745 000 migrants supplémentaires en 2022 et un coût annuel par Britannique de près de 1300€ : les données chocs de I’immigration au Royaume-Uni<!-- --> | Atlantico.fr
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Rishi Sunak, Premier ministre britannique.
Rishi Sunak, Premier ministre britannique.
©Stefan Rousseau / POOL / AFP

Explosif

L'équivalent de l'Insee britannique a revu à la hausse son chiffre pour 2022 allant jusqu'à décembre, le faisant passer de 606 000 à 745 000, soit une augmentation de 139 000 personnes, ce qui équivaut presque à la population de Cambridge.

Jeremy Stubbs

Jeremy Stubbs

Jeremy Stubbs est le directeur adjoint de la rédaction du magazine Causeur (Paris) ainsi que président des Conservatives Abroad in Paris (section française du Parti conservateur britannique). 

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Atlantico : Selon un rapport de The Growth Commission, un organe indépendant composé de plusieurs économistes internationaux, la diminution de l’immigration au Royaume-Uni pourrait augmenter le PIB par habitant de 1157£ par an. Que nous révèlent ces chiffres ?

Jeremy Stubbs : Il faut souligner le fait que la Growth Commission est un groupe de réflexion international qui s’occupe de questions de croissance économique. Il n’a pas de partis pris pour ou contre l’immigration en tant que telle. Sa conclusion est assez paradoxale au premier abord : l’immigration augmente le PIB en général, mais elle réduit le PIB par habitant. Si, à partir de 2028, on réduisait le solde migratoire net à 150.000 au Royaume Uni, cela augmenterait de PIB par habitant de 2,1%, ou 1.157 livres. L’étude en question ne semble pas avoir été publiée pour l’instant, et il est donc difficile de commenter leur méthodologie. Comme il s’agit de prévisions d’économistes – et les économistes en produisent tout le temps – ces chiffres n’auront d’impact sur le débat politique que si la méthodologie est très robuste. 

Cette étude vient-elle confirmer les études qui ont eu lieu au Royaume-Uni sur le coût de l’immigration ?

De telles études sont complexes et toujours très contestées. On en trouve qui cautionnent des niveaux significatifs d’immigration et le contraire. Ce qu’on peut dire de certain au Royaume Uni, c’est que le système d’asile qui s’occupe des réfugiés et des clandestins en général coûte 3 milliards de livres par an au contribuable britannique. A l’étranger, de plus en plus d’études révèlent les coûts exorbitants de l’immigration à long terme. Une étude néerlandaise publiée l’année dernière estime à 425 milliards d’euros le coût de l’immigration aux Pays Bas entre 1995 et 2019.

Cette annonce intervient alors que les chiffres de la migration nette pour l'année 2022 sont passés de 606 000 à 745 000, soit une augmentation de 139 000 personnes, ce qui équivaut presque à la population de Cambridge. Est-ce que ces chiffres signifient l’échec du gouvernement ?

Le gouvernement a promis de réduire l’immigration, donc c’est un échec, du moins pour le moment. Il y a beaucoup de confusion sur les chiffres. Les 745.000 représentent le solde migratoire net pour l’année 2022. Que je sache, le gouvernement n’a pas encore publié les chiffres pour l’année 2023. Les 672.000 en juin 2023 représente le solde migratoire net pour l’année qui se termine en juin. Donc, le gouvernement publie des statistiques et pour l’année qui se termine en juin, et pour celle qui se termine en décembre. Ce qu’on peut dire, c’est que les 672.000 en juin 2023 sont plus élevés que les 607.000 en juin 2022, ce qui n’augure rien de bien pour le solde de décembre 2023.

Selon The Telegraph, The Growth Commission a prévu une réduction de la migration nette annuelle du Royaume-Uni de 315 000 à 150 000 d'ici 2028. Est-ce vraiment envisageable, d’autant que les élections de 2025 pourraient voir revenir les Travaillistes au pouvoir ?

Il faut d’abord bien comprendre ce que le solde migratoire net veut dire. Il s’agit du total de l’immigration moins celui de l’émigration. Or, l’immigration récente au Royaume Uni est impulsée par des personnes venant travailler dans le secteur de la santé et par des étudiants (le système universitaire britannique est droguée à l’argent des étudiants étrangers). Ces personnes ne sont pas toutes destinées à rester. Beaucoup vont repartir. On dit que quand le niveau d’immigration est élevé, celui de l’émigration l’est aussi, mais il y a un décalage entre les deux vagues – « in » et « out » - de deux ans. Le gouvernement a déjà pris des mesures en décembre pour limiter les entrées, par exemple en augmentant le salaire minimum qui doit être payé à un immigré ou en réduisant la possibilité pour les étudiants d’amener des membres de leur famille. Mais pour que ces mesures ait leur effet, il faudra attendre au moins deux ans, ce qui n’arrange pas les choses pour le Parti conservateur avec une élection cette année. Mais les Travaillistes se sont engagés eux aussi sur une réduction de l’immigration et, étant donné les contraintes idéologiques de la gauche, ils auront du mal à prendre des mesures plus musclées que ceux des Conservateurs.

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