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2019, belle année boursière ? Oui, si les hommes politiques ne font pas tout déraper !
©Bryan R. Smith / AFP

Actions et vérité

Avec un capital qui rapporte environ 10% hors inflation aux Etats-Unis et autant en zone euro, l'année 2019 s'annonce belle pour la bourse.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Les actions ne sont pas chères ! Le risque boursier paye plus que jamais ! Vivent donc les actions : elles donnent 10% de rentabilité d’écart entre le capital et les meilleures obligations sans risque, aux États-Unis et en zone euro. Nous voilà revenus au chiffre de 1970 !  Elles devraient donc monter !

Partons de ce que nous disent les chiffres que vient de diffuser la Banque de France dans son Bloc-notes Eco du 21 février. Le capital rapporte environ 10% hors inflation aux États-Unis et autant en zone euro. Ce chiffre semble actuellement se stabiliser, après une montée régulière depuis 1980, puis depuis 2008, où il était à 8% : pas mal du tout. Et ce qui est plus important encore, c’est qu’en face une obligation sans risque américaine, un bon du trésor, ne rapporte pratiquement rien en termes réels et qu’une obligation sans risque de la zone euro, on aura reconnu un bon du trésor allemand, a un rendement négatif moyen de l’ordre de -2% ! Le choix est donc clair : ou bien des actions qui rapportent 10% en moyenne, ou bien les bons des meilleurs trésors qui ne rapportent rien.

Mais d’abord, comment en est-on venu à cette étonnante rentabilité des entreprises ? Tout a joué dans le même sens. D’abord les salaires ont partout peu monté, même en plein emploi, comme le montre ce qui se passe aux États-Unis. La concurrence internationale est accentuée par la crise et les prix du pétrole restent assez modérés, autour de 70$ le baril de brent, ce qui paraît le prix d’équilibre que cherche l’Opep. Surtout, pour calmer les salaires, la révolution technologique entretient une menace crédible qui pèse sur les revendications : les salaires en hausse, hors compétences spécifique sont menacés de « disruption », autrement dit de disparition de l’emploi correspondant. Au total, l’augmentation du coût salarial par unité produite (progression du coût salarial moins progression de la productivité) est inférieure à 2% aux États-Unis et voisine de ce chiffre en zone euro.

Mieux encore, les taux d’intérêt aux entreprises ont, partout, beaucoup baissé. Ils pèsent 1,5% du PIB en zone euro, contre 3% en 2012, et 2,7% du PIB aux États-Unis, contre 3% à la même date, et respectivement 3,5% et 4,5% en 2002. Sur quinze ans, le poids des frais financiers a diminué de 40% aux États-Unis et de 60% en zone euro, pour des crédits en hausse. Enfin, les politiques budgétaires ont été expansionnistes, notamment aux États-Unis (même en plein emploi), en Italie et en France. Au total, dans une économie en croissance nominale, même faible, avec des coûts salariaux unitaires inférieurs à l’inflation, avec une baisse du prix du pétrole et aussi de la fiscalité sur les entreprises et un effondrement des conditions d’emprunts, il n’est pas surprenant que les profits des entreprises montent !

Et, en face les taux d’intérêts des meilleurs bons du trésor vont à zéro ! Et oui : c’est la conséquence des politiques de quantitative easing. Les banques centrales américaine et de la zone euro ont acheté des tombereaux de bons du trésor pour faire baisser les taux des emprunts publics, puis des taux d’intérêt, pour faire repartir la machine économique par des crédits pas chers. D’où cette combinaison de salaires si calmes et de taux si bas que nous vivons !  D’où cette sur-rentabilité inouïe des actions sur le taux sans risque, ce qu’on nomme la prime de risque, à 10% ! Mais c’est le contraire de ce qu’avait prédit Marx ! Les profits montent ! Mais, étrangement, alors que les actions rapportent plus que jamais, les cours des actions montent peu. Les capitalistes plus riches ont-ils donc plus peur ?

Oui. C’est la politique qui est derrière une bonne part de cette étrange inquiétude. Elle est derrière la baisse des taux, la baisse du prix du pétrole, la montée des dépenses publiques, la baisse des impôts. Elle est largement trumpienne. D’où la question des marchés financiers : est-ce que tout ceci va durer ? Est-ce que Trump va réussir ?

La réponse est oui, du moins à court terme. Les taux courts ne vont sans doute pas monter cette année aux États-Unis et sûrement pas en zone euro, et très peu ensuite. Les taux longs monteront très peu, car l’inflation est sous contrôle. Donc la prime de risque restera élevée, dans l’attente d’un accord avec la Chine et, pourquoi pas, avec la Corée du Nord. Bien sûr, le cas des voitures allemandes ne sera pas traité : Donald Trump s’occupe du S&P et du Dow Jones, pas du DAX allemand ! Et la Chine a tout intérêt à lâcher un peu de  lest, pour freiner son ralentissement. Alors, les fonds américains, dans les starting blocks, partiront. Regardons les signatures, assez symboliques, avec les autorités chinoises : elles sont boursières.

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