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"Valentine ou la passion du théâtre" : le charme et la singularité au rendez-vous
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Pour l’amour du théâtre

Jean-Pierre Hané pour Culture-Tops

Jean-Pierre Hané pour Culture-Tops

Jean-Pierre Hané est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

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THÈME

• 1966 : au théâtre de l’Atelier , le jeune comédien Philippe est ébloui par la représentation de L’Idiot de Dostoievski mis en scène par André Barsacq dans une distribution prestigieuse, qui lui fait découvrir Valentine Tessier, un coup de cœur qu’il n’oubliera pas. 

• En mars 2020 il tombe par hasard sur sa dernière interview donnée à la télévision, et cela le frappe au cœur. Qui se souvient de cette comédienne magnifique, de cette pionnière aux côtés de grand noms comme Charles Dullin, Louis Jouvet, Jacques Copeau qui fondèrent le théâtre moderne ? Et pourtant, Valentine est un visage familier de la télévision et du cinéma des années 1950. 

• Alors, Philippe décide de prendre un moment la place de Valentine et d’égrener ses souvenirs qui s’évadaient d’elle en 1973 à l’âge de 86 ans et c’est toute la passion du théâtre qui nous touche dans un moment de grâce.

POINTS FORTS

• C’est tout sauf, un seul en scène. C’est plutôt une rencontre incarnée, une petite histoire du théâtre dans l’épopée d’une jeune fille au siècle siècle naissant à la modernité dans l’art.

• La très grande simplicité et l’économie de moyens de ce spectacle en font son charme et sa singularité. 

• Philippe Catoire, merveilleux interprète, nous fait revivre le parcours incroyable de cette comédienne, et redessine à l’encre de ses mémoires, de son humour et de sa finesse tout un pan de notre histoire théâtrale. Incarnant tour à tour Valentine, Jouvet, Copeau, Dullin, le voyage de la mémoire et de l’évocation tendre se fait dans la douceur ouatée d’un fauteuil confortable avec pour tout costume... un châle. Les inflexions de sa voix tour à tour délicate, rocailleuse, fluide, profonde donnent une vie singulière à toutes ces présences invisibles qui flottent aux cintres de nos théâtres. • C’est un magnifique hommage et une délicieuse rencontre pour ceux qui ne l’auraient pas connue. Un parcours singulier, pittoresque qui ravira toute génération confondue par le destin de cette comédienne libre.

QUELQUES RÉSERVES

Nous ravir et nous émouvoir, mais est-ce un point faible ?

ENCORE UN MOT...

• On pourrait se poser la question du pourquoi de ce spectacle et de l’intérêt d’exhumer ce portrait de femme, de comédienne, dont le souvenir s’efface peu à peu dans notre histoire folle qui continue inexorablement d’avancer. 

• Parce que que l’art du théâtre est éphémère, il est le lieu de l’instant du « vrai comme si c’était vrai ». Il y a bien sur les vedettes que le cinéma ou la télévision font revivre, mais les noms ne franchissent parfois que deux générations, puis s’estompent. Nous avons tous en mémoire des comédiens qui nous ont touchés, émus, fascinés et dont parfois nous ne savons plus les noms, mais que nous reconnaissons comme familiers à nos émotions. 

• Valentine Tessier pour une certaine génération l’était, qui créa des auteurs aujourd’hui étudiés par nos jeunes lycéens – Jean Giraudoux notamment dont elle fut une des introductrices. Un ouvrage fut consacré il y a plusieurs années à ceux qu’on nommait Les excentriques du cinéma français, ceux qu’on reconnait dans les films ou le séries, mais dont on ignore ou on oublie jusqu’au nom. C’est le lot du comédien de théâtre d’être les vecteurs du présent et de l’émotion et de s’effacer dès que le rideau tombe.

• Alors, quand un comédien rend hommage à un autre, c’est tout à coup le respect, l’hommage et l’admiration d’un compagnon à un autre de sa profession. C’est l’agréable douceur du souvenir qui remonte à ma surface pour certains et la surprise de la découverte chez d’autres. Flottent ainsi des noms qui resurgiront dans doute un jour. Aujourd’hui, c’est la délicieuse Valentine Tessier qui fut l’interprète de cette Eglantine  délicieusement filmée par Jean-Claude Brialy, que Philippe Catoire nous offre en cadeau. Merci à lui.

UNE PHRASE

Philippe Catoire : « J’ai retranscrit et appris ce texte, j’ai réellement vécu une rencontre avec cette femme. J’ai eu l’impression de parler à travers elle. La question du personnage ne se posait plus. J’ai ressenti une évidence, la nécessité de transmettre son témoignage. Je me suis dit il faut faire entendre cette voix. (…)

Et voilà ! Il me suffit maintenant de trouver un fauteuil confortable , de me parer d’une belle écharpe et de vous parler. »

L'AUTEUR

• Difficile de résumer la carrière de ce comédien-caméléon à la voix chaude et profonde qui depuis 1966 est présent sur de nombreuses scènes de théâtre, jouant tous les répertoires sous la direction de metteurs en scène aussi divers et prestigieux que Jacques Échantillon, Jean-Paul Roussillon, Jean-Laurent Cochet, Jorge Lavelli ou Jean-Luc Boutté. 

• Tous les théâtres parisiens ont résonné au son de sa voix qui est connue aussi du public adepte des films et séries post-synchronisés en français. Aussi à l’aise en tragédie – il fut un merveilleux Burrhus dans le Britannicus de Racine, qu’en comédie classique – un fantastique Philinte du Misanthrope au Lucernaire, il aborde Beckett, Sarraute avec autant d’aisance. C’est la première fois qu’il est seul en scène. Et avec quel succès !

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