100% des femmes victimes de harcèlement sexiste : pourquoi l’excès dans le constat dessert gravement la cause de celles qui en sont vraiment victimes<!-- --> | Atlantico.fr
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Le harcèlement sexiste est une trop notion étendue.
Le harcèlement sexiste est une trop notion étendue.
©Reuters

Pas assez précis

Selon une étude réalisée par le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), 100% des femmes qui utilisent les transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle.

Catherine Perelmutter

Catherine Perelmutter

Catherine Perelmutter est avocate au barreau de Paris et est spécialisée en droit de la famille, des personnes et de leur patrimoine.

Son site personnel : avocat-perelmutter.com

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Atlantico : Selon le rapport (voir ici), "le harcèlement sexiste peut prendre des formes diverses comme par exemple des sifflements ou des commentaires sur le physique, non punis par la loi, ou des injures, punies par la loi." Quel est le risque à présenter un spectre si large et à ne pas établir de hiérarchie des différentes formes de harcèlement au sein de l'étude ?

Catherine Perelmutter : Le Haut conseil le définit comme des propos ou des comportements liés au sexe qui créé une situation "intimidante, humiliante, dégradante ou offensante portant atteinte à la dignité de la personne".

Effectivement, le harcèlement sexiste est une notion étendue, et cette pluralité de comportements visés pourrait d'une part compliquer l'identification de ce harcèlement car certains comportements sont déjà réprimés par la loi et d'autres ne recoupent pas une notion juridique circonscrite.

Ainsi, certains faits sont punis par la loi comme les injures, l'exhibitionnisme. De même, les mains aux fesses ou les "frottements" sont des agressions sexuelles. D'autres ne le sont pas puisque jamais une personne n'a été poursuivie en justice pour des sifflements ou des commentaires douteux.

Le risque de mettre tous ces comportements dans la même catégorie serait une confusion entretenue par les auteurs des infractions les plus graveset donc une banalisation des agressions sexuelles et viols qui le sont déjà parfois dans certaines circonstances.

Peut-on mettre sur le même plan des invitations insistantes et des gestes à connotation sexuelle ?

Mais il n'est pas dans l'intérêt des victimes de mettre tous ces comportements sexistes réels sur le même plan car ils doivent être appréhendés de manière différente puisque le législateur ne leur réserve pas le même sort. Après toutes ces campagnes d'information sont importantes mais surtout il s'agit également d'un problème d'éducation au respect de l'autre et notamment de la femme.

De nos jours, dans le monde entier, les extrémistes augmentent et bafouent les droits de la femme jusqu'à dans nos sociétés occidentales. De ce fait, la question des droits de la femme et de son émancipation est toujours d'actualité. Après il est intéressant de noter que tous les milieux peuvent être concernés.

Est assimilé au harcèlement sexuel le fait d'user (même de façon non répétée) de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle. La définition du harcèlement n'est-elle pas liée à la répétition ?

C'est la définition, qui a été adoptée à l'article 222-33 du code pénal ( loi N°2012-954 du 6 août 2012). Effectivement dans la définition classique et non juridique du harcèlement, la répétition d'un enchaînement d'agissements hostiles est caractéristique du harcèlement puisque d'après cette définition, c'est la répétition qui affaiblit psychologiquement l'individu qui en est la victime.

Après le législateur a, sans doute, légitimement eu l'intention d'appréhender certains comportements graves qui avaient pour but d'obtenir un acte de nature sexuelle.

100% des femmes ont été harcelées dans les transports selon ce rapport . Que vous inspire ce chiffre ?

En France, selon une étude de l'Insee sur les violences faites aux femmes datant de 2000, 13,2% des femmes de 20 à 59 ans disaient avoir été victimes d'insultes et de menaces verbales dans l'espace public dans l'année précédent l'étude.

Effectivement, quand on arrive à un tel chiffre de 100 pour cent, on peut s'interroger sur la méthodologie adoptée pour obtenir ce pourcentage. Ce chiffre inspire un manque d'objectivité alors que sans doute, ces situations de harcèlement sexiste ont été surement banalisées, sous-estimées et invisibles, mais ce nombre inspire le doute sur l'authenticité du résultat. Le problème est qu'aucune étude n'a été menée à l'échelle nationale pour cerner l'ampleur du problème. Le Haut conseil se fonde sur un échantillon, qui n'est pas complet : des "consultations citoyennes" auprès de six cent femmes de Seine-Saint-Denis et d'Essonne. Pour parer à ce manque de fiabilité, il annonce que le lancement d'un diagnostic de ces violences "invisibles" sera effectué par l'Observatoire national de la délinquance dans les transports dans le courant de l'année.

Des minorités font aussi l'objet de harcèlements. D'après une étude américaine menée auprès d'un panel de 2000 personnes, 65% des femmes auraient été harcelées au cours de leur vie. Mais 25% des hommes auraient également subi le harcèlement de rue, principalement des homosexuels.

Le harcèlement des femmes consisterait le plus souvent en commentaires sexuels, tandis que les homosexuels ou les transexuels se voient reprocher de ne pas avoir une attitude suffisamment masculine, en se donnant la main ou en portant portant des vêtements trop voyants.

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