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51% des Français favorables à une intervention militaire en Centrafrique
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Sondage exclusif Atlantico/Ifop

Désormais déployées dans la capitale centrafricaine de Bangui, les troupes françaises atteindront une effectif de 1600 hommes samedi soir. Rapide, et relativement peu médiatisée en comparaison de l'intervention au Mali et de celle avortée en Syrie, l'opération Sangaris a été accueillie par les populations locales, selon l'AFP, par des cris de joie et des "Libérez-nous".

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Comment expliquer l’adhésion des Français mitigée, 51%, mais majoritaire à cette opération alors que celle avortée en Syrie n'avait trouvé qu'un soutien assez faible dans l'opinion publique ?

Jérôme Fourquet : Ce que nous apprennent les différentes études à ce propos c’est qu'en général l’opinion publique est défavorable aux opérations d’intervention militaire à l’extérieure jusqu’à ce que celles-ci soient effectivement lancées. Après cela, l’opinion se retourne pour motif patriotique, c’est ce que les anglo-saxons appellent « rally around the flag », le ralliement autour du drapeau. Cela s’était également vu à propos de l’opération en Libye qui a vu son soutien passer de 30 à 66% en quelques semaines qui correspondent à la décision d’intervenir de manière effective. De plus, le soutien à cette opération peut aussi s’expliquer par la forme de cette opération qui correspond plus à un maintien de la paix qu’à une grande opération de guerre de la forme et de l’ampleur de celle du Mali.

Toutefois, le soutien s’il est majoritaire ne l’est que de très peu et là on retrouve plusieurs éléments pour expliquer la faiblesse de celui-ci. Il y a tout d’abord une sorte de lassitude quant à intervenir dans une zone dans laquelle il semble que malgré toutes les opérations humanitaires et militaires, les choses ont du mal à véritablement s’améliorer sur le long terme. Par ailleurs, le contexte de crise économique engendre dans l’esprit d’une partie de population que ce n’est pas une priorité que de dépenser d’importantes sommes d’argent et le sang de nos soldats quand la situation économique dans notre pays est aussi problématique pour les Français. Cela se retrouve particulièrement au sein de l’électorat frontiste qui ne soutient qu’à 25% l’intervention. De plus, un tiers des sympathisants socialistes se prononce contre cette opération, un chiffre important qui trouve écho dans l’opposition également de l’électorat Front de gauche qui a une tradition de condamnation de la politique françafricaine.

Question : Vous savez que la République Centrafricaine est en proie à la guerre civile. Plusieurs centaines de soldats français ont été déployés en plus des 600 déjà présents pour mettre fin aux violences dans ce pays.

Êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas du tout favorable à cet engagement militaire de la France en République Centrafricaine ?

Existe-t-il facteur « Afrique » dans l’adhésion aux interventions militaires ? A cause de l’importante présence de ressortissants français en Afrique par exemple ?

Il ne semble pas que ce soit le cas au vu notamment du soutien de 55% l’opinion publique en octobre 2001 quant à l’intervention en Afghanistan. Comme je le disais précédemment, il existe même plutôt une sorte de lassitude à propos des interventions en Afrique. Cela s’était également vu dans les enquêtes sur les opérations humanitaires dont avait été observée la chute des dons à certaines régions. L’opinion soutient plus volontiers la constitution d’une force d’alliance africaine plutôt que l’intervention étrangère et donc française.

La présence de ressortissants peut de manière générale entrainer un important soutien mais dans le cas de l’intervention en Centrafrique, elle n’a pas du tout été présentée aux citoyens ainsi. Il n’y a en effet pas eu de communication de ce type, pas d’ambassade assiégée, pas de « chasse aux blancs » ou autres éléments de ce type qui ont parfois eu lieu dans d’autres zones de conflit en Afrique.  

Comparatif : le niveau d’adhésion à différentes interventions militaires de la France à l’étranger

(Cliquer pour agrandir)

L’image du chef de guerre avait provoqué un sursaut de la côte de popularité de François Hollande, peut-il en espérer autant de cette opération ?

D’après le baromètre Ifop/JDD, le président Hollande n’avait enregistré un gain que d’un point grâce à l’intervention militaire française au Mali. Celle-ci avait plutôt servi à ralentir sa chute dans les sondages, à la stabiliser plutôt qu’à vraiment l’aider à retrouver le soutien des Français. Ainsi, dès mars, la baisse avait repris. Il n’y aura donc vraisemblablement aucun effet Centrafrique sur la côte de popularité du président de la République.

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