2022 ou l’année où le défi de notre souveraineté s’est rappelé à notre bon souvenir<!-- --> | Atlantico.fr
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©Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Bilan 2022

Le mot de 2022, pour la suite

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Pour ceux qui n’avaient pas bien compris le message envoyé par le Covid-19 en 2021, avec les manques de masques et de Paracétamol, puis celui de la fragilité des « chaînes mondiales de valeur ajoutée » qui avaient pourtant fait notre croissance passée, voici la guerre d’Ukraine, depuis le 20 février 2022. La souveraineté devient alors surtout énergétique : gazière, pétrolière et électrique, plus celle d’avoir tout, vite et pas cher. Puis, au fur et à mesure que la guerre s’étend et s’installe, on parle de stocks d’armements, d’armes modernes, de cyberguerre et de troupes bien formées, et surtout endurantes et courageuses. La souveraineté se concrétise, en se militarisant.

Bref, le mot de souveraineté, s’il illustre des capacités et des forces, illustre aussi des dépendances. Jamais les unes sans les autres. Des forces quand tout va bien, car la croissance est là, éventuellement pour produire plus et moins cher, dans une économie bien huilée et efficace. Mais cette souveraineté n’est jamais autoentretenue : elle doit être constamment renforcée et expliquée, autrement elle s’use. En économie, la souveraineté, c’est la compétitivité, la capacité de faire toujours mieux que les autres, par l’innovation et la formation, à des prix acceptés sans difficulté, parce que compris. Dans les relations politiques, qui ne sont jamais loin de l’économie, il s’agit de soft power, vraie base du hard power. On peut toujours parler de « multilatéralisme », mais pour remarquer que jamais les États-Unis ou la Chine ne le font : ils sont en tête, pas besoin. Les multilatéraux, ce sont « les autres » : autant le savoir. 

C’est dans ces conditions que la France, au sein de la zone euro, doit renforcer sa souveraineté, morceau par morceau, plus et mieux. Il s’agit ainsi d’énergie, avec un vrai prix du CO2, de l’industrie, avec des usines de batteries, des techniques de la révolution en cours de l’information, avec des puces, de capacités militaires, avec des moyens de cybersécurité. Chaque fois, arriver à une solution dite satisfaisante prend des mois, tant le « satisfaisant » est diplomatique, négocié, oubliant l’empire de la nécessité. C’est celui qui vient de la souveraineté des deux grandes puissances, trop heureuses de voir nos ravaudages.

Et pourtant, nous le savons : « Il n’y a pas de politique de défense du monde libre qui tienne, si on ne commence pas par réveiller l’instinct de défense parmi les pays du monde libre. Ce n’est pas ce que font les Américains. Ils font exactement le contraire. » ( De Gaulle, 3 janvier 1963, in Peyrefitte, C'était de Gaulle, Fayard, T.1, P. 343). Pour être souverain, il faut vouloir être libre. Souveraineté sera donc aussi le mot de 2023 : l’Ukraine nous montre ce que cela exige.

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