réponse est oui, si on se limite aux considérations précédentes. La zone euro peut être un voisin encombrant, et il vaut mieux appartenir au club que rester à la porte. La réponse est non si ces pays espèrent aujourd'hui pouvoir en profiter pour renouer avec la croissance. L'euro n'est pas, aujourd'hui, une  source de prospérité.

L'euro peut-il aujourd'hui être considéré comme un outil de convergence des économies ? Pourquoi ?

Les économies fortement intégrées mais hétérogènes sont nécessairement assujetties à des forces de divergence. Ces forces peuvent être des différences de productivité ou de dynamique des prix, ou des excès d’épargne (comme en Allemagne) ou de dépenses (comme dans les pays de la périphérie). Ceci est tout à fait normal, et doit être compensé par des forces opposés. Ce qui manque en Europe aujourd'hui est une structure fédérale, un système capable d'absorber les chocs asymétriques qui sont aujourd'hui dévastateurs. Il suffit pour cela de regarder aux Etats-Unis, où la flexibilité des marchés (pourtant supérieure à celle de l'EMU) étant largement insuffisante pour réabsorber les chocs, les divergences sont amorties par des mécanismes de transfert de type fédéral.
Ce qui est très différent, il vaut la peine d'être expliqué, il s'agit d'un système d'aides des pays riches aux pays pauvres. Nous parlons ici de transferts (par exemple par le biais d'un impôt fédéral ou une assurance chômage), liés au cycle. Avec un tel système, on aurait eu des transferts de la Grèce à l'Allemagne en 2005, et la situation inverse aujourd'hui.

L'euro, plutôt que de favoriser la convergence, n'a-t-il pas finalement créé des déséquilibres au sein de l'Union monétaire ?

L'euro n'est ni un outil de convergence ni un outil de divergence. C'est la gouvernance qui a été mise en place, et les politiques qui ont été menées qui ont causé, et causent aujourd'hui encore des problèmes. L’austérité n'est pas inévitable, ni la concurrence fiscale, ni une politique monétaire excessivement timide. Ni le manque d'un préteur de dernier ressort, ou encore une assurance chômage européenne. Ce n'est pas l'euro le problème. C'est l'infrastructure qu'on a construit autour de lui.

A quelles conditions une monnaie unique peut-elle remplir ce rôle de convergence ?

Je ne vois pas d'autre solution que de mettre en place un système de type fédéral. Et comme ce n'est pas politiquement réaliste, aujourd'hui, il faut penser à des solutions qui répliquent les mécanismes de rééquilibrage typiques d'un système fédéral: eurobonds, politiques budgétaires et industrielles coordonnées, un budget européen plus important, et ainsi de suite.

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