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25% des salariés français quitteraient la France dans les 2 prochaines années si...
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Un quart des salariés envisagerait de quitter la France dans les deux prochaines années.. Alors ça concerne principalement les jeunes cadres porteurs d’une expertise reconnue. Ce phénomène est inquiétant mais les raisons sont plus importantes et encore plus intéressantes..

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le quart des salariés français envisagerait de quitter la France dans les deux ans. Parmi eux, surtout les plus jeunes. Près de la moitié de moins de 35 ans y songent alors qu’ils ne sont que 15% à faire le même projet après 45 ans. Les hommes sont plus nombreux à vouloir franchir le pas que les femmes. Les professionnels de l’informatique sont majoritairement prêts à s’expatrier.

C’est ce qui ressort de la dernière étude The Workforce View in Europe menée par ADP(Automatic Data Processing), qui est le pionnier et le leader mondial des solutions de gestion du capital humain. Cette étude a été menée auprès de 10 500 salariés européens, et le résultat est spectaculaire puisqu’un quart des 1 410 Français interrogés pourraient envisager de partir à l’étranger dans les deux ans qui viennent.

Alors, les hommes sont un peu plus nombreux à formuler ce projet que les femmes.  30 % des hommes déclarent réfléchir à un départ à l’étranger dans les deux ans, contre seulement 20 % des femmes. L'âge est évidemment un facteur important : quatre personnes de moins de 35 ans sur dix (41 %) envisagent un déménagement à l’étranger au cours des deux prochaines années, contre seulement 15% des plus de 45 ans.

Les salariés de certains secteurs sont plus marqués que d’autres par cette envie d’expatriation :

-Les professionnels de l’Intelligence artificielle et les personnels de l’Art et de la Culture : 46 % de ces salariés envisagent de travailler hors de France dans les deux années à venir (et 14 % dans l’informatique y pensent même « activement »). A l’opposé, seuls 16 % des professionnels de la santé penseraient à partir.

Au niveau régional, c’est sans surprise en Île-de-France que les salariés sont les plus enclins à partir exercer à l’étranger (34 %) et ce sont ceux de l’Ouest (Bretagne), deux fois moins nombreux (18 %) qui se déclarent les moins intéressés par cette idée.

« Partir pour l'étranger n'est pas une décision facile à prendre. Les barrières sont multiples, qu’elles soient personnelles ou professionnelles : famille, amis, langue, formalités administratives…selon Carlos Fontelas de Carvalho, Président d’ADP en France et en SuisseNous constatons qu’au global, cette option est de moins en moins envisagée : 55 % en 2017, 37 % en 2018, et plus que 25 % fin 2019. Ce recul est vraisemblablement dû à une progression du nombre d’emplois en France, des politiques de mobilité plus efficaces au sein des grandes entreprises mais aussi au développement du télétravail et du travail à distance qui offrent plus de flexibilité quant aux lieux où l’on peut désormais travailler. »

En fait, on constate que les candidats les plus nombreux à vouloir encore partir se recrutent dans les catégories sociales les mieux formées, et les plus jeunes. Rien d’étonnant, c’est dans ces milieux qu’on a le plus de chance de trouver un nouveau job, le plus souvent mieux rémunéré, c’est aussi parce qu‘ils s’installent plus tard dans la vie professionnelle et personnelle que les jeunes sont plus enclins à partir. 

Mais le plus intéressant est évidemment de connaître les motivations qui poussent ainsi les jeunes au départ. Elles sont nombreuses et il faut reprendre toutes les études et enquêtes portant sur la qualité de vie au travail et dans la société.

1. La dégradation de l’environnement politique et social explique une grande part du pessimisme des jeunes générations qui cherchent une sortie vers le Canada, les USA, l’Australie, l’Asie avec notamment Singapour et même la Grande Bretagne en dépit des incertitudes liées au Brexit. Cette dégradation gène la visibilité de carrière.

A noter que la « décomposition du noyau familial » dans 50% des cas explique pour beaucoup le désir de recréer quelque chose ailleurs.

A noter encore que la nouvelle donne politique installée par Emmanuel Macron avait donné un coup de frein aux velléités de s’expatrier depuis deux ans. Les difficultés rencontrées par la gouvernance française (mouvement des gilets jaunes notamment) et le risque plus grand de voir arriver l’extrême droite de Marine Le Pen a semble- t-il relancé le mouvement d’expatriation des jeunes.

2. Au-delà de l'environnement politique et social, la génération des millennials a un problème avec l’entreprise. Et ce problème est identique partout en Europe.

Dans le quatrième rapport annuel d’ADP, the Workforce View en Europe 2019, on découvre ce qui inquiète vraiment les actifs européens dans les huit économies majeures de l'Europe. Trois facteurs que l’entreprise aurait intérêt à prendre en compte très sérieusement

-la question des rémunérations et notamment l’écart de rémunération entre hommes et femmes : 75 % des millennials penseraient à quitter leur travail si leur employeur n’accordait pas un salaire égal aux hommes et aux femmes.

-la question de l’indépendance : Être indépendant n’a plus le vent en poupe : le nombre de collaborateurs envisageant sérieusement de devenir indépendants a chuté de 11 points de pourcentage depuis 2016. Ça veut dire que l’auto-entreprenariat est moins à la mode aujourd’hui et ne correspond pas aux aspirations des jeunes diplômés ( Bac +5 et plus ) Ces professionnels ont besoin d’une communauté et d’un groupe de travail où s’exerce aussi bien l’émulation que la solidarité et l’entraide. L’ambiance au travail, la considération, le sens que l’entreprise donne au travail est beaucoup plus important que le montant des bonus même si l’intéressement doit jouer un rôle. Et puisqu’on parle de réforme des retraites, cette génération ne se fait aucune illusion sur la capacité des régimes par répartition à leur assurer un revenu décent quand ils cesseront de travailler. Cette génération, qui a la chance d’exercer un travail qui leur plait , ne songe pas à l’âge de départ à la retraite (souvent le plus tard possible ) et quand ils réfléchissent aux moyens dont ils vivront à la retraite, ils estiment qu’il leur faut la préparer eux-mêmes via deux moyens: l’immobilier et la capitalisation.

-La question de la confiance en leurs compétences. Cette question revient parmi les travailleurs plus âgés, mais les salariés plus jeunes se demandent aussi s’ils ont les aptitudes nécessaires pour réussir au travail à l’heure actuelle. Le spectacle de la génération précédente, harcelée par le chômage les démobilisent souvent. Avec cette question récurrente : 'la formation de base me permet-elle de m'adapter aux changements qui seront inéluctables? '.

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