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#100 jours : Emmanuel Macron déjà dos au mur avant même d’affronter l’épreuve de la loi travail
©TIZIANA FABI / AFP

On fait le point

Un sondage Ifop pour Le Figaro revient sur la chute de la cote de popularité d'Emmanuel Macron. Une dégringolade après seulement 100 jours d'exercice du pouvoir encore plus forte que celle vécue par François Hollande en son temps. Et elle n'est peut-être pas terminée...

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Après  100 jours passés à l'Elysée, seuls 36% des Français sont satisfaits de l'action d'Emmanuel Macron (sondage IFOP pour le Figaro), traduisant une lourde chute depuis son arrivée au pouvoir. Selon ce même sondage, le mécontentement des Français semble se cristalliser sur les questions sociales : baisse des APL, hausse de la CSG, projet de loi travail. Ces questions sont elles effectivement la principale cause de rupture entre les Français Et Emmanuel Macron ? Dès lors, comment anticiper le projet de loi travail qui sera présenté le 31 août prochain ? 

Jérôme Fourquet : Effectivement quand on analyse dans le détail les résultats de ce sondage Ifop pour Le Figaro on constate d'une part que l'appréciation du bilan est plus négative que celui que les Français établissaient concernant Fançois Hollande à la même période et deuxièmement que les dimensions sur lesquels l'insatisfaction était la plus importante était concentrées sur les questions économiques et sociales (CSG, APL…) .

On constate également qu'un certain nombre d'annonces sont jugées négativement alors même que ces mesures ne dépendent pas ou ne se rattachent pas aux questions économiques et sociales comme la sortie de l'état d'urgence annoncée en novembre prochain. Le mécontentement est sans doutes lié à un décalage ressenti entre la tonalité de la campagne et la mise en œuvre de la politique concrète une fois élue du président Macron avec en point d'orgue le discours de politique général d'Edouard Philippe avec les reports des mesures "positives" comme la taxe d'habitation couplé des coupes budgétaires et efforts sociaux programmés dès le début du quinquennat.

Ce décalage peut expliquer en parti le décrochage sur les questions économiques et sociales. Ensuite la question de l'état d'urgence est une question intéressante, on voit dans notre enquête qu'il y a peut-être une première traduction  des difficultés concrètes de la mise en place d'une pol du "en meme temps" cad prendre un certain nombre de mesures issues de la tradition de gauche et en meme temps suivre des fils traducteurs issus de la droite. Cela donne un double mécontentement pour des raisons opposées qu'il sera possible de retrouver tout le long du quinquennat.

Si l'on en revient aux orientations économiques et sociales on a assurément un rendez-vous majeur dans quelques jours lorsque le contenu de la réforme du Code du travail sera donné. Sur ce point le contexte est important. Premièrement les précédents quinquennats ont montré que c'était en début de mandat que se figeait le cadre général de perception de l'action d'un nouveau président.

Ce qui se joue aujourd'hui est décisif car cela va teinter la suite du quinquennat. Le cadre général interprétatif va être posé. Une fois qu'on a cela en tête on comprend que le choix qui va être celui de Macron sur l'orientation des ordonnances va être décisif. Il y a deux options qui s'ouvrent, soit on est sur une logique assez maximaliste de réforme en profondeur assez ambitieuse et énergique qui s'inscrit en rupture avec nos traditions (ce qui serait cohérent avec le souhait de ne pas reproduire les erreurs de Hollande) quitte à se fâcher avec les syndicats. La deuxième option consiste à penser que compte tenu des indicateurs sondagiers qui montrent l'érosion de la cote de popularité de Macron, il est urgent de ne pas jeter d'huile sur le feu et s'en tenir à une réforme relativement consensuelle, relativement modeste.

En fonction du choix, il y aura une réaction des oppositions et des organisations syndicales qui sera plus ou moins fort et des mouvements sociaux à la rentrée de même nature.

Quelles sont les leçons à tirer de la loi El Khomri pour le nouvel exécutif ? Quel a été le coût, en termes de popularité, pour François Hollande du passage de cette loi ? 

Le schéma est relativement différent pour deux raisons. D'une part la loi El Khomri intervient très tardivement en fin de quinquennat pour Hollande alors même qu'il est déjà plombé en termes de popularité et deuxièmement car elle s'inscrit en décalage assez manifeste avec le programme de Hollande pendant la présidentielle. Ce qui a été reproché c'était la forme de trahison d'un exécutif qui outrepassait sa feuille de route. C'est tout différent pour Macron, il attaque ces réformes dès le début du quinquennat et il avait indiqué un certain nombre d'orientations sur ce dossier durant sa campagne, il n'y a pas donc d'effet de surprise ou de trahison.

En termes d'appartenance partisan et de sociologie des électeurs, quelles sont les catégories de Français les plus favorables à Emmanuel Macron ? Comment anticiper de ce que pourrait être le socle du macronisme ? Dès lors, quels seraient les gages que pourrait donner Emmanuel Macron à cet électorat pour le consolider ? 

L'électorat aujourd'hui le plus actif est celui de CSP+ qui voit d'un relativement bon œil la réforme du marché du travail car il estime qu'il en est protégé et qui adhère au discours de libéralisation de la société française. On le voit dans les enquêtes, il a perdu pour l'instant une partie du soutien des retraités de droite avec l'annonce de la hausse de la CSG. Ce qui n'est pas forcément irrémédiable. On a vu pendant la campagne qu'un vote Macon était un vote de classe, moins présent chez les catégories populaires qui sont-elles même les catégories qui basculent le plus facilement dans les oppositions.

Il y a un mécontentement record notamment de la part des catégories ouvrières concernant les APL et sur un autre sujet qui n'a pas été trop abordé, la hausse du prix du paquet de cigarettes à 10 euros.

Sur un certain nombre de sujets, ces catégories très sensibles aux questions de pouvoir d'achat et de protection économique n'étaient de base pas enclines à se tourner vers Emmanuel Macron mais là elles s'en détournent encore davantage.

Maintenant il ne faut pas consolider la base mais l'élargir.  Soit il fait un mouvement vers les retraités, ce qui ne sera pas facile ou alors du côté des classes moyennes et du "monde du travail". Il faudra faire preuve de pédagogie lors du détail des ordonnances pour réformer le marché du travail, montrer que ces mesures sont équilibrées et ne répondent pas uniquement aux feuilles de route des investisseurs internationaux ou du Medef et que l'on a à cœur de renforcer les droits des salariés.

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