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Ces 15% de gens qui ont plus de risques de devenir alcooliques que les autres : une nouvelle étude renouvelle ce que l’on sait des causes de cette addiction
©FRED DUFOUR / AFP

Santé !

Des chercheurs suédois ont mis le doigt sur une explication scientifique à l'emprise de l'alcoolisme sur certaines personnes. En cause : une enzyme qui, produite à trop faible dose, ferait courir le risque d'une dépendance à l'alcool.

 Michel Lejoyeux

Michel Lejoyeux

Michel Lejoyeux est professeur de psychiatrie et d’addictologie à l'université Denis Diderot. Il y enseigne aussi la psychologie médicale et coordonne le Diplôme d’études spécialisé en addictologie. Il est chef de service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Bichat et de Maison Blanche. Michel Lejoyeux est Président d’honneur de la Société Française d’Alcoologie et président en titre du Syndicat des Médecins des hôpitaux de Paris. Il a écrit aux Editions Plon est Réveillez vos désirs et Tout déprimé est un bien portant qui s'ignore aux Editions Jean-Claude Lattès. 

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Atlantico : Une étude biologique publiée par des chercheurs suédois montre que la zone de l’amygdale détiendrait une explication du fait que certaines personnes (15%) auraient plus tendance à devenir alcooliques que d’autres. Ces personnes produiraient trop faiblement une enzyme nommée GAT3, un neurotransmetteur inhibiteur, et seraient dès lors plus sensible aux effets de dépendance de l’alcool. A-t-on trouvé une explication de l’alcoolisme ?

Michel Lejoyeux : Les mécanismes biologiques déterminant l’addiction et en particulier cérébraux sont multiples. L’étude à laquelle vous faites référence pointe l’amygdale. Mais de nombreuses autres zones du cerveau, de ce qu’on appelle le système de récompense cérébral a été identifié par d’autres études. L’idée un peu magique de trouver une zone du cerveau qui déterminerait le risque d’alcoolisme est passablement fausse. 

Quelles sont les zones identifiées ?

Il s’agit principalement des zones qui se trouvent au centre du cerveau et ce qu’on appelle le système de récompense et qui est concerné par de nombreuses zones cérébrales. 

Qu’est-ce qu’apporte cette étude, qui affirme expliquer par exemple les effets bénéfiques que peut avoir le Baclofen, qu’on savait déjà utile pour soigner l’alcoolisme ?

Aujourd’hui soyons clair, aucun travail neurobiologie publié, pas plus celui-là que les autres n’a modifié dans la manière dont on soigne la maladie alcoolique. On dispose aujourd’hui de trois types de molécules : les inhibiteurs d’endorphines, qui bloquent donc le système endorphinique - qui n’a rien à voir avec l’amygdale - des molécules qui bloquent le GABA, qui sont des molécules sédatives, dans lequel il y a l’acamprosate et le baclofen, et puis des molécules qui rendent intolérant à l’alcool, qui vont agir sur l’éthanol déshydrogénase, qui est le métabolisme du foie, et qui va rendre ceux qui en prennent allergique à l’alcool.

Il y a donc des limites à l’utilisation du baclofen ?

C’est une question qui demande du temps pour répondre. Il faut arrêter d’avoir une fascination pour ce médicament, qui est une des médications possibles. Il y a aussi les psychothérapies, d’autres médicaments… On ne peut limiter l’usage de l’alcool à pour ou contre le baclofen.

En revanche, il y a quelques messages à faire passer. Les traitements de l’alcoolisme fonctionnent. Nos patients, avec une approche associant de la psychothérapie, des médicaments, de la motivation guérissent de leurs maladies. Ce qui rend le plus malade, c’est le déni aujourd’hui, et le fait que nos patients subissent une double peine : car 1. on pense que ce ne sont pas de vrais malades - une personne qui boit trop n’est pas pensée comme telle - et 2. on pense que c’est une maladie incurable. Les travaux neurobiologiques tels que vous les citez prouve 1. que c’est une vraie maladie et 2. qu’elle se soigne. On soigne les dépendances sans dépendance à la technique. Il s’agit d’un travail de long terme, un vrai combat. Mais pas uniquement une question de molécule. 

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