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"Les Bourgeois de Calais" de Michel Bernard : La création d’un chef-d'œuvre de Rodin. Un roman historique captivant
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Michel Bernard a publié "Les Bourgeois de Calais" aux éditions de La Table Ronde.

Anne Jouffroy pour Culture-Tops

Anne Jouffroy pour Culture-Tops

Anne Jouffroy est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

En 1884, Omer Dewavrin (1837-1904), notaire et maire de Calais, confie à un certain Auguste Rodin – un sculpteur peu connu dont le nom lui avait été soufflé par un peintre calaisien - la réalisation d'un monument en hommage à six figures légendaires de la guerre de Cent Ans : « Les Bourgeois de Calais », dont l'histoire a été racontée par le chroniqueur Jean Froissart (1337-1410).

En septembre 1346, les Anglais avaient assiégé Calais qui, à bout de ressources et sans espoir de secours, dut capituler en août 1347. Le roi Edouard III promit alors d'épargner les habitants et leurs biens à condition que les clés de la ville lui soient livrées par une délégation de bourgeois en chemise, pieds nus et la corde au cou, prêts à être menés à la mort. La reine d'Angleterre intercéda en leur faveur et ils échappèrent à la pendaison. 

De ces six bourgeois du Moyen Âge se livrant à l'ennemi pour sauver leurs concitoyens, l'histoire locale a fait des héros. Et Omer Dewavrin souhaite les honorer à l'occasion du centenaire de la Révolution. Il prend rendez-vous avec Rodin à Paris. Dès leur première rencontre, le courant passe et Rodin propose rapidement une première maquette qui est acceptée par le conseil municipal. Mais Rodin modifie son projet, la seconde maquette est refusée par les édiles, puis Omer Dewavrin perd la mairie. Le dossier se complique, les délais dérapent et l'objectif de 1889 s'évapore. 

De nouveau maire, Dewavrin, soutenu par sa femme et convaincu du génie de Rodin devenu au fil du temps son ami, met toute son énergie à affronter et triompher de difficultés de tous ordres pour maintenir la commande de la sculpture qui sera, enfin, inaugurée en 1895 : « Le monument restait, après sa famille, la grande affaire de sa vie. »

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Certes, Omer Dewavrin et sa femme Léontine sont les héros inattendus de cette histoire mais, avant tout, Rodin, sa personnalité et sa fièvre créatrice font de ce roman une réflexion sur l'art.

POINTS FORTS

  • L'écriture sobre et la prose imagée qui évoque des scènes de la fin du XIX° siècle (gargotes parisiennes et grands restaurants, ateliers de Rodin peuplés de grands plâtres et de modèles, voyages en train Paris-Calais,...).
  • Les quelques lettres et télégrammes entre Rodin et Omer et Léontine Dewavrin à la fin du livre.
  • La multitude de personnages qui se croisent au long des pages dont Balzac, Monet, Emile Zola, Camille Claudel, Octave Mirbeau, Rainer Maria Rilke.
  • Les descriptions de quelques œuvres de Rodin, L'Appel aux armes,La Porte de l'enferL'Âge d'airainBalzac et, évidemment, Les Bourgeois de Calais.

QUELQUES RÉSERVES

Pas de réserves.

ENCORE UN MOT...

Tout en respectant les éléments historiques, Michel Bernard a su, avec une infinie sensibilité, donner de la vie à ses personnages, à leurs sentiments, à leurs pensées et à leurs rêves. Et on le sent totalement fasciné par l'œuvre elle-même, par la force dramatique qui se dégage des Bourgeois de Calais de Rodin. Impossible dorénavant de voir cette œuvre sans penser au livre de Michel Bernard ! 

UNE PHRASE

« Parfois, il se demandait s'il était bien l'artiste qui avait sculpté ces six figures. Il n'aurait pas su les refaire, il ne savait plus comment il les avait faites. L'avait-il jamais su ? Son œuvre lui échappait. Ce que ses amis appelaient son génie n'était qu'une énigme dont il cherchait lui-même les contours, à tâtons. Il regardait ses mains, ses doigts, comme un prolongement mystérieux de son esprit. Cet assemblage de petits os et de cartilages sous le fin réseau des muscles et des nerfs, sous la peau épaissie par l'âge, polie par le travail, savait toujours ce qui était bien, ce qui serait beau, émouvant, et trouvait le moyen de le représenter. Ses mains travaillaient, habiles et précises. Elles avaient la foi. » (p.153)

L'AUTEUR

L'écrivain Michel Bernard, né en 1958, a fait une carrière dans le corps préfectoral. Il est l'auteur, entre autres, de La Maison du docteur Laheurte (2009), Le Corps de la France (2010), Les Forêts de Ravel (2015, Prix du festival Livres et Musique de Deauville), Deux remords de Claude Monet (2016), Le Bon Coeur (2018, Prix France Télévision) et Le Bon Sens (2020, Prix Alexandre Vialatte), tous publiés aux Editions de La Table Ronde. Et Hiver 1814, Campagne de France, Perrin, 2019 qui est également un superbe récit.

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