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3 mots qui vont changer le 21e siècle ? Station. Spatiale. Chinoise
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THE DAILY BEAST

La Chine vient de mettre une nouvelle petite station spatiale en orbite, et d'ici aux années 2020, ces stations pourraient remplacer la Station spatiale internationale. Mais l'avenir de l'exploration spatiale appartient aux sociétés privées.

David Axe

David Axe

David Axe est journaliste pour The Daily Beast.

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David Axe - The Daily Beast 

La Chine vient de lancer sa deuxième station spatiale compacte Tiangong en orbite et s'alligne ainsi plus ou moins sur le niveau des programmes spatiaux américains et russes dans les années 1970. Propulsé par une fusée 'Longue marche', le Tiangong-2 mesure 10,36 mètres et pèse 10 tonnes. Il a été lancé depuis la base de lancement de satellites de Jiuquan au nord-ouest de la Chine le 15 septembre dernier vers son orbite, à 386 km de la surface terrestre.

Les efforts de Pékin pour parvenir à une mission habitée en orbite et à long terme sont impressionnants du point de vue politique, mais du point de vue technologique, le pays se trouve toujours à des décennies dans le rétroviseur. Aux Etats-Unis et ailleurs, les groupes privés se tiennent prêts à des missions habitées qui ne dépendront plus des grandes agences spatiales étatiques. “La Chine ne fait rien dans l'espace à l'heure actuelle que Les Etats-Unis n'aient pas déjà fait, beaucoup plus tôt et avec un niveau de sophistication technologique beaucoup plus élevé” juge Joan Johnson-Freese,  professeur au U.S. Naval War College et expert de l'espace.

Dans la course aux stations orbitales habitées, la Russie avait en fait battu les Etats-Unis de quelques années en lançant la première de plusieurs stations Soyouz en 1971. La première station spatiale américaine, Skylab, a fonctionné pendant six ans à compter de 1973. Aujourd'hui, les Etats-Unis et la Russie collaborent sur la Station spatiale internationale, opérationnelle depuis 1998.

Depuis cette date, elle a hébergé des dizaines de modules capables d'abriter un équipage de six personnes au total tout au long de l'année. Comparées à la Station spatiale internationale, les Tiangong à module unique sont minuscules. Le projet est d'envoyer deux austronautes chinois visiter Tiangong-2 en octobre. Ils y résideront pendant un mois environ, une avancée par rapport à la station Tiangong-1, qui a réussi à héberger deux équipages pendant seulement huit jours en 2012 et douze en 2013. Tiangong-1, la première station spatiale chinoise, a été lancée en 2011 et déclassée en mars dernier sur fonds de rumeurs de problèmes techniques. La station la plus ancienne devrait retomber sur terre durant l'année  2017, quand son orbite deviera.

Comme ses prédécesseurs, Tiangong-2 ne devrait opérer que durant quelques années avant d'être remplacé par une troisième station Tiangong qui, comme Tiangong-1 et -2, sera temporaire. L'Agence spatiale chinoise prévoit de lancer une quatrième station, beaucoup plus grande, en 2020 ou plus tard.

A supposer que ce projet parviennent à terme, le quatrième vaisseau deviendrait alors le coeur d'une grande station spatiale durable, similaire en taille à la Station spatiale internationale. Mais il est inutile de retenir votre souffle. “Les Chinois ont encore du chemin a faire avant d'être prêts à assembler leur station spatiale ” a déclaré Gregory Kulacki, un expert spatial auprès de l'Union of Concerned Scientists, au Daily Beast.“Il est possible qu'ils finalisent ce projet d'ici à 2020, mais selon moi, ils auront besoin de davantage de temps.”

Quoi qu'il en soit, il est possible que les Chinois possèdent une grande station spatiale qui fonctionne quand la Station spatiale internationale atteindra sa fin de vie, vers le milieu ou la fin des années 2020. A ce moment-là, prolonger la vie utile de la SSI nécessiterait une injection importante de nouvelles technologies, couteuses, et dépendantes d'une volonté politique forte. Etant donné que les bugets de la NASA se réduisent, que les relations Etats-Unis-Russie sont au plus bas, la station spatiale pourrait être vue comme une charge onéreuse pour Washington et Moscou.  Et c'est là que la Chine détient une carte. Bien sûr, les stations  Tiangong sont petites et assez archaïques, et la station plus grande qu'elles sont conçues pour complémenter égalera à peine ce que la Station spatiale internationale était en 1998. Ce qui est impressionnant, c'est que Pékin ait réussi à poursuivre vaille que vaille la conception de ses stations spatiales, année après année, affrontant stoïquement les crises économiques et les bouleversements politiques. Une stabilité de la sorte est fondamentale pour le développement des programmes spatiaux, qui coûtent des dizaines voire des centaines de milliards de dollars et nécessitent des années ou même des décennies de recherche et développement.

En matière d'espace, le Parti communiste chinois s'est révélé remarquablement stable. “Comme beaucoup d'employés de l'agence spatiale chinoise me l'ont dit, la Chine n'est pas pressée'” explique Kulacki. “Ils ne font la course avec personne, et la sécurité passe avant le respect d'une date de remise fixée de façon arbitraire.” En effet, le soutien politique interne sans faille aux stations spatiales chinoises peut se révéler plus important que les stations elles-mêmes pour le futur de la Chine en tant que puissance de l'espace. C'est à l'opposé des Etats-Unis (et, dans une moindre mesure, des autres pays qui ont établi leur présence dans l'espace) qui tablent sur l'effondrement de la volonté politique pour leur propre programme spatial, et l'arrivée de groupes privés comme SpaceX, Blue Origin, et Virgin Galactic. Il existe même une société privée qui fabrique des stations spatiales. En avril, la start-up de l'espace Bigelow Aerospace, basée à Las Vegas, a annoncé un projet ambitieux : construire au moins deux stations spatiales gonflables et les lancer en orbite à partir de 2020. Les stations  B330 - qui possèdent chacune leur propre système de production d'énergie et systèmes, de survie et des propulseurs disposés autour d'une structure métallique centrale —pourraient devenir des hôtels de l'espace, des usines en orbite et des laboratoires de recherche à gravité séro. 

Le PDG Robert Bigelow dit vouloir attacher le premier  B330 à la Station spatiale internationale pour augmenter son volume d'un tiers, et, peut-être, prolonger sa mission au-delà de sa date prévue de déclassement, à la moitié des années 2020.. “Nous espérons obtenir les autorisations nécessaires de la NASA, qu'elle dise ‘Oui, attachons-le’” reconnait Robert Bigelow. Mais même si la NASA dit non, Bigelow assure qu'il poursuivra le développement de ses stations gonflables. Il y a plein d'encouragements à le faire. L'exploitation des minerais lunaires et de ceux des astéroïdes  - et l'activité industrielle liée, en orbite - peut se transformer en beaux profits pour toute entreprise qui souhaite faire des investissements importants dans l'espace et en assumer les risques élevés. “Les nouveaux acteurs de l'espace comme Bigelow, SpaceX, et Virgin Galactic sont le futur” assure Johnson-Freese au Daily Beast.“Les nouveaux acteurs de l'espace ne dépendent plus de la volonté politique. Ils fonctionnent sur des business plans, une pratique beaucoup plus saine et qui va à terme "normaliser" l'espace en tant qu'espace de développement géographique et industriel.”

Tandis que la Chine bricole des stations spatiales de la vieille école financées par le gouvernement ; les Etats-Unis, par ses entreprises privées, posent les fondations d'une approche entièrement nouvelle de l'exploration spatiale. 

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