25 ans après la chute du mur de Berlin, les cartes qui montrent une Allemagne toujours coupée en deux<!-- --> | Atlantico.fr
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25 ans après la chute du mur de Berlin, les régions de l'ex-RDA semblent encore très défavorisées par rapport à leurs voisines occidentales.
25 ans après la chute du mur de Berlin, les régions de l'ex-RDA semblent encore très défavorisées par rapport à leurs voisines occidentales.
©Berlin

Dualité

Salaires, chômage, démographie... 24 ans après la réunification de l'Allemagne, les régions de l'ex-RDA semblent encore très défavorisées par rapport à leurs voisines occidentales.

Il est aujourd'hui difficile pour les touristes qui se baladent à Charlie Chek Point à Berlin d'imaginer qu'il y a tout juste 25 ans, un mur séparait l'Allemagne en deux. Dimanche 9 novembre, le pays célébrera en grande pompe le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin. Mais si l'Allemagne, désormais leader de l'Europe, semble plus unie que jamais, la réalité est plus sombre. En effet, selon une récente étude, 75% des Allemands qui vivent à l'est voient la réunification comme un succès quand seulement la moitié de leurs compatriotes de l'ouest sont de cet avis.

Les graphiques réalisés par le Washington Post mettent en lumière de grandes différences entre les deux régions.

Après la chute du mur de Berlin, les entreprises et usines d'Allemagne de l'est, anciennement communistes, ont dû affronter la compétition de leurs homologues occidentaux, bien plus efficaces. Le capitalisme est arrivé trop top, causant la faillite de nombreuses sociétés d'Allemagne de l'est. Quelques régions ne s'en sont jamais remises et aujourd'hui encore, les salaires des travailleurs sont bien plus bas à l'est qu'à l'ouest.

Au moment de la réunification, le Produit intérieur brut (PIB) par habitant était à l'est de 9 400 euros contre 22 000 euros à l'ouest. En 2012, le PIB à l'Est avait bondi de 154 % et atteint 23 700 euros. A l'ouest, il avait progressé de 52 % et atteint 33 400 euros, soit 29 % de plus qu'à l'est. A cette époque, toutes branches confondues, le salaire moyen d'un Berlinois était inférieur d'un tiers à celui d'un travailleur résidant dans les Länder de l'ouest.

Le taux de chômage est également inégalement réparti. Sans surprises, les anciennes régions d'Allemagne de l'ouest s'en tirent mieux que leurs voisines de l'est. En partie car beaucoup de jeunes ont quitté les zones rurales de l'est pour aller travailler à l'ouest.  En 2012, le taux de chômage était de 9,9%  dans l'est de l'Allemagne et même de 11,8% à Berlin, contre 5,7 % à l'ouest. %.

Cela a abouti à une situation paradoxale : beaucoup de jeunes issus des zones rurales de l'est disent qu'ils ont dû bouger à l'ouest ou des villes plus grandes de l'est à cause du manque d'opportunités de travail et des faibles salaires proposés. En conséquence, beaucoup de compagnies de l'est ne trouvent pas assez de jeunes diplômés pour intégrer des postes juniors et recrutent désormais en Pologne ou en République Tchèque. En 2012, l'Allemagne de l'est avait perdu 10% de sa population par rapport à 1989 tandis que celle de l'ouest avait gagné 6%.  

Cependant, la natalité a moins diminué à l'est que l'ouest. En 2012, il était de 2 par femme en Allemagne de l'est contre 1,3 en Allemagne de l'oues. Peut-être car les Allemands de l'est ne craignent pas les crises économiques, ils en ont déjà trop vu pour avoir peur, avance le site Zeit. 

Mais les différences démographiques ne résultent pas seulement du chômage et de la différence de revenus. La plupart des étrangers qui vivent en Allemagne ont choisi de s'installer dans la partie occidentale et leur arrivée a diminué l'âge moyen des habitants. Par ailleurs, le 30 octobre 1961 l'Allemagne de l'Ouest a signé un accord avec la Turquie qui allait ouvrir la voie à l'arrivée de migrants turcs, des "travailleurs invités". La plupart ne sont jamais partis. Aujourd'hui, les Turcs constituent la première communauté étrangère du pays

Politiquement parlant, on remarque que le parti d'extrême droite NPD, le parti national démocrate, réalise de meilleurs scores à l'est. Sans doute en raison du profond rejet pour la gauche qui a suivi la chute du mur de Berlin à l'est. Si beaucoup d'Allemands de l'ex République démocratique allemande (RDA) ont été déçu par le capitalisme, peu d'entre eux ont voulu revenir au communisme. La fin de ce idéal a laissé un vide que les politiciens d'extrême-droite se sont empressés de combler.

En 2012,  6% des Allemands à l'ouest du pays avait une vision du monde proche de l'extrême droite contre 15,8 % des Allemands à l'est, selon une étude allemande.

Mais si les graphiques ci-dessus donnent une triste image des régions de l'est, celles-ci ont notamment leurs points forts, notamment en ce qui concerne la production de déchets. Cela peut s'expliquer par le fait que, ayant été habitués à être rationnés jusqu'à 1989, les Allemands de l'est ont appris à économiser et à acheter seulement ce qui leur semblait nécessaire. Cette attitude encore prévaut aujourd'hui.

En 1990, l'ex-RDA avait le taux d'activité le plus haut au monde (91%) et 57 % des enfants de moins de 3 ans étaient accueillis dans des crèches et 81 % des 3-4 ans dans des écoles maternelles et ces institutions étaient quasiment gratuites, rapporte un article du Monde Diplomatique daté de 1997. En République fédérale d'Allemagne (RFA), au contraire, le taux d'activité féminin était de 55% et seuls 3,7 % des moins de 3 ans et 33 % des 3-4 ans étant inscrits dans des structures collectives. Avec la fin du communisme, les femmes de l'ex-RDA se sont trouvées confrontées à la fermeture de nombreuses crèches, jardins d'enfants et autres structures de ce type, sous prétexte que l'éducation des enfants relevait de la responsabilité des familles.

Mais toutes les structures n'ont pas disparues pour autant et aujourd'hui, à l'est, il existe des zones où jusqu'à 63% des enfants (âgés de deux ans ou moins) sont pris en charge contre 25% à l'ouest, note le Monde.

En RDA, les champs étaient plus grands qu' à l'ouest, car ils n'étaient pas dirigés par des particuliers mais par des groupes de fermiers, appelés coopératives agricoles. Dans la grande majorité des cas, leur taille n'a pas changé après la réunification.

En RDA, les citoyens étaient sensiblisés au vaccin contre la grippe. Aujourd'hui, à l'est, jusqu'à 69% des patients âgés de 60 ans et plus ont conservé l'habitude de se faire vacciner. Dans la partie occidentale de l'Allemagne ce pourcentage peut en revanche tomber en dessous des 30%.

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